Les salariés de Veninov voient le bout du tunnel après 18 mois d’inactivité et de rebondissements. Un protocole signé mardi validerait dans un premier temps le recrutement de 30 salariés en septembre pour atteindre 50 salariés jusqu’en mars 2014. Une mesure peut-être insuffisante pour calmer la tempête.
L'accord passé mardi entre les salariés, le mandataire judiciaire et Windhager va-t-il permettre à l'entreprise de Vénissieux de sortir de la crise? Les conditions sont pourtant présentes dans le protocole pour satisfaire toutes les parties :l'entreprise autrichienne dépêchera le lundi 11 mars 4 recruteurs pour commencer la phase de sélection de 20 anciens salariés de Veninov, à temps partiel. Ceux-ci s’occuperont de la sécurisation du site et de sa remise en état. Deux dirigeants ont déjà commencé les premières étapes de remise en marche de l'entreprise. Aux 6 millions d'euros investis par le géant du jardinage viendront s'ajouter les subventions promises par le préfet Carenco pour acheter une machine numérique. L’entreprise devrait recommencer pleinement son activité en 2014 et recruter, 50 salariés.
"Notre intérêt en Veninov est uniquement industriel"
Pour autant, tout n'est pas si rose qu'il y parait. Certains syndicats conservent une méfiance envers Windhager qui s’intéresserait, selon eux, plus à la valeur immobilière du site (qui aurait été revendu), qu'aux intérêts de Veninov, entreprise historique de Vénissieux. Eric Kurtz, nouveau gérant de la filiale française, balaie l'accusation d'un revers de main : "Nous avons voulu diversifier les activités de Windhager-Garden qui sont souvent de saison comme le jardinage ou le chauffage. Notre intérêt en Veninov est uniquement industriel."
Il juge d'ailleurs que c'est le fond de pension, Gordon Brothers, qui a ralenti le processus de relance. Le groupe américain avait prêté près de 10 millions d’euros à Alkor Venilia, à l’époque propriétaire de Veninov tout en étant conscient des dettes énormes de l’entreprise et de sa potentielle incapacité à rembourser ce prêt. Le fond de pension avait, dès la première défaillance de remboursement, racheté les 6 hectares du site pour 1 euro symbolique. " Ils ont tout fait pour nous empêcher d'acheter Veninov. L'accord a été trouvé en mai 2012 mais c'est uniquement en octobre que nous sommes définitivement devenus propriétaires quand Gordon Brothers a été débouté par le Tribunal", précise Eric Kurtz. Il était donc impossible, selon lui, de relancer l'activité de Veninov dès mai 2012, comme il le souhaitait à la base et comme le précisait l'accord passé avec les syndicats.
Agressivité des syndicats, Windhager se ferme
Le patron de la branche française concède cependant que la communication de l'entreprise autrichienne dans les 6 premiers mois n'a pas été des meilleures :"Suite à l'agressivité des syndicats, les dirigeants ont décidé de se fermer comme une huître. Ils n'ont donc rien dit entre mai et octobre. N'oubliez pas qu'ils viennent d'un pays où les frictions sociales ne sont pas aussi fortes. Il y avait aussi la barrière de la langue."
Une explication un peu légère qui laisse les syndicats incrédules. "Tant que le protocole ne sera pas signé et que nous n'aurons pas toutes les preuves en main, nous ne serons pas tranquilles", confie l'un des syndicalistes. Cela fait maintenant près de deux ans que les anciens salariés de Veninov, entourés par la maire PCF de Vénissieux, Michèle Picard et du député honoraire André Gérin, luttent pour relancer l’activité de Veninov. L’entreprise qui "fait partie du patrimoine industriel de la ville", existe depuis 140 ans. Tous évoquent la réunion houleuse de mardi qui a quand même abouti à un accord. Mais rien ne garantit que cet accord ne réussisse à rétablir la confiance entre Windhager et ses nouveaux salariés.