Petite Mu handicap emploi entreprise lyon
Alice Devès est fondatrice du média numérique Petite Mu.

"80% des handicaps sont invisibles" alerte Alice Devès (Petite Mu)

Alice Devès est fondatrice du média numérique Petite Mu, qui traite la question du handicap au travail. Elle était connectée au plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" pour présenter ses actions de sensibilisation à l'occasion de la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées qui se tient du 20 au 26 novembre.

Alice Devès débute en donnant les chiffres du handicap invisible : "Aujourd'hui il y a 12 millions de personnes en France qui sont en situation de handicap et 9 millions de handicaps invisibles donc c'est 80% des handicaps qui sont invisibles et pourtant on en parle très peu. Par handicap invisible j'entends les maladies chroniques par exemple avec les maladies auto-immunes, le cancer, l'endométriose, Parkinson etc. Il y a les maladies neuro-développement donc ça va être par exemple les troubles dys, les troubles de l'apprentissage, le TDAH, les troubles du spectre autistique. On va avoir tous les troubles psychologiques et psychiatriques avec la dépression, l'anxiété, la bipolarité, la schizophrénie etc. Et puis enfin les troubles visuels et auditifs partiels également."

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Elle explique aussi les raisons qui l'ont poussée à s'investir sur cette thématique : "Alors l'histoire de Petite Mu commence il y a deux ans, lorsqu'on m'a diagnostiqué une sclérose en plaques. Les premiers mois n'ont pas été si difficiles pour moi parce que j'étais vraiment dans une phase de déni au début. Et en fait, très rapidement, on se rend compte de l'impact du handicap dans sa vie personnelle et professionnelle. Etant donné que mon handicap ne se voit pas, c'était hyper compliqué de le faire comprendre. Et donc, là, je me suis dit qu'il doit exister des médias qui en parlent, des gens qui témoignent sur ce sujet, il doit exister plein de choses... J'ai cherché, et je n'ai rien trouvé. Et c'est à ce moment-là que je me suis dit : pourquoi ne pas créer ce média que j'aurais voulu avoir ? J'ai contacté Anaelle, qui était une amie d'amie, qui a des troubles psy depuis qu'elle est jeune et qui a toujours voulu faire de la BD sur ce qui se passe dans sa tête. Et donc on s'est dit : c'est parti, on crée ce média-là qui est parti d'un compte Instagram où il y a des interviews, des podcasts et de la bande dessinée. Et on l'a créé pour donner la parole à ceux qu'on n'entend jamais et ceux qu'on ne croit pas."

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Plus de détails dans la vidéo...


La retranscription intégrale de l'émission avec Alice Devès :

Bonjour à tous, bienvenue dans votre émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui on va parler du handicap et du handicap au travail à l'occasion de la semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées qui se tient du 20 au 26 novembre. Et on va aussi en parler à travers le prisme d’un nouveau média numérique sur cette thématique, il s'agit de Petite Mu qui a été fondé par Alice Devès et Anaelle Marzelière. Pour en parler nous recevons Alice Devès qui est connectée avec nous. Merci d'être connectée avec nous, on va rentrer dans le vif du sujet. Sur le handicap, quand on pense handicap on pense trop souvent au handicap moteur mais a priori ce n'est qu'une minorité. Est-ce que vous pouvez nous parler du handicap invisible ? Est-ce que ça concerne beaucoup de monde ? 

Oui bien sûr, pour définir le handicap invisible c'est tout handicap qui ne se voit pas. Aujourd'hui il y a 12 millions de personnes en France qui sont en situation de handicap et 9 millions de handicaps invisibles donc c'est 80% des handicaps qui sont invisibles et pourtant on en parle très peu. Par handicap invisible j'entends les maladies chroniques par exemple avec les maladies auto-immunes, le cancer, l'endométriose, Parkinson etc. Il y a les maladies neuro-développement donc ça va être par exemple les troubles dys, les troubles de l'apprentissage, le TDAH, les troubles du spectre autistique. On va avoir tous les troubles psychologiques et psychiatriques avec la dépression, l'anxiété, la bipolarité, la schizophrénie etc. Et puis enfin les troubles visuels et auditifs partiels également. 

D'accord, donc effectivement c'est beaucoup d'un spectre large qu'on ne perçoit pas forcément et qui n'est pas visible en tout cas. On peut peut-être parler de votre média, pourquoi avoir créé ce média sur Instagram d'abord et sur cette thématique ? Quelle est l'histoire un peu de Petite Mu ? 

