Rhône-Alpes-Auvergne : terre d’asile ou non ?

Alors que 1 000 réfugiés syriens et irakiens sont attendus en France d’ici jeudi, les maires prennent position quant à l’accueil des migrants dans la région.

Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, vient de sommer les vingt-huit pays de l'UE d'accueillir près de 160 000 demandeurs d'asile bloqués en Grèce, en Italie ou en Hongrie. Avant qu'une répartition soit décidée entre les pays, la France accueille aujourd'hui 200 réfugiés syriens et irakiens venus d'Allemagne en car pour s'installer en Ile-de-France. Face à cette question de l'accueil des migrants, les maires des grandes villes doivent se réunir ce mercredi après-midi à l'Assemblée nationale.

Une question qui divise

Si des maires se sont prononcés pour l'accueil de ces personnes déplacées, comme Jean-Paul Bret (PS) à Villeurbanne ou Gérard Collomb (PS) à Lyon, d'autres campent sur leur position par idéologie ou faute de moyens.

À Roanne, le maire, Yves Nicolin (Les Républicains/ex-UMP), persiste : il accueillera des réfugiés syriens “à condition qu'ils soient chrétiens”. À l'instar d'Yves Nicolin, plusieurs maires se sont montrés réticents pour des questions de religion. Un tri des réfugiés que refuse le Premier ministre. Hier soir, Manuel Valls a rappelé à ces maires la position du Gouvernement : "On ne trie pas en fonction de la religion (...) Le droit d'asile, c'est un droit universel."

Pour d'autres, c'est une question de moyens. Gilles Gascon, le maire de Saint-Priest, préfère que les villes plus riches prennent en charge ces personnes réfugiées. “L'Etat a un grand cœur, mais j'ai un devoir de pouvoir répondre aux 5 000 demandes de logement dans ma commune qui ont été faites en 2014”, a-t-il expliqué au micro de France Inter.

À quelques kilomètres de là, Alexandre Vincendet, le maire de Rillieux-la-Pape (Les Républicains) estime avoir accompli son devoir en mettant à disposition 60 places pour des demandeurs d'asile. Interrogé sur Radio France, il se défend : “Nous avons pris notre part et à un moment, stop ! Rajouter de la misère à de la misère, ça ne marche pas.”

Sous conditions

Toutes les municipalités n'ont pas rejoint le “réseau des villes solidaires” pour l'accueil des réfugiés syriens. D'autres veulent un accueil sous conditions, tel Laurent Wauquiez, député-maire du Puy-en-Velay et numéro 3 du parti Les Républicains, qui milite pour un accueil temporaire. “Si on fait plus sur les réfugiés politiques, je veux avoir la garantie que, dans ma commune, j’aurai moins de migrants économiques cette année”, a-t-il déclaré.

Une opportunité politique ?

Face à ces réactions, même favorables, le groupe “Rassemblement citoyen – Europe Ecologie-Les Verts – Front de gauche” de Villeurbanne émet des réserves, dans un communiqué : “L'élan de solidarité des élus pour devenir “des territoires refuges” est certes louable, mais il tend à masquer, d’une part, les évacuations musclées de campements dans différentes villes et, d’autre part, la différenciation que certains voudraient faire entre catégories de migrants.”

Pour rappel : Forum Réfugiés-Cosi appelle à manifester place Bellecour, ce samedi 12 septembre, à 17h, pour un accueil digne des demandeurs d'asile.
À revoir sur notre site : l’interview vidéo d’Olivier Brachet, fondateur de Forum Réfugiés (émission L’Autre Direct du lundi 7 septembre 2015)

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