Cette mesure devait faire fuir les noctambules trop bruyants pendant la période estivale. Suite à notre article, Lyon Capitale a rencontré Thierry Philip.
Lyon Capitale : Vous avez annoncé dans Le Progrès vouloir installer des jets d'eau sur les Berges pour déloger les noctambules. Qu'en est-il ?
Thierry Philip : Déjà, ce n'est pas parce que c'est écrit dans le Progrès que c'est vrai. Les Berges sont un succès majeur où 7000 personnes se retrouvent. 99% d'entre eux ne posent aucun problème. Avec un succès pareil, il existe des soucis de tranquillité pour les riverains, qui ont globalement profité de cet environnement : de nouveaux commerces se sont installés, les appartements ont pris de la valeur. Face à ses problèmes, notre devoir était de régler les difficultés.
Quels genres de problèmes ?
Des ennuis concernant les gérants de boite de nuit et les personnes qui s'alcoolisent sur le haut des berges ont été réglés. Nous avons mis en place une police municipale avant minuit et une société de sécurité ensuite. Cependant, il reste deux points chauds : l'amphithéâtre, avec les tam-tams, et les gens qui migrent dans les rues proches. Ils vomissent et font des dégradations sur des biens privés. De minuit à 4h du matin, tout est sous la surveillance de la police nationale. Je suis étonné que la préfecture donne régulièrement des autorisations de vente d'alcool qui nous causent bien des problèmes. Tous les bars, même les boulangeries, les épiceries le long des quais Augagneur sont devenues de véritables commerces de vente d'alcool.
Les tam-tams sont donc le réel problème ?
La première mesure, c'est de confisquer les tam-tams. L'année dernière notre problème était juridique. Après des négociations, les policiers ont eu le droit d'intervenir en supprimant leurs instruments aux noctambules. Mais la police nationale n'est pas en effectif suffisant. Ils ne peuvent pas intervenir en infériorité.
Revenons-en aux jets d'eau sur les berges...
Le Progrès a exagéré. J'ai affirmé que je regrettais de ne pas avoir installé un système de nettoyage, qui aurait également empêché les noctambules de s'installer. Mais cela déplace le problème sans le régler. Nous n'allons pas 'nettoyer au Kärcher' les gens qui viennent jouer gentiment du tam-tam, ce n'est pas la solution. Le résultat passe par un équilibre entre prévention et répression. La municipalité va distribuer des tracts sur les berges pour leur rappeler les choses essentielles : l'interdiction de boire sur les berges, le montant des amendes, le tapage nocturne, etc. J'espère qu'ils vont réfléchir à la question. En revanche, je suis moins nuancé sur les personnes dans les rues à 3h du matin. Il faut faire des descentes car c'est inacceptable d'aller vomir, ou uriner dans les rues adjacentes aux berges. Les hommes ne sont pas des animaux. Dans le cas contraire, il faut faire de la répression.
Il n'est donc pas question de jets d'eau sur les berges ?
C'est une des hypothèses que nous avons étudiées. Nous n'allons pas mettre des CRS pour tirer sur les fêtards. Nous sommes dans une République, il y a une certaine tolérance, mais quand on dépasse les limites, il faut faire de la répression.
Alors, faut-il faire travailler la police municipale après minuit ? Ce n'est pas interdit, mais pour qu'elle intervienne après 00h, il faut l'armer. Or, Gérard Collomb n'a jamais voulu la renforcer, à juste titre, car c'est une police de prévention et non de répression. C'est un geste politique terriblement important. Finalement, si il existe une police municipale, c'est qu'une défaillance de la police nationale est observée en terme d'effectifs.
Il faudrait donc mettre une surveillance sur les berges toute la nuit ?
Il existe déjà une permanence après minuit avec des vigiles et des chiens. Nous n'allons pas lancer les chiens sur les fêtards. Je crois à la prévention. Le " vivre ensemble ", la politique du 3ème arrondissement, c'est laisser dormir les gens qui habitent près des Berges. Il faut trouver un équilibre.
Vous allez faire quoi cette année ?
Cette année, nous travaillons sur prévention/répression, mais la mairie ne peut pas tout. Elle ne peut pas interdire la vente d'alcool à des boulangers, à des cafetiers, c'est le rôle de la préfecture. Nous n'allons pas y aller avec des chars et des lances. Les jets d'eau ne sont pas la première des hypothèses que nous envisageons. Désormais, nous ne donnerons plus ces hypothèses avant de les avoir approuvées.
Ce sont des mesures onéreuses ?
Si les habitants fuient le quartier, cela nous reviendra cher aussi. En terme d'image, ce n'est pas négligeable. Les mesures prioritaires se sont le " vivre ensemble " et les rues adjacentes. C'est hors de question que les dégradations continuent. Et enfin, si vous voulez jouer du tam-tam après 2 heures de matin, il faudra régler ça avec la police. Point final pour 2009.
Propos recueillis par Fanny Paul
Philip en rajoute
A plusieurs reprises dans notre entretien, Thierry Philip s'en prend au Progrès, estimant que le quotidien régional en 'rajoute'. Pourtant, Philip ne dément pas l'information sortie par nos confrères : l'idée d'utiliser des jets d'eau pour faire fuir les jeunes qui occupent l'amphithéâtre en soirée a bien été étudiée. Reprise par Lyon Capitale, puis par d'autres sites, elle a suscité des réactions assez vives et Thierry Philip a très vite annoncé qu'elle ne serait pas retenue.
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