Comme dans la tragédie grecque, nous nous rapprochons d'une issue connue, nous assistons aux efforts héroïques des protagonistes pour en retarder l'échéance et en accepter les conséquences.
Les marchés ont tout d'abord considéré comme une intervention divine en début de semaine dernière l'action de la Réserve fédérale injectant des milliards de liquidité dans les rouages de la finance américaine, et en acceptant de prendre comme garantie des prêts accordés des actifs plus que douteux. Ce nouveau seuil dans l'intensité de l'action gouvernementale devait permettre aux acteurs principaux de la tragédie de gagner du temps mais c'était sans compter sur une mise en relation par le marché de cette intervention et des dangers qu'elle venait confirmer ! Au lieu de détendre le rythme, l'action de la Réserve fédérale a contracté le temps de la pièce et la scène financière s'est vue subitement secouée par deux nouveaux drames : la faillite du fond américain Carlyle Capital Corp filiale du groupe américain de capital-investissement Carlyle et la dégradation significative de la santé financière de la cinquième banque d'affaire américaine Bear Stearns.
Le problème ne serait donc plus uniquement un problème de liquidité ? Il ne suffirait plus de dégripper une crise de confiance ? Les dépréciations d'actifs auraient-elles fini par toucher une dimension bien réelle des banques : leur solvabilité ?
Un tournant dans la tragédie, sauvetages et fusions
La banque centrale américaine a eu recours vendredi 14 mars à une clause adoptée en 1932 lors de la Grande Dépression en acceptant de se porter garante d'un prêt accordé par la banque JP Morgan Chase à Bear Stearns. Cette action coordonnée de la Fed et JP Morgan Chase devrait permettre à Bear Stearns d'éviter une faillite et marque le début d'une nouvelle étape dans la crise : l'acquisition des banques les plus fragilisées par celles restées solides. JP Morgan Chase annonçait d'ailleurs lundi 17 mars l'acquisition de Bear Stearns pour 240 millions de dollars, une bouchée de pain !
Après Bear Stearns, à qui le tour ? La tragédie dont nous sommes spectateurs depuis quelques mois est-elle uniquement américaine ? La chute de Bear Stearns et son rachat probable peut elle entraîner des mouvements similaires en Europe, en France ?
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