Alors que la décision sur le choix de la ville hôte devait être rendue ce vendredi 11 janvier, plusieurs sources ont fait savoir que le suspens pourrait encore durer. Et pour cause, ce ne sont pas une mais plusieurs (demi-)Cités de la gastronomie qui pourraient voir le jour, avec, ou sans Lyon.
Il faudra encore attendre avant de connaitre le lieu d’implantation de la future Cité de la gastronomie. Si l’annonce de la ville hôte devait initialement intervenir le 11 janvier prochain, elle pourrait bien être reportée, sans qu’une autre date ne soit fixée. Pourtant, la Commission qui a étudié les dossiers et auditionné les villes candidates rendra bien ses conclusions aux ministères de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Culture ce vendredi. Les 3 ministres Stéphane Le Foll, Guillaume Garot et Aurélie Filippetti s’entretiendront même demain matin. Alors pourquoi ce report ?
Il se pourrait bien qu’il n’y ait pas une, mais plusieurs Cités de la gastronomie. Pour ménager les susceptibilités des maires candidats, le gouvernement réfléchirait en ce moment à "un ticket commun". Deux, voire trois villes pourraient se partager le plat. Mais à force de morceler, certains acteurs du dossier lyonnais craignent qu’il n’y ait plus que des miettes à se mettre sous la dent et que ce qui fait la consistance du projet ne se délite.
Duel Collomb Rebsamen
La création de la Cité de la gastronomie, mesure-phare du plan de gestion de l'inscription par l'Unesco du "repas gastronomique des Français" au patrimoine de l'humanité en novembre 2010 avait aiguisé les appétits des élus locaux. Et même si Gérard Collomb a longtemps douté du projet lyonnais, ne lui apportant que très peu de soutien, il s’est découvert sur le tard une faim de Cité pour le moins carnassière.
Depuis plusieurs semaines, le dossier est même prétexte à des échanges pour le moins virulents par presse interposée avec son homologue sénateur-maire dijonnais François Rebsamen. "J'ai appelé récemment Stéphane Le Foll : il me dit que Collomb fait un pressing permanent, qu'il casse les pieds à tout le monde. J'ai eu Hollande aussi au téléphone : "C'est quoi cette histoire ?" "Collomb n'arrête pas de m'en parler", m'a-t-il dit.", a déclaré l’élu dijonnais au Monde, quand dans le même article, Gérard Collomb, fier de l’assise financière lyonnaise sur ce projet pointait le "fort endettement" de Dijon.
Cumul des mandats et réforme territoriale
Dans le cas de François Rebsamen, l’obtention de la Cité de la gastronomie pourrait être un cadeau de dédommagement à plusieurs titres. Proche de François Hollande mais privé de ministère, François Rebsamen est également un cumulard. "Il pourrait lâcher un peu de lest au sujet du cumul des mandats si Dijon était choisie", confirme un de ses proches dans sa ville.
De son côté, Gérard Collomb présente comme gage de bonne foi semblant mériter compensation, le récent accord passé avec le conseil général du Rhône pour que la communauté urbaine de Lyon récupère les compétences du département dès 2014, anticipant ainsi la réforme territoriale.
Ticket avec… ou sans Lyon
"Le ticket le plus probable serait Dijon, Tours, Lyon", confie un acteur de la décision, qui affirme néanmoins que "les choses ne sont pas encore totalement arrêtées". "Dijon, pour les vins, Lyon pour la tradition gastronomique et Tours pour l’enseignement", détaille cette même source. En réalité Tours pourrait être ainsi récompensée et remerciée pour avoir soutenu et créé le dossier d’inscription du repas gastronomique des Français au patrimoine immatériel de l’Unesco.
Un premier ticket Dijon-Tours était envisagé, mais selon nos informations, il s’agirait désormais de jouer la carte de l’apaisement entre les deux barons Rebsamen et Collomb. Ce dernier avait même montré les dents à l'idée de voir la Cité de la gastronomie lui échapper. "Si l'exécutif veut se fâcher avec moi, qu'il le fasse en excluant Lyon", avait-il prévenu dans le Monde. Une menace payante ? Selon un collaborateur du ministère de l’Agriculture, ce sujet est en tout cas jugé "sensible" et jusqu’au dernier moment, aucune décision ne sera ferme et définitive.