Elle revient, la taxe à 75 % sur les revenus salariaux supérieurs à un million d’euros. En piteux état, mais elle revient.
Elle ne sert à rien financièrement, car son rendement sera médiocre. Pis encore, elle entraînera vraisemblablement de nouvelles délocalisations. Mais surtout, ce qu’on en sait défie l’entendement et bafoue deux principes pourtant essentiels.
En premier lieu, le principe de justice : l’impôt ne sera pas acquitté par le contribuable bénéficiaire de ces très hauts revenus. Dénommé “taxe” pour les besoins de la cause, l’impôt sera réglé par l’entreprise ; c’est donc elle qui est sanctionnée, mais aussi par voie de conséquence ses salariés, ses créanciers, ses partenaires et en définitive tous les contribuables puisque la taxe réduira les bénéfices de l’entreprise et par voie de conséquence les impôts qu’elle aura à régler.
En second lieu, le fondement même de la révolution française : l’égalité des droits – particulièrement l’égalité des citoyens devant l’impôt – sera bafouée puisque la taxe ne s’appliquera qu’aux salariés “très supérieurs”. Les commerçants individuels, les membres des professions libérales, les artistes, les possesseurs de patrimoines importants et rémunérateurs ne seront pas concernés dans la mesure où ils n’ont pas la qualité de salarié. Il semblerait même que les footballeurs pourraient bénéficier d’une dérogation spécifique afin d’éviter leur envol vers des cieux plus cléments.
Au cours d’un de ses déplacements cet été, François Hollande a été interpellé par un spectateur : “Monsieur le Président, taxez les riches et nous serons tous heureux en France.” Illusions, symboles, nous méritons peut-être mieux !