Alors que les conclusions devaient être rendues avant l’été, le parquet a décidé d’ouvrir une phase contradictoire dans l’enquête préliminaire dont l’archevêque de Lyon fait l’objet. Une copie du dossier d’enquête ayant été transmise à chacune des parties, ces dernières disposent désormais d’un mois pour prononcer les observations et les demandes d’actes qu’elles estimeront utiles.
Accusateurs et défenseurs du cardinal Barbarin ont pu prendre connaissance du dossier d'enquête. "Enfin !" jubile André Soulier, un des avocats de l'archevêque lyonnais, qui déplorait depuis plusieurs mois n'avoir pas connaissance des faits précis reprochés à son client. Cela alors que, dans le même temps, les témoignages de négligences à propos d'abus pédophiles au sein de l'Église lyonnaise se sont multipliés (lire ici et ici).
Rendez-vous le 18 juillet
Le dossier a été communiqué aux avocats le 17 juin par le procureur de la République. Ce dernier a pris la décision d'ouvrir une phase contradictoire dans l'enquête préliminaire. En vertu de l'article 77-2 du Code de procédure pénale, "le procureur de la République peut communiquer tout ou partie de la procédure à la personne mise en cause ou à la victime pour recueillir leurs éventuelles observations ou celles de leur avocat". De quoi retarder la procédure d'enquête, dont les conclusions devaient être livrées à la mi-juin.
Les deux parties ont désormais jusqu'au 18 juillet pour transmettre au parquet les observations et les demandes d'actes qu'ils jugeront pertinentes. Ces observations devront ensuite être étudiées et la procédure d'enquête préliminaire pourrait donc encore durer plusieurs mois. Mais ce nouveau délai est loin de décourager les membres de l'association de victimes du père Preynat, La Parole Libérée. "On ne lâchera pas", glisse Bertrand Virieux, le secrétaire de l'association.
Ligne de défense inchangée
De son côté, Me Soulier, qui continue de crier au procès en sorcellerie, martèle que son client n'a pas commis d'infraction. Défense inchangée dans le camps du cardinal, où l'on continue de mettre en cause "les parents et les intéressés", pour ne pas avoir entamé des poursuites plus tôt. "C'est à eux d'apporter des arguments juridiques, estime André Soulier. Pour attaquer quelqu'un, il faut que les infractions soient constituées."
Un discours qui colle au plus près des déclarations faites par Me Jean-Félix Luciani, autre défenseur du cardinal, au soir de l'audition de Mgr Barbarin par la brigade de la famille. "Que Preynat soit poursuivi pour ce qu'il a fait, c'est son problème", ajoute Me Soulier, mais, d'après son avocat, l'archevêque de Lyon ne peut être impliqué pour la non-dénonciation de ces actes.