Et voilà ! À force de me prendre la tête, maintenant je me suis mis le doute tout seul. Ah, c’est terrible ça, ça me taraude… Et si je reprenais mon premier job d’avocat ?
Je dis ça parce que l’Aga Khan vient de m’appeler pour savoir où en était sa procédure de divorce. J’vous ai pas dit mais, avec l’émir du Qatar, l’Aga Khan est un autre de mes grands protecteurs… Il allait se séparer définitivement de la bégum (oui, c’est le titre honorifique de sa femme !), sauf que la cour d’appel d’Amiens, elle a condamné mon prince d’or à verser 60 millions d’euros au titre de “prestation compensatoire”… Mais, boum boum babégum, la Cour de cassation a tout annulé. Eh, eh ! J’n’y suis pas pour rien. La stratégie, c’est bibi : je suis officiellement devenu avocat de Son Altesse. Chuuut…
Faut dire qu’avec le prince on se connaît bien… Il est domicilié dans notre pays de fous et du coup je l’ai exonéré de tous ses impôts de milliardaire, un an à peine après mon élection comme chef de tous les Français, au motif de “haute courtoisie internationale”. C’est génial ce truc, et ça en jette un max pour les têtes couronnées ! “Haute courtoisie internationale” (lire ma lettre ci-dessous). Je m’en lasse pas. Eh oh, j’ai pas fait ça juste pour ses beaux yeux ! Avec tout le caramel qu’il a mis à Chantilly, chez mon frangin mon poteau Éric Woerth, je pouvais bien lui offrir ma part de meringue ! “Sauvegarde du domaine hippique” qu’on a appelé ça. Hippique, ça veut dire pur-sang arabe, en grec ancien. Qu’est-ce qu’on a rigolé avec ça : hippique dans la caisse, hip hippique hourra, morts de rire on était. Même Bigard il voulait mettre ça dans son spectacle. Finalement, ça s’est retrouvé dans ses lasagnes et il a fait une de ces têtes…
Le prince des pauvres
L’Aga Khan, il se fait appeler le “prince des pauvres”… C’est pas génial ça ? C’est mieux en tout cas que la formule que m’avait trouvée Riri le loucheur pour mon débat contre Flanby – “Vous voulez moins de riches, moi je veux moins de pauvres”. Pff ! Ça sonnait bien comme ça mais dans un pays de pauv’ cons ça pouvait pas le faire, ça pouvait pas. Faut tout faire soi-même dans ce pays ! Toujours est-il que mon prince d’or il dépense plus de 450 millions de dollars par an dans ses activités philanthropiques (ça, c’est du grec moderne, c’est pour pas trop en donner au fisc, “on file en tropiques”), il fait beaucoup d’humanitaire au Mali, en Afghanistan et même au Pakistan.
Mais n’allez pas croire que Karim al-Husseini (oui, c’est son vrai nom, mais tout de suite ça sonne moins bien, ça fait plus commun, moins mystérieux) ne fait que ça, loin de là ! C’est même le 49e imam héréditaire d’une branche entière de l’islam chiite, doublé d’un membre éminent de la jet-set mondiale ! Vous verriez ses jets et ses yachts, c’est aut’ chose qu’Airbus One et que la barcasse de mon frangin Nanard ! Il est à la tête d’une fortune personnelle de deux milliards de dollars et il contrôle dans le monde des tas de sociétés, dans l’hôtellerie, le transport aérien, la banque, la téléphonie, l’énergie… et son écurie compte plus de 800 chevaux de course !
Je vous dis ça, mais de toute façon en France on a la haine des gens qui réussissent. Tiens, je me souviens du déplacement de mon poteau Éric chez nos amis helvètes, à G’nève. C’était au Caviar House, il y avait une cinquantaine de Français fortunés qu’on avait réunis pour financer ma campagne présidentielle. La seule chose qui intéressait la presse française : à quel riche donateur appartenait le jet privé dans lequel mon frangin mon poteau il a ramené les chèques ? Misérable. Comme quoi, on a toujours besoin d’un bon avocat. À force de me prendre la tête, maintenant je me suis mis le doute tout seul. Ah, c’est terrible ça, ça me taraude…
