Joseph Macé-Scaron
©Tim Douet

Laïcité : “la séparation n’existe plus” selon Joseph Macé-Scaron

À Lyon pour intervenir à une conférence sur le thème “A-t-on le droit de vivre sans religion ?”, le président du comité éditorial du magazine Marianne et auteur de L’Horreur religieuse, Joseph Macé-Scaron, est l’invité de L’Autre Direct.

"On pouvait s'attendre, avec la gauche au pouvoir, à ce que ce quinquennat soit relativement laïc, mais pas du tout, estime Joseph Macé-Scaron. Les religieux ont vraiment le droit de cité et les non-croyants ne sont pas écoutés, notamment sur un sujet comme la fin de vie." Pour l'auteur de L'Horreur religieuse, un essai paru en novembre aux éditions Plon, "la religion est au cœur de la pandémie politique, d'un mouvement mondial de rétractation identitaire, dans lequel les questions de la place de l'homosexualité, de la femme et des enfants sont posées".

Surpris de la résurgence du débat sur l'avortement après avoir été prévenu quinze ans plus tôt par Simone Veil sur la remise en cause des droits des femmes en période de reflux économique, de panne de croissance ou de perte de valeurs, Joseph Macé-Scaron définit la laïcité comme "un outil" : "Ce n'est en aucun cas une religion et ce n'est pas non plus la liberté de penser : c'est défendre la liberté de la pensée."

“L’Église a gagné contre la maçonnerie”

Interrogé sur la cérémonie lyonnaise du vœu des Échevins – où le maire de Lyon, Gérard Collomb, remet symboliquement un sou au cardinal Barbarin pour qu'il bénisse la ville –, Joseph Macé-Scaron se dit "compréhensif" sur l'aspect historique de la cérémonie évoqué par les élus pour répondre à une critique de "soumission du pouvoir politique au pouvoir religieux". Mais cette cérémonie peut également marquer un recul de l'influence franc-maçonne dans la capitale des Gaules.

"Lyon s'est construit sur une dialectique entre la colline qui travaille et la colline qui prie. Mais Lyon est aussi une ville maçonne et il y a toujours eu une confrontation entre les formes de pouvoir que sont la maçonnerie et l'Eglise. Aujourd'hui, je pense que l'Eglise a gagné, elle donne le la et tout ce qui est maçon, spiritualité laïque, est en recul et sur la défensive", indique dans L’Autre Direct cet initié à la loge du Grand Orient de France.

“Macron baigne dans une forme de catholicisme”

Ainsi, "ce n'est pas un hasard si Gérard Collomb a choisi Emmanuel Macron", pour Joseph Macé-Scaron. "Emmanuel Macron baigne dans une forme de catholicisme et ce n'est pas un hasard non plus si l'un de ses plus gros soutiens est Jean-Pierre Mignard, le patron de Témoignage chrétien", indique-t-il. Quant à l'invitation des 260 élus de la région en audience au Vatican avec le pape François, dont Gérard Collomb, Laurent Wauquiez et Christophe Guilloteau, il considère qu’"il doit y avoir une séparation fondamentale du politique et du religieux, une séparation qui, aujourd'hui, n'existe plus". En témoigne notamment le financement par la Ville de Lyon de la fondation Fourvière, de l'espace Hillel, centre culturel juif, ou du futur Institut de civilisation musulmane : un détournement de l'interdiction de financement des cultes prévue par la loi, selon Joseph Macé-Scaron, qui estime qu'il ne s'agit pas seulement de la promotion de la culture liée à la religion, mais d'un "mélange entre le culturel et le cultuel".

Retrouvez l'intégralité de l'entretien avec Joseph Macé-Scaron dans la vidéo ci-dessous.

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