Le Pôle de Santé de l’Est lyonnais est mort

Décines ou Villeurbanne ? Le Tonkin et la Mutualité n’auront finalement pas réussi à s’accorder sur l’emplacement de la future super-clinique dans laquelle ils devaient associer leurs activités. Ils perdent ainsi la dotation de l’ARS de 30 millions d’euros. Et si Capio annonce déjà qu’il va malgré tout reconstruire le Tonkin, la Mutualité, elle, est de retour au point mort, faute de financements.

Coup de théâtre. Le pôle de santé de l’Est lyonnais ne verra pas le jour ; du moins pas pour l’instant. La Mutualité française et le groupe Capio qui devaient s’associer pour créer une super-clinique de 700 lits dans l’est de l’agglomération n’ont pas réussi à valider le choix d’un site commun et abandonnent tout projet conjoint.

Depuis longtemps, la Mutualité privilégiait un terrain dont elle est propriétaire, sur la ville de Décines. En revanche, Capio qui souhaite associer sa clinique du Tonkin au projet, avait affiché sa préférence pour un site Villeurbannais. C’est sur ce dernier que les instances de Capio et de la Mutualité avaient finalement arrêté leur choix. Restait simplement au conseil d’administration du groupe mutualiste d’entériner ce choix. Une formalité que nous avions un peu anticipé la semaine dernière en annonçant que le choix de Villeurbanne allait être validé. Mais tel ne fut pas le cas. Le Conseil a refusé cette option 11 voix contre 3, sonnant la fin des négociations entre Capio et la Mutualité.

Capio avance...

Les deux groupes reprennent donc leur route chacun de leur côté. Capio a déjà fait savoir qu’il allait reconstruire le Tonkin sur le terrain où il projetait d’installer le pôle de Santé. "Il s’agira évidemment d’un projet plus restreint que ce que nous ambitionnions avec la Mutualité", confirme Eric Calderon, directeur de la clinique du Tonkin qui s’avoue "extrêmement déçu". "Nous revenons à notre projet initial de 2012, mais que nous allons adapter sur ce nouveau terrain Villeurbannais", précise-t-il, tout en prévoyant que la structure sortira de terre à l’horizon 2015/2016.

... la Mutualité s'embourbe

Du côté de la Mutualité, les choses sont plus compliquées. "Nous n’avons pas les moyens de mener seuls le regroupement de nos établissements de la région lyonnaise", confie Dominique Lebrun, directrice de la Mutualité française du Rhône. Des établissements vieillissants que le groupe cherche à rassembler depuis 6 ans ; mais un projet resté dans les cartons faute de financements. Or le regroupement avec Capio aurait permis l’obtention d’une subvention de 30 millions d’euros de l’Agence régionale de Santé 'ARS). Or, sans ce financement, les projets du groupe mutualiste se retrouvent au point mort. Une situation qui fait bondir Jérôme Sturla, le maire de Décines qui espérait bien voir le pôle de Santé de l’Est lyonnais s’implanter sur sa commune. "En annonçant qu’il construira malgré tout sa clinique à Villeurbanne, le groupe Capio vient de faire la démonstration qu’il n’avait pas besoin de l’argent public. Alors pourquoi l’Etat n’allouerait-il pas les trente millions d’euros à la Mutualité ?", fulmine l’édile.

L'ARS reste ferme

Joint par Lyon Capitale, le directeur général de l’ARS, Christophe Jacquinet écarte cette possibilité. "Les 30 millions étaient conditionnés par l’association de Capio et de la Mutualité dans ce projet. Il s’agit de l’essence même de l’appel à projet", insiste-t-il. Car l’heure n’est pas à la multiplication des lits et des cliniques. "Nous sommes dans un contexte d’hyper-concurrence à Lyon. Les établissements de soins connaissent pour la plupart des difficultés financières. L’Etat accompagne donc la réduction du nombre de plateaux techniques, pas pour faire moins, mais pour faire mieux", explique le haut fonctionnaire. Et de préciser : "Ces trente millions d’euros ne pourront pas être alloués à la Mutualité, seule. Néanmoins, elle est libre de présenter un projet de même nature, adossé à un autre établissement". Le projet d’association de la Mutualité et du Tonkin permettait de réduire de 150 le nombre de lits sur environ 850 lits et places excédentaires dans la région.

Les commentaires sont fermés

réseaux sociaux
X Facebook youtube Linkedin Instagram Tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut