Dans cette nouvelle tribune, Mykola Cuzin, président du comité Ukraine 33 et du Comité pour la défense de la démocratie en Ukraine, commente le récent cessez-le-feu en Ukraine.
Le fragile cessez-le-feu négocié il y a quelques jours à Minsk, à défaut de constituer les prémices d'une solution de sortie de crise, a eu au moins le mérite de dessiller les yeux des derniers aveugles volontaires : Vladimir Poutine a une maîtrise totale des activités des terroristes et des soldats russes qui agissent au grand jour en Ukraine depuis plusieurs mois.
Fin août, constatant l'avance inexorable des troupes ukrainiennes et la défaite inéluctable de ses hommes dans les régions de Donetsk et Louhansk, il a franchi le pas en déclenchant l'entrée massive de troupes régulières russes (5 000 hommes environ) pour inverser le sort des armes, tant les “Républiques populaires” manquaient drastiquement de soutien parmi les autochtones. Avec pour effet, notamment, une percée fulgurante au sud-est, vers la ville de Novoazovsk (1).
L’arrêt très provisoire des combats vient donc de figer de nouvelles positions, au grand bénéfice du Kremlin qui va pouvoir en toute tranquillité renforcer sa présence matérielle et humaine dans la région. Et surtout instaurer “sa” loi.
Dès l'entrée des troupes russes à Novoazovsk, les affiches placardées un peu partout étaient sans équivoque : elles interdisaient formellement toute activité culturelle et surtout la pratique de la langue ukrainienne (2). Elles enjoignaient également aux habitants de dénoncer leurs concitoyens trop attachés à l’unité du pays et fidèles au gouvernement de Kiev, issu de la révolte du Maïdan.
Cela fait plusieurs mois que nous dénonçons les risques d’ethnocide dans les régions contrôlées par les terroristes, en voilà les premiers jalons posés. Avant que le pire n’advienne... la semaine dernière, A. Douguine, l’un des conseillers de Poutine, a appelé officiellement à procéder au génocide de “ces bâtards d’Ukrainiens”.
Au lieu de tergiverser sur les noms des personnalités russes à interdire d’entrée sur le territoire de l’Union européenne, l’Europe ferait mieux de s’interroger d’urgence sur les intentions réelles d’un despote qui tolère – et encourage en secret ? – ce genre de discours insupportable. Le pire semble avoir déjà commencé à Louhansk où des résidents sont régulièrement enlevés contre rançon : voitures et maisons pour les plus riches, maigres pensions ou salaires pour les plus pauvres. En cas de non-paiement, une balle dans la tête au fond d’une cave.
Tous les rescapés de cet enfer sur terre que constituent les “Républiques populaires” de Donetsk et Louhansk font état d’actes de torture, d’exécutions, de vols des biens des personnes réfugiées en Russie ou en Ukraine occidentale. Comment voir encore une quelconque légitimité à la mainmise de Poutine en Ukraine orientale (3) ?
Il semble qu’un sérieux problème de sémantique contribue pour l’instant à brouiller les informations données par les médias. Ainsi continue-t-on à lire régulièrement qu’il y a en Ukraine orientale des “séparatistes” et des “pro-Russes”. Or, le séparatisme désigne la tendance fondamentale des habitants d’un territoire à se séparer de l’État dont ils font partie, ce qui n’a jamais été le cas dans ces régions, même parmi les mineurs, leaders locaux naturels, et malgré la propagande féroce déversée par les chaînes à la solde du Kremlin.
Désignons les choses telles qu’elles sont en réalité : lorsqu’on provoque le chaos, qu’on pille et détruit, qu’on place la violence et l’inféodation à une puissance étrangère au-dessus de toutes les lois, cela s’appelle le terrorisme. Quant à être “pro-Russes”, il est indéniable que les mercenaires et les soldats réguliers de l’armée russe le sont ! Seulement, ils imposent leur vision de la Russie, impériale et conquérante, une vision qui est très éloignée de la vision que pouvaient avoir Sakharov ou la regrettée Valeria Nodvorskaïa et qui se trouve à l’opposé exact de ce que le comité russe des mères de soldats attend d’un président digne de ce nom : l’utilisation de leurs enfants comme de la chair à canon, dans le cadre d’une entreprise crypto-génocidaire dont le but ultime est l’hégémonie mondiale.
Décidément, le pire semble attirer le pire : après les Jeunes Identitaires français se vantant sur les réseaux sociaux de leur présence dans les rangs de la DPR (4), c’est le sinistre Dieudonné qui vient de trouver refuge sur le réseau Rutube (équivalent russe de Youtube) suite à ses nombreux dérapages. Par cet effet d’agglomération du mal, le tyran Poutine va très bientôt menacer bien plus que la seule Ukraine.
À ce titre, les réponses actuelles apportées la communauté internationale à cette agression demeurent largement insuffisantes, parce qu’elles restent techniques et économiques là où il faudrait urgemment apporter une aide matérielle à l’Ukraine et un soutien inconditionnel à la société civile russe. En guise de représailles, Medvedev a annoncé que la Russie allait interdire son espace aérien à toutes les compagnies aériennes occidentales. En cas de non-respect de cette interdiction, faut-il s’attendre à la destruction en plein vol d’avions civils, comme le 17 juillet dernier au-dessus du territoire contrôlé par les terroristes ? (5)
Ce qui attend l’Ukraine dans l’immédiat ? Une guerre larvée à l’est, savamment entretenue par son puissant voisin, et l’impossibilité avant bien longtemps de pouvoir espérer un quelconque développement économique. Poutine clame haut et fort qu’il refuse de voir l’Ukraine intégrer l’Otan. Rappelons qu’il n’y a pas si longtemps, l’Otan et la Russie organisaient des manœuvres militaires conjointes à grande échelle et que, si l’Ukraine a demandé dernièrement son adhésion, c’est à cause de l’agression de Poutine, et non le contraire (6).
À Moscou, on est en train de rénover à grands frais un immense “parc des réalisations soviétiques” délaissé depuis l’écroulement de l’URSS. Voilà le projet de société que Poutine nourrit depuis toujours pour la Russie : le retour à la grandeur d’un passé mortifère (plusieurs dizaines de millions de morts !) dont les piliers inévitables sont la censure, l’asservissement et la violence extrême. La régression est telle que la réhabilitation de Béria (7) a déjà commencé, celle de Staline étant déjà effective. Le Monde n’a pas besoin d’un nouvel Attila !
Pour que la communauté EU puisse intervenir, il faut des preuves des accusations que vous avancez, dans le même ordre, je lis des commentaires de russes qui implique les forces Uk dans des atrocités face à des civils heureux d'accueillir des russes.La violence engendre la violence, aujourd'hui Poutine profite du laisser-aller de l'EU pour s'infiltré en Ukraine. C'est certain, c'est une agression.Mais lorsque l'EU enclenchera des troupes sur le territoire Ukrainien, nous verrons ...
Bravo à l'union européenne et aux états-unis qui sont venus mettre la zizanie dans ce pays. comme si la zone euro était une référence ! Aller placer les armes de l'Otan aux frontières de la Russie, si ça ne s'appelle pas de la provocation, je ne vois guère ce que cela peut être d'autre. John Kerry sur la place maidan aux cotés des fascistes ukrainiens, un exemple à suivre. Nous avons à l'ouest une oligarchie de nains.