Polémique : un rallye auto au Parc de la tête d’or

Le Tour Auto fera étape en avril à Lyon et se servira du Parc de la tête d’Or comme parking, où les badauds pourront venir admirer de vieilles voitures de collections. Les écologistes sont déjà “vent debout”.

Richard Brumm était déjà surnommé l’adjoint “broum-broum” pour son goût immodéré des belles voitures. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il se révèle fidèle à sa réputation. L’adjoint aux finances de la ville de Lyon a en effet pris l’initiative de transformer pour deux jours le Parc de la Tête d’or… en circuit pour une course automobile !

17 Ferrari 250 GT

La ville de Lyon a en effet candidaté et été retenue comme étape du “Tour Auto Optic 2000” les 21 et 22 avril prochains. D’après l’attaché de presse de cet événement, il s’agit d’un “des plus beaux rallyes d’automobiles anciennes du monde”, qui existe depuis une vingtaine d’années et a pris la suite du tour de france automobile créé au XIXe. Il est très fier d’annoncer la présence de “230 voitures, dont 17 Ferrari 250 GT à chassis bas”, voitures dont la valeur atteindrait “4 à 5 millions d’euros chacune”. Richard Brumm est enthousiaste : “Tous ceux qui aiment la voiture savent que ce sera un très beau spectacle”. Qu’on se rassure, même s’il s’agit d’une course, le Tour Auto “n’organisera pas des runs autour du parc de la tête d’or”. Le Parc servira plutôt de parking à l’événement, où les badauds pourront venir voir les véhicules et discuter avec leurs pilotes, ou participer aux activités ludiques et faire du shopping au “village” qui y sera installé.

Pendant deux jours, les gazelles et girafes de la plaine Africaine seront donc priées de faire un peu de place à un vaste parking pour voitures de luxe… Dans le même esprit, le centre-ville de Lyon s’était transformé en 2004 en circuit pour un show rutilant de Formule 1 organisé par Renault. L’événement avait suscité une forte polémique, plusieurs adjoints, en particulier les écologistes, estimant qu’il y avait une certaine incohérence à accueillir ce type d’événements alors que la ville promeut officiellement une politique de déplacements “doux”. Richard Brumm, même s’il n’était pas encore adjoint, était déjà à la baguette : “Renault m’avait contacté en me disant qu’ils voulaient l’organiser soit à Lyon, soit à Marseille. C’est moi qui ai convaincu Collomb de le faire. Il y avait eu une polémique, mais 200 000 ou 300 000 personnes s’étaient déplacées.”

Buna : “une fête à noeud-noeud”

Il y a fort à parier que le Tour Auto 2010 suscite à nouveau une vive controverse, quelque soit le succès populaire qu’il rencontrera. Sans les Potins d’Angèle, qui “sortent” l’information dans leur édition de jeudi, ce débat n'aurait eu lieu que début avril - soit après les régionales. Nos confrères ont ainsi pu déjà obtenir quelques réactions d’élus d'autant plus courroucés qu'ils n’étaient pas informés de cet événement. Gilles Buna, adjoint en charge de l’urbanisme en général et du Parc de la tête d’or en particulier, a ainsi fort peu apprécié d’apprendre par nos confrères que Lyon allait recevoir le Tour Auto. “Il y a une série de dysfonctionnements qui font que cette initiative a été prise. Ça me semble un peu ringard. Et indépendamment du jugement que je porte sur cet événement, il existe une charte d’orientation du Parc de la tête d’or que j’avais toujours fait respecter jusqu’à présent. Elle prévoit de consacrer ce parc à la conservation de la biodiversité, aux activités botaniques et zoologiques. Pas aux fêtes à noeud-noeud !”, confie l’élu, qui pourrait voter contre la subvention de 15 000 euros qui doit être proposée au prochain conseil municipal.

Richard Brumm reconnaît avoir, dans son enthousiasme, “sauté quelques étapes” : “Comme on sait que je suis le plus grand amateur de voitures dans l’équipe, c’est moi que le Tour Auto a contacté. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour les aider, parce que je ne voulais pas que Lyon rate ça. Surtout que c’est intéressant pour l’économie locale. Mais comme je ne suis pas encore bien au fait de tout le fonctionnement, je n’ai pas demandé toutes les autorisations, notamment à mon collègue Gilles Buna. Je m’en suis excusé. Je l’ai fait par passion.” Il ne comprend par contre pas la polémique sur les questions écologiques : “Les voitures vont faire au maximum 350 mètres dans le Parc, une fois le soir, et une fois le matin. La pollution sera très relative… Rien à voir avec les dizaines de milliers de véhicules qui longent le parc tous les jours !” Comme en 2004 avec les Formules 1, le débat devrait surtout être une affaire de symboles.

Jean-Jack Queyranne (PS) aurait sans doute préféré qu’il ait lieu après les régionales… surtout après “l’affaire Ushuaïa” et le sondage qui donne les Verts très proches du PS. Il ne pourra cependant pas éviter de s’en mêler : c’est en effet sa codirectrice de campagne, Najat Vallaud-Belkacem, qui en tant qu’adjointe à l’événementiel de la Ville de Lyon, a approuvé l’événement et accepté de le financer sur le budget de sa délégation. Elle ne croit d’ailleurs pas qu’une éventuelle polémique puisse desservir son candidat : “Il n’y a vraiment pas matière à polémiquer là-dessus. Cela va être une belle attraction, un événement exceptionnel. Il y a énormément de passionnés dans cette ville, c’est aussi notre patrimoine industriel, cela en valait la peine.” À suivre.

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