Député et candidat sur les listes de Michel Havard, Georges Fenech (UMP) est l’invité de L’Autre Direct ce mercredi 12 mars.
Exceptionnellement et eu égard au calendrier médiatique très chargé de l'ancien magistrat, l'émission a été enregistrée mardi 11 mars. Car Georges Fenech est actuellement sur tous les fronts.
Désigné orateur de l'UMP pour la réforme pénale qui sera défendue début avril par la garde des Sceaux Christiane Taubira, sur laquelle il sort d'ailleurs un livre la semaine prochaine (Lettre ouverte à Christiane Taubira, aux éditions First) il s'est aussi invité dans l'actualité des affaires Sarkozy en déposant une proposition de loi visant à mieux protéger la confidentialité des échanges entre un avocat et son client. Sa proposition vise à "modifier le régime des écoutes téléphoniques d'un avocat".
L'entretien s'est ensuite un peu tendu (à voir entre les minutes 2’16 et 4’23), lorsqu'il a été rappelé à Georges Fenech qu'il allait justement intégrer comme avocat le cabinet de William Goldnagen, l'avocat de Patrick Buisson. "C'est une loi que je fais sur mesure pour moi, de façon à pouvoir être tranquille plus tard avec mes clients. Si c'est ça que vous voulez me faire dire, OK, on est d'accord", a répondu Georges Fenech. Il a répliqué à toutes les questions suivantes avec la même ironie : "Vous avez raison, il y a un vrai conflit d'intérêts."
Interrogé sur le délicat problème du cumul du mandat parlementaire et de la profession d'avocat, il a de nouveau répondu au second degré qu'il fallait "tout interdire, je suis d'accord. À un député d'être avocat, d'être médecin… Il faut des parlementaires qui soient uniquement des fonctionnaires".
“Gérard Collomb n’a pas tout fait faux”
Georges Fenech a quitté le registre de l’ironie pour la seconde partie de l’entretien, consacrée à son rôle dans la campagne de Michel Havard. Interrogé sur les bonnes chances de reconduction du maire sortant, il a reconnu : “Il y a toujours une prime au sortant. Gérard Collomb n’a pas tout fait faux, il a quand même réalisé de belles choses, qui avaient été initiées avant lui par Michel Noir et Raymond Barre. On peut lui reconnaître ce mérite.” Avant d’interroger : “En même temps il a déjà fait deux mandats. Il y a la métropole. Est-ce que les Lyonnais ne vont pas sentir le besoin d’une alternance, avec une nouvelle équipe, rajeunie, un vrai projet ?”
L’ancien magistrat a même recouvré une certaine verve pour rappeler, sans ironie cette fois, qu’il avait saisi le procureur de la République sur les conflits d’intérêts de l’adjoint aux finances, Richard Brumm : “La presse lyonnaise a fait un vrai travail. Je dois saluer le travail de Lyon Capitale. Il se trouve que les choses ont continué, comme si de rien n’était. (…) C’est une question de principe. Est-ce qu’on peut être élu, voter des subventions, et en même temps avoir des intérêts en tant qu’avocat, dans une société – en l’espèce l’Olympique lyonnais – qui bénéficie de ces subventions ?” Et d’ajouter : “Il faut vraiment qu’on sorte d’une période où les intérêts croisés, voire les conflits d’intérêts, peuvent se produire.”
Conflits d’intérêts : “Gérard Collomb ne répond pas”
Ironie de cet entretien, Georges Fenech le termine en se plaignant du mutisme de Gérard Collomb sur les questions de conflits d’intérêts : “J’ai interpellé Gérard Collomb là-dessus, il ne répond pas. Il traite ça par le mépris, voire quelquefois par le dédain en disant : “Ce n’est pas des méthodes.” Mais (…) ce n’est pas une méthode déloyale que de réclamer la transparence sur une gestion municipale ! Quand on n’a rien à se reprocher, on s’explique. Et on ne jette pas la pierre sur celui qui vous pose la question. En tant que parlementaire, en tant qu’ancien magistrat, en tant que citoyen, en tant que Lyonnais, j’ai le droit de savoir. Or je n’ai pas de réponse. Ce sont les Lyonnais qui en tireront les conséquences.”
