Médicaments fabriqués à Lyon et Plavix

Les médicaments français 30 à 50% plus chers qu’en Angleterre ou en Italie

La baisse du prix des génériques annoncée pour le 1er mars ne devrait pas être significative. Pourtant, d’après l’auteur du Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux, le professeur Philippe Even, les prix des médicaments français sont en moyenne 30 à 50% plus chers qu’en Angleterre et en Italie. Décryptage dans Lyon Capitale-le mensuel de février.

Le cas du Plavix est étonnant. Cet anticoagulant, l’un des médicaments les plus vendus au monde, est vendu 37,11 euros la boîte en France. Son générique coûte 26,09 euros. En Italie, ce même médicament est vendu 18,35 euros et son générique 16 euros. Et si vous vous rendez en Angleterre, vous obtiendrez le générique pour 2,26 euros. Michèle Rivasi, députée et membre de la commission santé et environnement du Parlement européen, cite fréquemment cet exemple afin de mettre en lumière les écarts de prix entre les pays de l’Union européenne.

Le professeur Philippe Even révèle dans son Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux que les molécules les plus coûteuses sont les antibiotiques en perfusion, les antiviraux, les immunosuppresseurs, les immunostimulants et les anticancéreux. D’après ce professeur en médecine, les prix français sont, en moyenne, 30 à 50% plus élevés qu’en Angleterre et en Italie.

Qui fixe le prix des médicaments ?

La discussion se fait entre le Comité économique des produits de santé (CEPS), placé sous l’autorité des ministres chargés de la santé, de la sécurité sociale et de l’industrie, et l’entreprise qui a mis au point le médicament. Le prix doit être fixé en fonction de différents facteurs : l’amélioration du service médical rendu, les prix des médicaments à même visée thérapeutique, ainsi que les volumes de vente prévus.

Lors de la signature de l’accord-cadre entre les industries du médicament et le CEPS, le 10 décembre dernier, qui définit les modalités de négociation des prix des médicaments remboursables par la Sécurité sociale avec chaque entreprise, Marisol Touraine, ministre de la Santé, s’est montrée plutôt conciliante avec les responsables des laboratoires pharmaceutiques : “Cette signature confirme le souhait du Gouvernement d’engager un dialogue stratégique avec les industries de santé, avec pour objectif d’ancrer durablement cette industrie sur le territoire national”, a-t-elle déclaré. En leur assurant des tarifs conséquents ? C’est ce qui semble se profiler.

La baisse des prix des génériques, prévue pour le 1er mars, ne sera pas drastique. Les médicaments génériques français font pourtant partie des plus élevés de l’Union européenne. Lors d’une réunion du CEPS, le 15 novembre dernier, Dominique Giorgi, son président, a rappelé les précautions qu’il avait prises, et qu’il n’y aurait “aucun alignement sur les prix européens les plus bas constatés mais sur les prix européens les plus élevés, avec application d’une décote plafonnée”. Les industriels du médicament peuvent dormir sur leurs deux oreilles... Le CEPS veille à leur développement économique.

La fin des blockbusters

Les grands groupes pharmaceutiques souffrent de la perte d’exclusivité de leurs médicaments, qui tombent dans le domaine public, et de l’arrivée sur le marché des génériques. Ainsi, la fin des brevets du Plavix (anticoagulant, l’un des médicaments les plus vendus au monde – 9,5 milliards de dollars en 2010) et de l’Avapro vont entraîner pour Sanofi une perte de résultat net d’activité de 1,4 milliard d’euros en 2012.

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Cet article est extrait d’un dossier de Lyon Capitale-le mensuel de février, sur la situation des laboratoires lyonnais après l’annonce de deux plans de restructuration chez Sanofi et Merck.

Lyon Capitale n°719 est en vente en kiosques jusqu’au 21 février, et dans notre boutique en ligne.

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