Flou et plutôt abstrait, le nouveau dispositif permettant de gérer les IVG pendant l'été déçoit par le peu de solutions qu'il apporte. Il y a quelques jours, le planning familial du Rhône alertait pourtant sur "une remise en cause du droit à l'avortement à Lyon en période estivale". Seule réponse de l'agence régionale de santé : une meilleure coordination entre les établissements.
La concertation aura finalement accouché d'une souris. Pourtant les enjeux étaient importants. Il y a quelques jours le planning familial du Rhône alertait sur "une remise en cause du droit à l'avortement en période estivale à Lyon", mettant en exergue le peu de disponibilités pour réaliser une IVG l’été. Une réunion de crise avait alors été organisée par l’agence régionale de santé (ARS). A l’issue de cette rencontre qui a réuni autour d’une table tous les acteurs du dossier, l’ARS propose un nouveau dispositif d’urgence pour l’été.
Toutes les femmes désirant une IVG et ne trouvant pas de rendez-vous seront dorénavant redirigées directement vers l’ARS, qui sera alors chargée de leur trouver une solution. Une solution bien floue, reposant uniquement sur "une meilleure coordination" et qui ne se traduit pas, pour le moment, par d’autres mesures concrètes. Marion Athiel, présidente du planning familial, qui se dit pourtant "satisfaite" du dispositif, émet “une certaine réserve“. “ C’est très bien qu’un dispositif d’urgence soit mis en place, simplement pour le moment nous ne savons pas quelles seront les solutions concrètes adoptées par l’ARS. Nous demanderons des retours sur la prise en charge des femmes ayant bénéficié de ce plan“, affirme-t-elle.
Du côté de l’ARS, on estime que l’amélioration de la prise en charge des patientes passe uniquement par une optimisation de la coordination. Aucune réquisition de médecins, pour pallier le manque de moyens humains, n’est prévue à ce jour. Le planning familial affirme d'ailleurs qu’une telle mesure pourrait être mal vécue par personnel mais aussi par la patiente. “ Que ce soit un médecin qui n’a pas l’habitude de pratiquer ce type d’interventions ou un médecin qui refuse ce choix, dans les deux cas cela peut être traumatisant pour la patiente“. Actuellement, seul 3 médecins conventionnés, sur les 17, continuent à pratiquer des IVG médicamenteuses durant l’été.
“ Il faut mener un travail de fond“
Mais le problème ne se limite pas à l'été. Pour Marion Athiel, il est nécessaire de réfléchir à des solutions en dehors des périodes estivales et d’en finir avec les dysfonctionnements auxquels fait face le planning familial toute l’année. Mi septembre, l’ARS qui est tenue de faire un bilan de l’offre d’IVG proposée dans la région pendant l’été, effectuera cette démarche conjointement avec le planning familial.
Des groupes de travail pour la création d’une base de données commune seront aussi formés. Pour la présidente du planning familial, “aucun suivi sur plusieurs années n’est possible car il y a des différences de chiffrage entre les institutions. Pour cet été ce qui était avancé par l’ARS ne correspondait pas à la situation concrète qui avait été relevée par le planning“. L’ARS et le planning familial s’entendent sur ce point : “Il est nécessaire d’avoir des indicateurs partagés“, affirme la directrice de la santé Anne-Marie Durand.
La base de donnée devrait aussi s’étendre aux médecins conventionnés, de manière à mieux connaître les conditions dans lesquelles s’effectuent ces IVG (prix de la consultation, CMU acceptée…). La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, aurait aussi contacté le planning familial du Rhône pour l’assurer de son soutien et rappeler qu’elle suivait le dossier de très près. À Lyon, en 2011, 4302 IVG ont été pratiquées.
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En cas de difficultés pour obtenir un RDV dans les délais une cellule spéciale a été créée au sein du planning familial le mardi et mercredi de 9h à 19h et le jeudi de 9h à 18h. Contactez le 04 78 89 50 61.