Urbanisme, habitat, mobilité, aménagement commercial, environnement... A quoi ressemblera l'agglomération lyonnaise dans les vingt prochaines années ? Quelques pistes avec la révision du Scot, outil clef pour guider le devenir de l’agglomération.
"Les enjeux d'il y a vingt ans ne sont pas les mêmes que ceux des vingt prochaines années." C'est par cette phrase un brin convenue - mais qui a le mérite d'être claire - que Bruno Bernard, président (EELV) de la Métropole de Lyon, a introduit la présentation de la révision du document de planification et d’urbanisme de l'agglomération lyonnaise. Un monstre administratif qui définit les grandes orientations d’aménagement pour le territoire de l'agglomération lyonnaise. En langage institutionnel, on parle de Scot, pour schéma de cohérence territoriale.
Document essentiel, le Scot fixe des orientations en matière d’organisation de l’espace et d’urbanisme, d’habitat, de mobilité, d’aménagement commercial, d’environnement, etc. Le territoire concerné porte sur un territoire de 756 km2, composé de 74 communes et 1,48 million d'habitants.
Le Scot actuel qui fixait les orientations d'aménagement de l'agglomération lyonnaise à l'horizon 2030 a été approuvé en 2010, il y a douze ans. Le document prévoyait un accroissement de la population de 150 000 habitants en 2030. Cette progression démographique a été dépassée dès 2020.
Déséquilibres entre territoires
Cela a notamment engendré des impacts sur les inégalités territoriales et sociales. Si, entre 2012 et 2019, le revenu médian des ménages de la Métropole de Lyon a progressé de plus de 4%, il est resté au même niveau à Vénissieux, Saint-Fons ou Vaulx-en-Velin. Et dans 11 des 37 quartiers classés prioritaires au titre de la politique de la ville, ce revenu médian a même diminué.
Ce déséquilibre territorial de l'agglomération lyonnaise est également visible sur l'emploi : l'agglomération lyonnaise compte ainsi 43% de la population et 52% des emplois de l'aire métropolitaine Lyon Saint-Etienne. Pourtant, entre 2010 et 2018, l'agglomération a accueilli 55% de la croissance démographique et 83% de la croissance des emplois dans ce périmètre.
Espaces agricoles grignotés
Ces dix et quinze dernières années, l'évolution de l'agglomération lyonnaise s'est également caractérisée par la forte concentration économique et l'accroissement des échanges, entre le centre de l'agglomération lyonnais et les territoires voisins. Revers de la médaille : une saturation des réseaux. 180 000 actifs habitant hors de l'agglomération lyonnaise viennent y travailler chaque jour, à 81% en voiture.
Du point de vue environnemental, plus de 1 000 hectares d'espaces naturels et agricoles (dont les trois-quarts agricoles) ont été consommés pour le développement urbain, avec des pressions se plus en plus fortes sur la biodiversité et les ressources, notamment l'eau.
"Nous souhaitons mettre en place une agglomération résiliente et sobre dans sa consommation de ressources" a conclu Béatrice Vessilier, vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de l'urbanisme.
"Le modèle parisien, on n'en veut pas!"
Quatre "défis" ont été actés pour l'horizon 2040, avec un changement sémantique marqué : une agglomération accueillante, solidaire, favorable à la qualité de vie, une agglomération résiliente et sobre de ses ressources, une agglomération accessible et apaisée, aux mobilités décarbonées et une agglomération productive à l'économie responsable.
En 2010, le Scot avait mis en évidence cinq thématiques : emploi et rayonnement (comment accompagner les mutations économiques et maintenir les capacités de développement ? ), espaces naturels et agricoles (quel avenir pour ces espaces face à la pression urbaine ?), environnement (comment assurer la croissance démographique dans le cadre d’une plus grande solidarité ?), multipolarité, déplacements et organisation des territoires (comment peut-on tendre vers un modèle urbain plus durable ?), attractivité résidentielle et solidarité (comment assurer la croissance démographique dans le cadre d’une plus grande solidarité ?).
Une question est posée : comment le Scot peut anticiper la progression démographique, sachant que l'accroissement de population prévu dans le Scot de 2010 pour 2030 a été atteint avec dix ans d'avance. "Soit on laisse le fil de l'eau se faire, et on subit explique Nicolas Varigny, vice-président de la communauté de communes du Pays de l'Ozon. Soit on décide de ce qui est souhaitable. Le modèle parisien, on 'en veut pas!"
Les planificateurs du Scot de 2010 avaient probablement fait la même analyse.
2010 - 2020
L'évolution de l'agglomération lyonnaise en chiffres
Source : Sepal
- 150 000 habitants supplémentaires entre 2010 et 2019
- 55% de la croissance démographique
- 83% de la croissance des emplois de l'aire métropolitaine Lyon-saint-Etienne entre 2010 et 2018
- 1 million de m2 d'immobilier de bureaux construits entre 2010 et 2019
- 13 500 nouveaux logements construits entre 2010 et 2019
- + 3,3% de croissance annuelle moyenne des prix des logements collectifs anciens en €/m2 sur la Métropole de Lyon entre 2010 et 2019
- 180 000 actifs résidant hors de l'agglomération lyonnaise viennent y travailler chaque jour à 81% en valeur (2017)
- 1 150 hectares d'espaces naturels et agricoles consommés par l'urbanisation entre 2010 et 2020
dont 80% d'espaces agricoles - - 9% de gaz à effet de serre entre 1990 et 2018
Pour tout comprendre du Scot en 3 minutes
A quoi sert le Scot ?
Le Scot (Schéma de cohérence territoriale ) est un document de planification et d’urbanisme qui définit les grandes orientations d’aménagement pour un territoire donné (en l'occurence l'agglomération lyonnaise) et pour le long terme (réflexion pour les 20 prochaines années).
Il fixe des orientations en matière d’organisation de l’espace et d’urbanisme, d’habitat, de mobilité, d’aménagement commercial, d’environnement, etc.
Quels territoires sont concernés ?
Le Scot de l'agglomération lyonnaise concerne 74 communes, sur un territoire de 756 km2 et touche 1,48 million d'habitants (Métropole de Lyon, communauté de communes de l'est lyonnais et communauté de communes du Pays de l'Ozon).
Pourquoi le révise-t-on ?
L'objectif est d'adapter le projet aux nouveaux enjeux, aux évolutions du contexte. La révision du Scot s'explique par la nécessité de bâtir un nouveau modèle de développement, capable d'apporter des réponses adaptées aux défis urbains, économiques, écologiques et sociaux, auxquels l'agglomération lyonnaise sera confrontée d'ici les vingt prochaines années.
Qui est en charge de la révision du Scot ?
Le Sepal, syndicat mixte d'études et de programmation de l'agglomération lyonnaise, assure le suivi et la mise en oeuvre du Scot.
Quelles sont les grandes étapes ?
Décembre 2021 : lancement de la révision
Mars à mai 2022 : un diagnostic incarné du territoire pour nourri la réflexion des élus
Juin 2022 : 1er cycle de commissions thématiques pour les élus et partenaires du Sepal
Octobre 2022 : série de rencontres publiques
Fin 2022 : 2e cycle de commissions thématiques et commissions géographiques
Printemps 2023 : échanges et débats élus/habitants sur les objectifs stratégiques du Scot