L'avocat de la famille de la victime le désigne comme 'l'ennemi public nème1' et lance un appel au suspect pour 'qu'il se rende'. "On le cherche. On le trouvera", répond le procureur.
A Villeurbanne, l'émotion reste vive après le meurtre, lundi soir, de Foued, 35 ans. Les sentiments tanguent entre émotion et incompréhension. Incompréhension car "il y a trop de questions sans réponse" déclare Maître Metaxas, l'avocat de la famille de Foued. Le suspect, lui, est toujours en fuite. Deux jours et demi après les faits, David Metaxas lance "un appel solennel au Ministère de la Justice, au Ministère de l'Intérieur et à Nicolas Sarkozy pour que tout soit mis en œuvre pour interpeller cette personne. Je ne veux pas qu'il puisse se réfugier à l'étranger, notamment en Afrique du Nord. Si jamais c'était le cas, je demanderai à ce qu'on sollicite de suite son extradition." Une option que n'écarte pas Xavier Richaud, le procureur de la République mais qui ne semble pas d'actualité pour l'instant.
Hier soir, la mère de la victime s'est rendue, pour la première depuis le drame devant la brasserie de la Poste pour y déposer des fleurs et dire au revoir à son fils. Elle était accompagnée par le grand frère et la compagne de Foued, enceinte de 4 mois. Des cousines de la victime avouaient être " vraiment touchées par le soutien qu'ont montré les amis de Foued " mais ne semblaient pas surprises car " Foued était vraiment apprécié de tous ceux qui ont pu le côtoyer ".
Un homme apprécié
Tout l'après-midi, en effet, de nombreux bouquets de fleurs ont été déposés devant la porte de la brasserie, aux cotés de messages de proches et de dessins d'enfants. Foued était connu et apprécié dans la ville pour y avoir vécu et travaillé, pour avoir servi de médiateur dans des conflits opposant des commerçants entre eux ou les communautés musulmanes et juives. Décrit comme un homme "sportif" qui "aimait la moto et la musculation", à la fois "gentil et généreux", la mort de Foued reste incompréhensible. Les personnes qui parviennent à trouver les mots parlent d'injustice. " C'est une honte pour celui qui a fait ça ! Tuer de sang-froid un homme aussi gentil, toujours serviable... Ce n'est pas une mort de mourir ainsi ! ". Et tous restent consternés : " Une famille a été détruite, tout ça pour des cigarettes. "
"Ça ne se passera pas comme ça"
L'enquête menée par la Brigade criminelle devra préciser les circonstances exactes du drame, survenu lundi à Villeurbanne. Ce soir là, vers 22h30, Foued, qui a montée sa société de nettoyage va commencer le ménage de la brasserie de la Poste. Avant de débuter son travail, le jeune homme prend un café à la terrasse de la brasserie. Vers 22h45, il monte à l'étage de la brasserie pour commencer le ménage. Sur le coup de 23h, une femme "un peu ivre" selon le procureur de la République, entre pour acheter des cigarettes. La serveuse de la brasserie, seule au rez-de-chaussée, refuse de lui vendre. S'apprêtant à fermer, elle vient de faire son fond de caisse, et n'a donc plus de monnaie. Le ton monte. La serveuse éconduit la personne. Cette dernière sort. Peu de temps, après un homme entre à son tour et exige, un billet de 20€ à la main, un paquet de cigarettes. Le ton monte à nouveau. Foued entendant l'altercation descend. Il répète à l'individu qu'il ne peut être servi. Avant de quitter la brasserie, l'homme lui répond "ça ne se passera pas comme ça", raconte le procureur. "L'individu revient 10 minutes plus tard avec une arme", précise Xavier Richaud. Il pénètre dans la brasserie et tire une balle sur Foued. Touché au thorax, ce dernier parvient à se réfugier à l'étage de l'établissement où il décède.
La "cliente" n'a pas assisté à l'homicide
La "cliente" a été interpellée mardi matin, entendue puis relâchée, mercredi en fin de matinée. Une décision qui a surpris la famille de la victime. 'Sa libération est la pire chose qu'il soit. C'est à cause d'elle qu'il est mort' a déclaré Bilal, le frère ainé de Foued, lors d'une conférence de presse donnée en début d'après-midi. "Si cette personne est à l'origine de l'altercation, je demanderai des explications aux autorités judiciaires et policières sur cette décision" assure Maître Metaxas. Réponse du procureur : "elle a été entendue en tant que témoin puisqu'elle n'a pas joué un rôle positif dans l'homicide. Elle n'a pas assisté à la scène. Aucune charge ne pèse donc contre elle. Elle a été entendue pour savoir si elle connaissait l'auteur suspecté du coups de feu".
'Qu'il se rende'
Concernant le suspect, "il a pris la tangente, on le cherche", dit le procureur. "On travaille sur son environnement. On le trouvera. Peut-être demain, peut-être après-demain." En attendant, Xavier Richaud ne souhaite communiquer "aucun élément concernant la personnalité du suspect tant qu'il n'aura pas été interpellé" et dément au passage la rumeur selon laquelle l'individu serait un ancien policier. Du côté de la famille de la victime, Maître Metaxas réitère "son appel au calme" pour éviter toutes représailles. Mais il se montre intransigeant avec le suspect qu'il qualifie 'd'ennemi public nème1'. L'avocat a tenu à s'adresser au suspect en l'exhortant 'à se comporter comme un homme. Qu'il se rende, qu'il se constitue prisonnier, de toute façon il n'aura pas d'échappatoire'. Et d'ajouter : 'On n'a plus rien à perdre, lui si. Qu'il assume son acte, celui d'avoir tué de sang-froid un homme dont l'unique tort a été de réagir de façon civique et héroïque'.
Lionel Poussery et David Lopes
Les commentaires sont fermés