Météo Financière

Si la détresse des familles concernées intéressent peu pour l'instant les grands medias américains, ses signes les plus visibles en sont les nombreuses "dépréciations d'actifs" annoncées et les départs très médiatisés des patrons de banques américaines : après le PDG de Merrill Lynch, c'est au tour de Charles Prince, patron de la plus grande banque du monde Citigroup de quitter ses fonctions.

Un conseil d'administration de Citigroup s'est en effet tenu dimanche en urgence pour décider, sous la pression du gendarme de la bourse américaine (la Securities Exchange Commission) du niveau de transparence à adopter sur ces "dépréciations d'actifs" dont une partie, au-delà des 6,5 milliards de dollars déclarés, serait actuellement comptabilisée dans des fonds dédiés "hors bilan". Le conseil d'administration devait également se prononcer sur l'avenir de son dirigeant. Mais le Prince, 57 ans, a préféré agir avant que le conseil d'administration ne décide de son sort, et présenter lui-même sa démission.

Endiguer la propagation des crises ?
Le système financier international pourrait actuellement être comparé "aux marais de Hollande, cultivés par un travail opiniâtre, assiégés par la mer qui menace à chaque instant de les engloutir, et sans cesse opposant leurs digues à cet élément destructeur". Ce constat réalisé par D'Alembert dans ses correspondances de l'Académie Française, peu après les années 1750, avait marqué le point de départ de grands travaux en France sur la construction de digues permettant de faire face à des risques climatiques.

Quelles sont les digues aujourd'hui de la finance moderne ? Veut-on se protéger contre la vague décennale, trentenale, ou centennale ? Jusqu'à quel point l'ingénierie financière tient-elle l'analogie de la mécanique des structures ? Quels sont les principes de précaution de la finance ? Comment peut-on distinguer le "bon risque", celui qui permet de passer de l'idée à l'action, d'aller à la rencontre de l'inconnu (l'Autre, l'inconnu de la connaissance, ...) d'une part, du "mauvais risque", de l'aléa destructif d'autre part ?

Appréhender les risques au-delà de principes de précaution
Les innovations financières telles que l'ingénierie des prêts hypothécaires et leur redistribution sur les marchés financiers internationaux ont permis à des ménages américains d'accéder à la propriété. En plaçant une partie de ses économies dans des Sicav Monétaires dynamiques, des trésoriers d'entreprises Lyonnaises ont facilité l'accès à la propriété à des américains qui n'avaient pas accès au système bancaire traditionnel. Organiser la rencontre d'un besoin de financement d'un côté et d'un surplus d'épargne de l'autre par des moyens créatifs peut faire l'objet de pactes gagnant-gagnant entre "preneurs de risques" et "investisseurs" à partir du moment où la transparence et les gardes fous sont suffisants. Dans cette optique la Commission Européenne souhaite d'ailleurs favoriser le développement des marchés de dérivés de crédit hypothécaires en Europe.

De manière analogue le taux d'épargne dépasse les 12% des revenus dans nombre de pays d'Europe et une grande partie de cette épargne est dirigée sur des produits financiers purement monétaires, très peu risqués mais donc très peu créateurs d'emplois ; ne serait-il pas pertinent de déplacer une partie de cette épargne vers les PME, créatrices de plus de 65% des emplois en Europe, en permettant la titrisation des crédits des PME et encourageant ainsi ces dernières à investir dans des projets de développements rentables dans la durée mais risqués ?

Comme le soulignait le philosophe Paul Ricœur, " entre la fuite devant la responsabilité des conséquences et l'inflation d'une responsabilité infinie, il faut trouver la juste mesure ". Cette justesse replace le citoyen et le pouvoir politique au cœur du débat.

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