Attaqué par la Licra, menacé de licenciement par le Figaro, le chroniqueur Eric Zemmour compte s’expliquer demain au cours d’un débat diffusé sur BFM TV.
"La Licra n’a pas besoin de ça pour se faire connaître", a plaidé l’avocat lyonnais Alain Jakubowicz, interrogé sur sa décision, en tant que nouveau président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), d’attaquer Eric Zemmour pour propos "racistes et discriminatoires". Le chroniqueur du Figaro, de France 2 et de RTL, avait soutenu le 6 mars dernier, au cours de l’émission de Thierry Ardisson sur Canal +, dans un débat sur "l’intégration", que "les Français issus de l’immigration étaient plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes…" Justifiant son propos, lapidaire, par "C’est un fait".
Autopromo et mémoire qui flanche
Pour Alain Jakubowicz, Eric Zemmour a "franchi un cran". Depuis quelques temps, le journaliste développe en effet un discours discriminatoire, en tout cas exempt de toute analyse que le journaliste est pourtant capable de porter, de plus en plus décomplexé, sur les différents médias pour lesquels il travaille, dont une chaîne publique. Sans doute davantage par provocation et dans un but d’auto-promotion que par conviction. Alain Jackubowicz avait confié à Lyon Capitale qu’en prenant la tête de la Licra, il se pencherait sur tous les racismes, et pas seulement sur les actes antisémites. C’est donc par un premier acte fort qu’il confirme ses propos. L’avocat lyonnais a également suggéré au chroniqueur de se remémorer les heures sombres de l’histoire de la France, "où il ne faisait pas bon s’appeler Zemmour".
Des regrets
Convoqué par la direction du Figaro lundi prochain pour un entretien préalable à un possible licenciement, Zemmour tombe de son piédestal. Il s’est donc fendu hier d’un courrier auprès de la Licra, dans lequel il prétend que “sa volonté n’a jamais été de stigmatiser "les noirs ou les arabes” comme des délinquants”. Il ajoute : “si cette phrase, sortie de tout contexte a pu heurter, je le regrette.” Zemmour, qui a par ailleurs fustigé le montage de l'émission de Thierry Ardisson sur Canal +, exprime en conclusion le souhait de poursuivre le dialogue (avec la Licra), "hors de l’enceinte d’un tribunal”. Une proposition entendue par Alain Jackubowicz, qui a accepté de débattre avec le chroniqueur tourmenté demain à 12 heures 30 sur BFM TV, dans l’émission de Ruth Elkrief.
Attaque, soutien et nouvelle attaque...
L'affaire, depuis, crée des remous. Philippe Bilger, avocat général à la cour d'appel de Paris, vient de marquer son soutien à Eric Zemmour dans un billet publié sur son blog : "Tous les noirs et tous les arabes ne sont pas des trafiquants, mais beaucoup de ceux-ci sont noirs et arabes. Je précise, car rien dans ce domaine n'est inutile, qu'il y ait aussi des "trafiquants" ni noirs ni arabes est une évidence et ne me rend pas plus complaisant à leur égard". Sans plus d'explications sur un "fait" qui mérite quand même qu'on en donne quelques unes, notamment de la part d'autorités morales ou intellectuelles. Au CSA, la réaction ne s'est pas fait attendre, la chaîne cryptée a été sanctionnée. Et Rachid Arhab, membre de l'instance de contrôle et de censure, aurait déclaré à Zemmour qu'il était arabe et pas "trafiquant au CSA". Reste à voir si le débat qui opposera demain le chroniqueur au président de la Licra mettra fin à la polémique et, pourquoi pas, permettra de donner des explications à des "faits" qu'il est malheureux voire dangereux d'exposer sans analyse.
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