Peut-on apprendre à être parent ? C’est en filigrane la question que pose Parents sous contrat, un documentaire tourné à Lyon. La réalisatrice, Sylvie Perrin, a filmé le quotidien d’un service pilote en France, le Saef, qui évite le placement en foyer ou en famille d’accueil d’enfants difficiles. Avant-première ce jeudi à l’UGC Confluence.
Les premières images sont douloureuses. Dans la cuisine de Suzanne, Hervé, un éducateur du Saef, vient essayer de comprendre pourquoi Mélodie, 16 ans, en rupture scolaire, découche un jour sur deux. Les échanges sont tendus, la communication est coupée depuis un moment entre la jeune fille et ses parents.
Dépasser la honte
À Lyon, 18 enfants sont suivis par le service d’accompagnement éducatif en famille (Saef) de Caluire, un site pilote en France, créé il y a cinq ans afin d’offrir une alternative au placement en foyer ou en famille d’accueil. Le principe du centre : on ne sépare pas la famille. Sous le coup d’une décision de justice, l’enfant est suivi quotidiennement chez lui par un éducateur et un psychologue, pendant six mois (renouvelables).
Une maman désemparée évoque sa situation avec d’autres mères confrontées aux mêmes problèmes : “Se dire que vos enfants vont peut-être être placés, c’est synonyme de honte. On se dit qu’on n’a pas su bien faire. Alors que d’autres ont réussi. Il faut essayer de dépasser cette honte pour se faire aider. Les gens se disent : ce n’étaient certainement pas de bons parents. Mais, être de bons parents, c’est quoi ?” C’est un peu la question que pose ce documentaire. Peut-on apprendre à être parent ?
Ça n’arrive pas que dans les banlieues
Hélène, maman d’un adolescent de 17 ans, est accompagnée depuis deux ans et demi : “Je n’aurais jamais pensé que ça puisse m’arriver. On pense que ça n’arrive que dans les banlieues. Je travaille, je pense lui avoir transmis une éducation, une culture. Mais mon fils a eu des problèmes avec le cannabis, de gros pétages de plombs. Je n’avais plus de pouvoir sur lui, et la trouille par rapport à ce qui pouvait lui arriver.”
Chef de service du Saef, Mireille Vion observe que ces difficultés sont désormais visibles dans tous les milieux sociaux : “On voit maintenant beaucoup de cadres qui élèvent leurs enfants seuls, avec un travail très prenant. Des enfants, qui étaient jusqu’à 12/13 ans des enfants “merveilleux”, deviennent tyranniques, addicts aux jeux vidéo, au cannabis, en rupture totale avec le milieu scolaire. On voit ces mêmes parents démissionner totalement, confrontés à une désillusion totale, démunis face à leur enfant qu’ils disent “ne plus reconnaître”.”
