Le 24 janvier 2014, l’AFP (Agence France Presse), à la différence notable de l’agence Reuters et de bon nombre de médias écrits et audiovisuels, n’a pas souhaité rédiger de dépêche sur le sondage de l’institut Think pour Fiducial et Sud Radio.
Ce sondage – relatif à la perception des Français mais également des Allemands et des Anglais sur les annonces de François Hollande lors de sa dernière conférence de presse – était pourtant réalisé dans les règles de l’art, selon la méthodologie des quotas. Les questions y étaient on ne peut plus neutres et absolument pas orientées politiquement.
En réponse, on y apprend que 66 % des Français estiment que les annonces du président de la République ne sont que de la communication, 65 % qu’elles ne vont rien changer au chômage et 64 % qu’elles ne sont pas concrètes et palpables pour les TPE/PME. Enfin, 66 % de nos compatriotes pensent que la révélation de la relation privée du président donne une mauvaise image de la France à l’étranger, tout en étant 75 % à estimer que l’information devait sortir.
Pas assez politiquement correct pour l’AFP qui, contactée, n’a pas pu effectivement fournir de raisons objectives à sa censure. Rappelons à ce titre, et ce n’est pas du détail, que 80 % de l’information fraîche en France provient de l’Agence France Presse.
Moi, le chef de l’État et mon téléphone portable
Très sincèrement, j’étais passé à autre chose quand j’entendis, le lendemain soir sur BFMTV, la chef du service politique de l’AFP expliquer en détail et avec des trémolos dans la voix comment François Hollande l’avait contactée – elle, personnellement – pour donner son communiqué de rupture à l’Agence.
Pensez-vous : il l’a appelée – elle, personnellement – “sur [son] téléphone portable et a tout de suite indiqué qu’il s’exprimait à titre personnel et non pas comme chef de l’État”, apprenait-on malgré nous. “Il a indiqué que c’était un moment difficile et douloureux et qu’il annonçait la fin de sa vie commune avec Valérie Trierweiler”, poursuivait la journaliste sur son élan ; l’évocation “du moment difficile était entre nous, il avait une voix grave, mais je ne vais pas mettre dans une dépêche “Le président a une voix grave”, ce qui comptait c’était son message”, a-t-elle précisé, toujours aussi émue, avant de conclure – elle, personnellement : “Je connais François Hollande depuis très longtemps, je pouvais espérer qu’il m’appellerait et c’est ce qu’il a fait.” Au-delà de ces minauderies assez inattendues en République, est-il politiquement correct de se demander ce qu’en pensent les féministes – ou, plus simplement, les femmes ?
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Cet éditorial est extrait de Lyon Capitale 730 (février 2014), en vente en kiosques dès ce vendredi 31 janvier, et dans notre boutique en ligne.