Cet été, près de 40 % de Français ne partent pas en vacances, faute de moyen. A Vaulx-en-Velin, le bus N80 emmène les familles aux petits budgets à la plage de Miribel-Jonage. Reportage.
14 heures passées à Vaulx-en-Velin et le soleil tape déjà fort. Un petit attroupement se forme devant un arrêt de bus. Deux enfants en bas âge guettent son arrivée. Le N80 dessert, à partir de Vaulx-en-Velin, la plage de Miribel-Jonage. Une étendue d’eau à quelques kilomètres pour échapper à la chaleur étouffante des barres d'immeubles. Les températures avoisinent déjà les 40 degrés en ce début d’après-midi.
Le sourire se dessine sur le visage de Sarah lorsqu’elle aperçoit l’autocar. Dans son sac, un maillot de bain, quelques jouets de plage et des lunettes de soleil. “Je prends souvent le bus pour aller me baigner avec mon petit frère et ma maman”, lance la petite fille. Tous les trois s’installent à l’avant du N80. Une vingtaine de minutes à parcourir des allées boisées et l’on aperçoit le lac à travers les fenêtres.
Partir à moindre coût
Dans le petit appartement de Chris à Vaulx-en-Velin, niché au 7ème étage d’un immeuble, la chaleur devient insupportable dès la fin de matinée. Cette femme de ménage vit en France depuis 20 ans. Originaire de l'Albanie, elle ne connaît pas les départs en vacances. Ni l’odeur de la mer. « J’aimerais bien partir prendre l’air, mais je n’ai pas les moyens », lâche-t-elle. Ses faibles revenus nourrissent tout juste ses deux adolescents. La mère de famille entend parler du lac de Miribel de "bouche à oreille". Elle préférerait le Sud, le sable fin et l’eau turquoise.
La Vaudaise prend la ligne N80 accompagnée de son fils et de sa mère. À la même place si celle-ci n’est pas déjà occupée. Sur une épaule, elle porte un sac dans lequel se trouve des « saucisses, des brochettes et des merguez. De quoi faire un barbecue.» Sur l’autre, une enceinte qu’elle transporte en bandoulière. « J’aime bien écouter un peu de musique sous le soleil », avance la quadragénaire.
Un endroit qu’elle juge « sympa » mais loin d’être bucolique. “L’eau est sale. Je me suis baignée il y a quelques années et j’ai attrapé une plaque de boutons.” Et d’ajouter “je ne peux pas partir à “tataouine”, c’est déjà bien de pouvoir se baigner ici”.
Bol d’air frais
Assis sur la banquette arrière, Pierre semble connaître le trajet sur le bout des doigts. Lorsqu'une passante lui demande si ce bus part en direction de la “plage”, il lui répond par l’affirmative.
Le magasinier travaille tout l’été, pas de vacances, seulement quelques jours de repos par ci et là. “Miribel est le coin le plus proche pour aller se baigner. C’est un bol d’air frais, on s’éclate”, explique le quadragénaire. Tous les week-end, ou presque, Pierre et sa famille se retrouvent autour d’un barbecue près de l’eau. Un petit emplacement non loin de la plage leur permet de manger entre deux baignades.
Le bus N80 effectue des navettes toutes les 30 minutes environ. Certains enfants, le pas pressé, traversent la route sans porter attention à la circulation. Les parents les mettent en garde : “si tu ne te calmes pas, on rentre”. Le dernier service de la ligne N80 s’effectue à 20h30, avant de reprendre le lendemain matin à 9h30.