Barbarin 3
© Tim Douet

Le pape François a "un cœur de missionnaire" selon Mgr Barbarin

À peine avait-il posé le pied à Lyon que le cardinal Barbarin a dû donner une conférence de presse pour évoquer cette période d’élection au Vatican qui a vu l’avènement du pape François. L’occasion pour le Primat des Gaules de décrire l’ambiance de ce temps fort pour les catholiques du monde entier, de dépeindre le nouveau souverain pontife et de livrer quelques anecdotes.

"On ressent une belle allégresse dans l’ensemble de l’Église". Ces mots sont les premiers de monseigneur Barbarin, cardinal de Lyon, de retour entre Rhône et Saône, après avoir pris part à l’élection du pape François. Du conclave, il ne dira rien, secret oblige. Mais c’est avec un certain plaisir qu’il décrit l’ambiance, dépeint le nouveau souverain pontife et livre quelques anecdotes.

À commencer par son meilleur souvenir, le moment de l’élection : "Dès que le nom de Bergoglio a été prononcé pour la 77e fois, nous nous sommes levés pour applaudir". "Je crois même que j’ai été le premier", blague-t-il. "C’est souvent comme ça, le meilleur moment c’est quand ça se finit", explique celui qui n’a jamais nié que l’élection du pape était une charge particulièrement lourde. "Le collège des cardinaux était très content de voir qu’au 5e tour, nous allions arriver à dégager un nom."

Émotion et décontraction

"Lorsqu’on est venu lui demander s’il acceptait de devenir pape, il a répondu ‘je suis un pêcheur, j’en ai conscience mais c’est votre choix, ou plutôt celui de Dieu et je l’accepte’", rapporte Philippe Barbarin, qui salue la beauté de la réponse. "Il y avait peut-être moins d’émotion qu’en 2005, j’ai vu moins de cardinaux pleurer. L’ambiance était plus décontractée, il y a même eu quelques mots d’humour", commente le cardinal lyonnais qui a désormais l’expérience de deux conclaves.

"Nous discutions entre cardinaux et je suis allé voir le cardinal Dolan le New-Yorkais en plaisantant : "Alors là, tu ne fais pas un tweet ?" [ le cardinal avait tweeté la démission de Benoit XVI avant que la salle de presse du Vatican ne l'annonce - NDLR]. Au moment de saluer le nouveau chef de l’Eglise, l’archevêque de Lyon est resté simple. "Je lui ai dit en espagnol que j’étais heureux de prier pour lui et que je le ferai tous les jours et qu’il avait ma fidélité absolue".

Dans les favoris de Mgr Barbarin

Il faut dire que le cardinal Barbarin avoue sans souci que le Jorge Mario Bergoglio faisait partie de la quinzaine de cardinaux dont il avait dit que si l’un d’entre eux était élu, il serait content. Et c’est un homme fidèle à l’image de simplicité qu’on lui devine déjà, que le primat des Gaules esquisse en racontant que le pape fraichement élu avait choisi de conserver sa chambre de la maison Santa-Martha comme les autres cardinaux, avec qui, jeudi encore, il partageait toujours ses repas.

"Il a un véritable cœur de missionnaire, une parfaite union entre l’esprit franciscain et jésuite. Il a un projet d'évangélisation très simple, une simplicité de l'apostolat, et en même temps, un amour direct des personnes", a analysé monseigneur Barbarin pour qui le nouveau pape est le même qu’il a toujours connu. Ce vendredi, alors qu’il est retourné voir François, monseigneur Barbarin a évoqué le cas d’un enfant lyonnais atteint d’une leucémie. "Le pape m’a dit : tu envoies un mail aux parents et tu leur dis que je le prends dans mes prières", explique le cardinal.

"Aucune concession à aucun régime"

Mais pourtant les débuts de François ne sont pas exempts de polémiques, notamment sur son attitude sous la dictature du régime militaire en Argentine. Accusations balayées par le Primat des Gaules qui n’élude pas le sujet : "Pour le conclave de 2005, j'avais déjà demandé et lu des documents très sérieux sur le sujet. C'est un homme qui n'a jamais fait aucune concession à aucun régime. Il a une haute conscience de sa responsabilité et du sens de sa présence quand son peuple vit des choses difficiles".

Au final, le cardinal Barbarin ne relève qu’une seule fausse note : "On m’a montré les photos de notre entrée en conclave avant de prêter serment, et vraiment on fait tous des têtes d’enterrement. Et de blaguer, "S’il y a une prochaine fois, je promets je ferai un effort sur ce point".

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