Une situation catastrophique pour ces ménages qui doivent vivre privés de moyen de s'éclairer, de se chauffer et de cuisiner.
"Un tombeau", voilà comment une Villeurbannaise décrit son appartement, depuis que le gaz et l'électricité ont été coupés. Au RMI, cette femme vit seule avec sa fille de 8 ans dans un appartement "inchauffable". Faute de pouvoir payer ses différentes factures, EDF et GDF ont coupé. Cette personne fait partie des 175 ménages aidés par les militants de Droit à l'énergie/69 (lire encadré) pour leur permettre de retrouver les moyens de se chauffer, de cuisiner ou simplement de s'éclairer autrement qu'à la bougie. Créée en mai 2006, cette association tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme à l'occasion de la publication d'un rapport. Puisque les directions d'EDF et de GDF refusent de communiquer leurs statistiques relatives à ces coupures, cette étude est une véritable mine d'information.
Situation alarmante
Selon différentes sources, ils seraient entre 17 000 et 20 000* dans le Grand Lyon à vivre l'expérience de la coupure. Premier constat : le montant de l'impayé moyen est de 792 euros pour un revenu moyen de 774 euros. "Ce n'est donc pas par négligence que ces ménages ne payent pas leurs factures mais faute de revenus", précise Alan Loffreda, le président de l'association. Second constat : la durée moyenne de ces coupures est de 2 mois, avec un record à 18 mois. Dans un cas sur deux, des enfants sont présents. Conclusion : ces coupures aggravent la précarité que connaissent déjà les ménages.
Chez EDF comme chez GDF, on se refuse à commenter ce rapport. Par contre, le directeur régional d'EDF, Jean-Luc Brison, précise avec force détails la politique sociale de l'entreprise : "On fait tout pour éviter les coupures. Dès qu'il y a une difficulté, nous prévenons nos clients pour qu'ils se manifestent auprès des services sociaux, que nous avertissons par ailleurs". Mais les personnes en question ne sont pas forcément au courant de ces dispositifs, soulignent l'association. Et quand elles le sont, ces dispositifs ne sont pas toujours opérationnels.
Manque de moyens
Théoriquement tout ménage en difficulté respectant un certain nombre de critères de ressources peut avoir, par exemple, accès au Fonds de Solidarité Energie (FSE) qui permet d'apurer, pour partie, les dettes. Le Conseil Général du Rhône, compétent sur les questions sociales, est en charge du dossier. En pratique, ce fonds ne fonctionne pas toute l'année, faute d'un budget suffisant. En 2006/2007, le FSE représentait 630 000 euros, dont 90 000 euros versés par le Conseil Général, le reste étant abondé par EDF et GDF. 3646 ménages ont pu être aidés jusqu'à fin juin 2007, alors qu'environ 20 000 ménages font l'objet d'une coupure chaque année. Et jusqu'en septembre 2007, il n'y avait plus d'argent. La directrice du service logement du Conseil Général, Christine Perrin-Niquet, reconnaît que le fonds n'est pas suffisant pour faire face au besoin. Malgré tout, elle insiste : "On connaît les familles en difficulté. Peu passent entre les mailles du filet". Une façon de considérer la situation que conteste évidemment l'association Droit à l'Energie : "On a aidé des familles avec enfants qui, faute d'argent dans le FSE, n'ont pu être aidées par le Conseil Général pour payer leur dette", précise le président Alan Loffreda. Et de conclure : "Si la situation est si parfaite, pourquoi le Conseil Général, EDF et GDF ne fournissent pas le nombre de coupures, leur durée moyenne et le nombre de personnes qui font des demandes d'aide ?"
*En septembre 2006, dans Le Progrès, la direction d'EDF Lyon Métropole parlait de 17 000 coupures. Contactée par Lyon Capitale, EDF se dit en "incapacité" de fournir ou de confirmer un chiffre. La CGT-EDF parle, elle, de 20 000 coupures.
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