Des chercheurs grenoblois et lyonnais sont à l’origine d’une découverte majeure dans la compréhension de la résistance des moustiques aux insecticides. Une découverte qui aura un impact important dans les pays touchés par les maladies dues aux moustiques.
Les moustiques sont vecteurs de maladies comme le paludisme, la dengue ou encore le chikungunya. Ils représentent aujourd'hui un enjeu sanitaire mondial alors que leur capacité de résistance aux insecticides croissante menace la prévention des épidémies.
Une récente découverte de chercheurs du CNRS, de l'IRD, de l'université Claude-Bernard/Lyon 1, de l'université Joseph-Fourier de Grenoble et de l'institut Pasteur de la Guyane va permettre de changer la donne. Dans leurs travaux publiés dans la revue Genome Research ce 23 juillet, les chercheurs ont identifié de nouveaux marqueurs génétiques à l'origine de la résistance des moustiques aux insecticides.
Les génomes des principaux moustiques vecteurs de maladies ont déjà été séquencés par les scientifiques, c'est-à-dire déchiffrés. Plutôt que de chercher dans le génome entier de l'insecte – ce qui prendrait beaucoup de temps et d'argent –, les chercheurs ont ciblé très précisément 760 gènes potentiellement impliqués dans la résistance du moustique aux insecticides.
Une multiplication d’enzymes à l’origine de la résistance
S'il était connu que certains de ces gènes produisaient des enzymes qui dégradaient le principe actif des insecticides, les chercheurs ont fait une nouvelle découverte majeure. En effet, selon leurs récentes recherches, "plus le nombre de copies des gènes [en question] est grand, plus ces enzymes sont produites par le moustique, qui devient alors résistant aux insecticides", nous a expliqué Jean-Philippe David, chercheur au CNRS basé au LECA Grenoble. Il semblerait aussi que certaines mutations de ces gènes augmentent la capacité de biodégradation des insecticides par les moustiques.
Pour faire simple, "c’est comme une voiture sur laquelle on fait du tuning, il y a un moteur de base, mais il peut être amélioré. C’est le cas des moustiques aujourd'hui, qui réutilisent leur système de détoxication, acquis au cours de leur évolution, pour résister aux insecticides apparus très récemment", a vulgarisé Jean-Philippe David.
Ces travaux auront sans aucun doute un impact important dans les pays tropicaux touchés par les maladies transmises par les moustiques. En France métropolitaine, il n'y a pas encore de problème de résistance des moustiques aux insecticides. Mais, dans les territoires d’outre-mer, où le risque sanitaire est plus élevé, cette découverte aura un effet certain pour la protection des populations locales.