Alors l'histoire de Petite Mu commence il y a deux ans, un peu tout pile même. Il y a deux ans en fait on m'a diagnostiqué une sclérose en plaques. Les premiers mois n'ont pas été si difficiles pour moi parce que j'étais vraiment dans une phase un peu de déni au début. Et en fait très rapidement on se rend compte de l'impact du handicap dans sa vie personnelle et professionnelle. Etant donné que mon handicap ne se voit pas, c'est hyper compliqué de le faire comprendre. Et donc là je me suis dit il doit exister des médias qui en parlent, il doit exister de gens qui témoignent sur ce sujet, il doit exister plein de choses, j'ai cherché, je n'ai rien trouvé. Et c'est à ce moment-là que je me suis dit pourquoi pas créer ce média que j'aurais voulu avoir, même quand on apprend une maladie, d'avoir des jeunes qui parlent, de pouvoir aussi trouver des solutions pour que nos quotidiens s'améliorent. Et j'ai contacté Anaelle qui était une amie d'amie qui a des troubles psy depuis qu'elle est jeune et qui a toujours voulu faire de la BD sur ce qui se passe dans sa tête. Et donc on s'est dit c'est parti, on crée ce média-là qui est parti d'un compte Instagram où il y a des interviews, des podcasts et de la bande dessinée. Et on l'a créé pour donner la parole en fait à ceux qu'on n'entend jamais et ceux qu'on ne croit pas. 

D'accord et aujourd'hui vous avez près de 15 000 followers je crois. Vous attendiez-vous à un tel succès ? 

Alors pas du tout honnêtement. En fait c'est parti d'un compte Instagram donc nous on s'est dit on le fait et puis on verra bien. Au final ça a bien marché, on est une communauté effectivement de plus de 15 000 personnes, on s'est dit que l'on ne va pas s'arrêter à un média, on va aller plus loin. Et là on a créé une agence pour sensibiliser aussi les entreprises. C'est-à-dire que nous on essaie d'avoir une nouvelle vision du handicap en se disant : “ok c'est pas une faiblesse. C'est compliqué au quotidien mais il existe plein de solutions et c'est juste l'environnement qui n'est pas adapté à nous mais si on l'adapte on serait beaucoup moins en situation de handicap”. Et là vu que ça a pris très rapidement, on a quitté nos deux boulots et on s'est lancé à 100% dans ce média-là. Et on ne regrette absolument pas parce qu'on essaye de faire bouger les lignes en tout cas. 

Une action qui a du sens, on le croit aussi à Lyon Capitale, justement vous faites de la sensibilisation auprès des entreprises. Moi j'ai une question peut-être un peu naïve mais est-ce que c'est une problématique qui est connue des employeurs des entreprises ou est-ce que vraiment il y a un besoin finalement de faire connaître cette problématique du handicap au travail dans une entreprise ? 

Oui bien sûr en fait aujourd'hui les entreprises dans tous les cas ont une obligation de recruter plus de 6% de personnes en situation de handicap du moment qu'on a plus de 20 salariés. Ces quotas ne sont pas du tout respectés. Du coup les entreprises essayent de respecter les quotas parce que sinon ils payent des taxes et en fait ils se rendent compte qu'il y a beaucoup de gens qui sont en situation de handicap dans l'entreprise mais qu'ils ne le déclarent pas. On ne le déclare pas parce qu'on a peur d'être discriminé, parce que vu qu'ils ne se voient pas on peut le cacher et on a peur des jugements aussi des personnes, de ses collègues, de son entourage. Donc ça c'est vraiment les premiers freins en fait et donc on intervient parce qu'on se dit mais en fait aujourd'hui il y a 11% de la population en emploi qui sont en situation de handicap et il y en a beaucoup moins de 6% qui le déclarent. Donc l'objectif c'est vraiment que les personnes puissent le déclarer et se sentent en confiance de le faire. De recréer la communication entre les entreprises et les personnes en situation de handicap parce que pendant des années ça n'a pas été conçu et l'objectif c'est vraiment de pouvoir en parler. 

Et justement vous lorsque vous entrez dans une entreprise ça arrive régulièrement qu'il y ait des salariés qui révèlent à leurs collègues ou vont vous voir et vous dire : “effectivement moi je suis concerné mais personne ne le sait vraiment”. Ça arrive vraiment ?

Ça arrive nous à chaque fois qu'on fait une conférence ou là on fait des expositions, des planches de BD par exemple, il y a toujours des personnes qui nous viennent à la fin et qui disent “ah ouais ok c'est vrai que j'en ai jamais parlé mais vu comme ça, vu que c'est pas une faiblesse et de la façon dont vous avez le côté positif du handicap de le voir positivement, ok bah on va en parler”.Ca nous arrive tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et c'est ce qu'on explique dans nos collègues, il y a forcément des gens qui sont en situation de handicap invisible, on n'en parle pas, déjà juste on prend l'endométriose, c'est presque une femme sur 7. Donc en fait on est tous confrontés, à un moment, au handicap, donc voilà. 

Merci beaucoup Alice Devès, c'est déjà la fin des 6 minutes chrono, c'est toujours trop court. Merci d'avoir été connecté avec nous. Quant à vous, je vous remercie d'avoir suivi cette édition. Vous pouvez retrouver plus de détails sur le site lyoncapitale.fr et puis surtout aller sur la page Instagram Petite Mu pour en apprendre plus. C'est peut-être l'occasion cette semaine d'aller découvrir cette problématique, ce qui concerne finalement tout le monde. Merci encore Alice Devès et merci à tous d'avoir suivi cette édition. A très bientôt.  

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