Lyon 7e : l’école Gilbert-Dru occupée pour offrir un toit à 11 élèves

Ce lundi soir, une soixantaine de personnes ont occupé l’école Gilbert-Dru (Lyon 7e) pour offrir un toit à 11 élèves et leurs familles qui vivent dans la rue. Un mouvement qui s’est constitué sous présence policière.

Mobilisation école Gilbert Dru

© Justin Boche
Mobilisation école Gilbert Dru

Ils étaient une soixantaine de parents, de professeurs, d’amis et d’habitants du quartier de la Guillotière à s’être rassemblés ce lundi soir dans l’école Gilbert-Dru, pour héberger dans le gymnase onze enfants scolarisés dans l’établissement ainsi que leurs familles demandeuses d’asile. À notre arrivée, la porte du petit square qui jouxte l’école est fermée comme chaque soir. Devant, cinq voitures de police sont stationnées en double file. Quatre habitants viennent nous ouvrir. Trois policiers nous suivent. “Vous avez reçu un ordre de mission ?” leur demande-t-on. “Non, on ne sait pas”, répond l’un d’entre eux en rejoignant une dizaine de ses collègues qui discutent devant la porte d’entrée de l’école.

“Certains arrivent le matin totalement trempés, avec des griffures de rat”

Dans la cour, alors que nous marchons vers le réfectoire, un professeur nous explique les raisons de cette mobilisation : “Nous avions eu des rendez-vous en septembre avec la préfecture, mais les problèmes n’ont pas été résolus. Ce n’est pas normal, en 2016, que l’on ait 5 % de nos élèves qui dorment dans la rue. Certains arrivent le matin totalement trempés, avec des griffures de rat.

Ce n’est pas la première fois que l’école se mobilise. Gilbert-Dru avait été occupée quatre mois l’an passé pour une famille. “Mais il n’y a jamais eu autant de monde pour nous soutenir”, se réjouit l’enseignant. “Il n’y avait jamais eu non plus autant d’enfants à la rue scolarisés dans l’établissement”, précise une autre.

Mobilisation dans la cantine de l’école Gilbert Dru

© Justin Boche
Mobilisation dans la cantine de l’école Gilbert Dru

“Il faut s’organiser”

À l’intérieur, les familles dorment dans l’obscurité du gymnase. Dans la cantine située à côté, les personnes qui participent au blocage, assises sur les chaises d’enfants, discutent de la suite du mouvement. Couchage, garde, poursuite du mouvement dans la durée… – “Il faut s’organiser”, lance l’une d’elles. “Pour le moment, les familles pourront arriver chaque soir à 20 heures en même temps que les volontaires. Chaque nuit, quelques personnes resteront dormir dans l’établissement et le matin il faudra se réveiller à 6 heures, parce que après les agents de la ville passent dans le gymnase”, explique l’une des organisatrices.

Il faut aussi penser à la nourriture”, souligne une mère d’élèves. “Pour le repas du soir, on a prévenu les familles qu’on ne pourra pas leur fournir, parce que l’on ne peut pas utiliser les cuisines. Ils ont répondu “On a l’habitude”. Le seul moyen, c’est d’apporter des choses qui ne nécessitent pas d’être réchauffées”, poursuit l’organisatrice.

Marc et Michelle habitent le quartier. Ils n’ont pas d’enfant scolarisé dans l’école mais se sont mêlés au mouvement par solidarité : “Ça fait un moment que ces problèmes sont connus dans le quartier. Il y a dix familles qui sont touchées et l’on pense que c’est possible de leur trouver un toit. C’est pour ça que l’on est là ce soir et s’il faut on continuera de les soutenir.”

“Notre conscience citoyenne prévaut sur notre conscience professionnelle”

La présence des policiers rend la suite du mouvement incertain. Les organisateurs redoutent d’être délogés au petit matin ou d’être empêchés de revenir demain soir. “Les policiers viennent de partir”, annonce soudain dans la cantine un des professeurs, avec un léger sourire. Il est plus de 23 heures. L’assemblée est rassurée, les familles vont pouvoir rester dormir. La suite ne sera tout de même pas si facile. “C’est compliqué parce que le rectorat nous tape sur les doigts, explique une institutrice. Mais notre conscience citoyenne prévaut sur notre conscience professionnelle. Ils disent que ce n’est pas notre rôle. C’est un peu vrai, mais en même temps ce sont nos élèves, donc c’est quand même notre rôle.

Les relations avec la municipalité du 7e arrondissement semblent aussi s’être tendues : “Le ton était cordial à 16h30 et menaçant à 20h. C’est d’ailleurs pour ça que la police municipale est arrivée avec la Police nationale”, confie l’un des organisateurs. Vers 23h30, après une photo de tout le monde dans les escaliers de l’école, la majorité des personnes présentes commence à partir, quelques-uns restant pour veiller sur les familles et l’établissement.

Ce matin à 6 heures, les familles ont pris un petit-déjeuner et quitté le gymnase comme prévu. La police était présente – “pour le comptage”, ironise une personne du collectif. Un rendez-vous devrait avoir lieu ce mardi avec le cabinet du maire de Lyon. Si aucune solution n’est trouvée, l’occupation devrait continuer.

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