Sous la gare de Perrache s’étend un campement de plus de 80 personnes venues du Kosovo, d’Albanie, de Macédoine ou encore de Serbie. Alors que le terrain appartient au Grand Lyon, le squat, illégal, devrait être évacué dans les prochains mois.
Ce sont des petites cases de fortune qui se sont regroupées sous la passerelle de la gare de Perrache. Délimitées par des barrières recouvertes de couvertures, pour un semblant d’intimité, plusieurs familles s’entassent. A l’intérieur, la vie semble s’être organisée. Des tentes servent de dortoirs, tandis que des couvertures et des tissus recouvrent le sol pour un confort sommaire. Mais ici, ni eau potable ni sanitaires. Les habitants du camp doivent entrer à l’intérieur de la gare pour trouver un robinet. Quant aux douches, elles sont inexistantes.
Dragan et sa femme Magdalena, enceinte de trois mois, nous confient : “La nourriture est ce qui pose le plus problème”, avant d’ajouter que “trop de personnes font les poubelles”. Sur de petites tables ou à même le sol, les squatteurs préparent la nourriture apportée “par des particuliers et quelques associations”. Tandis que Dragan espère pouvoir faire les vendanges au mois de septembre, un peu plus loin, une autre famille attend qu’on leur délivre leur carte de séjour. Certains des enfants présents sur le campement sont scolarisés, comme ce jeune Kosovar qui nous dit être en 3e au lycée Alfred-de-Musset à Vaulx-en-Velin. “La plupart de ces familles ont fait une demande d’asile, mais quasiment toutes ont été déboutées”, informe l’association C.L.A.S.S.E.S.
“Ça ne ressemble plus à une station de taxis ici”
Situé à côté de la station de taxis, le camp est un réel problème pour les chauffeurs. Certains expliquent que leurs clients sont choqués et que beaucoup ne veulent plus arriver à la gare de Perrache, privilégiant celle de la Part-Dieu. “Le nombre de clients diminue et même moi je préfère ne plus trop passer par Perrache”, témoigne un chauffeur. Les ascenseurs menant à la station ont été bloqués, par mesure de sécurité. Récemment, une altercation a éclaté entre un chauffeur et les habitants du camp suite à la fermeture des sanitaires réservés aux taxis. Ces derniers mois, plusieurs pétitions et plaintes ont été envoyées à la préfecture ainsi qu’à la mairie.
Le terrain, qui appartient au Grand Lyon, a fait l’objet d’un arrêté d’occupation illicite prononcé par la cour d’appel le 10 janvier 2012. La décision prévoyait une évacuation du terrain sans délai, avec un recours à la force possible. La décision appartient désormais à la préfecture. Pour l’instant, celle-ci déclare n’avoir prévu aucune procédure. Cependant, selon une source proche du dossier, une expulsion serait envisagée d’ici la fin du mois de juillet.
Pour Médecins du monde, qui effectue des visites régulières sur le site, la plupart de ces familles sont en très grande précarité et attendent des alternatives en matière d’hébergement. Pour l’association, “expulser ce lieu de vie n’est pas une solution”.