Les ventes d’armes de la France attisent-elles le terrorisme ?

Pour le Mouvement pour une alternative non-violente, la réponse est affirmative. Pour Tony Fortin, chercheur à l’Observatoire des armements à Lyon, la réponse est un peu plus compliquée. Ce soir à Lyon, une conférence présente la situation de la vente d’armes françaises à l’international et tente d’envisager les réponses à apporter au terrorisme.

Les ventes d'armes de la France sont passées de 6 à 16 milliards d'euros entre 2014 et 2016. En 2015, 75 % des transferts sont destinés à l'Arabie saoudite. Un régime dénoncé par le Mouvement pour une alternative non violente (MAN) comme l'un des incubateurs mondiaux de l'idéologie wahhabite, celle qui inspire Daech.

Selon Serge Perrin, chargé de mission au MAN, "il ne faut pas s'étonner si la France est victime du terrorisme quand on voit qu'elle se glorifie de vendre des armes à l'Arabie saoudite".

L’expertise militante de Tony Fortin

Ce soir, à la Maison des solidarités, Tony Fortin, chercheur à l'Observatoire des armements à Lyon, apportera son expertise légèrement teintée de militantisme : "Il n'y a pas d'études sérieuses qui lient directement le terrorisme à la vente d'armes ; le lien qui nous intéresse, c'est que l'armement français pose des problèmes sur le droit humain. Par exemple, au Yémen, les Emirats arabes unis utilisent les chars Leclerc que nous avons vendus."

Ce chercheur travaille sur le commerce conventionnel des armes françaises au sein de l'Observatoire des armements à Lyon. Invité de la conférence, il a notamment participé à une action de lobbying avec Amnesty International et l'association Survie pour accélérer le passage d'une loi relative aux embargos : "La France doit respecter un certain nombre d'embargos et ne pas vendre d'armes à certains pays selon l'Onu ou l'UE. Seulement, la justice n'avait pas les moyens de poursuivre les compagnies qui violent ces embargos, comme celles qui vendent des armes en Libye. Depuis septembre 2015, nous avons relancé les politiques. Depuis dix ans, cette loi était en attente. A la fin du mois de janvier, elle vient d'être votée. Contre toute attente, la loi est sortie renforcée par l'Assemblée, contre l'avis du Gouvernement."

Le rôle du gouvernement, du Parlement et du citoyen

Selon Tony Fortin, le Parlement devrait jouer un plus grand rôle dans les décisions d'exportation d'armement français. Aujourd'hui, ces décisions sont principalement entre les mains du Premier ministre et du Gouvernement. S'il vient exposer le fruit de ses recherches en conférence, c'est aussi parce qu'il considère que le citoyen doit être informé de ces thématiques : "Il est difficile de dire que ce sujet concerne tous les citoyens, mais en tout cas il intéresse de plus en plus de monde. Il faut quitter le stade de l'indignation et voir comment cela peut se traduire en solution politique pérenne. C'est un secteur compliqué, très opaque. Il faut beaucoup de travail pour réussir à informer."

Pour Serge Perrin, une fois la situation globale présentée, place au débat : "En général, nous accueillons entre 20 et 60 personnes. Nous réfléchirons aux actions citoyennes que nous pouvons envisager par rapport aux ventes d'armes de la France, mais aussi plus globalement aux meilleures réponses à apporter au terrorisme."

Depuis quarante ans, le Mouvement pour une alternative non violente promeut la non-violence et les méthodes de résolution des conflits. Elle agit notamment par la prévention, la médiation et la solidarité internationale.

Conférence “Les ventes d’armes de la France attisent le terrorisme” – Lundi 8 février à 20h, à la Maison des solidarités, 215 rue Vendôme, Lyon 3e. Entrée libre.
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