Les travaux place Charles Hernu, à Charpennes

A Charpennes, les travaux du tram électrisent les esprits

Nuisances sonores, inaccessibilité, perte de chiffres d’affaires, les restaurateurs du quartier des Charpennes contestent les travaux du futur tramway T9.

À la frontière entre Villeurbanne et Lyon, Charpennes est un quartier de centralité avec son excellente connexion au réseau de transports en commun et sa riche vie de quartier. Pourtant, Charpennes n’a pas la côte ces dernières semaines, depuis l'arrivée en fanfare des marteaux-piqueurs et des camions de chantier, en vue du grand projet de nouvelle ligne T9 qui permettra de relier en 36 minutes le pôle d’échanges multimodal de Vaulx-en-Velin - La Soie à Charpennes.

Au total, douze nouvelles stations sont prévues sur 8,8 kilomètres d’infrastructures. Un projet ambitieux prévu pour fin 2026. L’entreprise annonce vouloir transformer le paysage et le cadre de vie des riverains en diminuant la présence des voitures, en reliant le sud et le nord de Vaulx-en-Velin, en connectant les campus de La Doua à Villeurbanne et les pôles de formation et d’enseignement supérieur à Vaulx-en-Velin.

Les grands travaux ont commencé au niveau de Charpennes, à Villeurbanne. L'ensemble de laa place Charles-Hernu est fermée à la circulation depuis début juin et jusqu'à fin août. Un accès limité au quartier qui ne ravit pas les restaurateurs de la rue Bellecombe dont les travaux commencent en septembre prochain.

11% de baisse d'activité

Le restaurateur Benjamin Rosier, propriétaire de "Okawali Charpennes", fulmine : « "les travaux devaient commencer à partir de juillet... !". Et de noter une baisse d’activité de 11% sur la pause méridienne depuis le début des travaux. Les clients perdus ? Les employés des bureaux qui ne savent plus comment traverser la place, désorganisée entre le personnel de chantier, les engins, et le manque d’indications de circulation, explique-t-il. Depuis deux semaines, seulement les piétons peuvent circuler dans le quartier, en se frayant un chemin sur le chantier. 

Le projet avait été validé en interne dès 2020 mais les commerçants ont été mis au courant officiellement à la fin de l’année 2023. Le restaurateur a tout de même tenté de communiquer avec la Ville et Sytral Mobilités, l'autorité organisatrice des transports en commun lyonnais (TCL, sans succès. "Ils n'ont pas écouté, c’est un discours à sens unique. Sytral Mobilités fait l’autruche et la mairie de Villeurbanne acquiesce.». Nuisances sonores, baisse de fréquentation, poussière, complications pour les livraisons, ce restaurateur égrène les inconvénients du chantier. "On est obligé de laver nos vitres régulièrement et d’augmenter nos lumières pour montrer aux riverains que nous sommes encore ouverts.». Le restaurateur poursuit en dénonçant la perte d’exploitation de sa terrasse pour la période estivale après une autorisation municipale trop tardive. 

"Certains ne veulent plus nous livrer parce que c'est inaccessible !"

Un constat que partage Guillaume Cegarra, gérant du restaurant "La cuisine de Moudéry – Les saveurs du Sénégal" : "c’est beaucoup plus compliqué pour la livraison, même s’il y a un accès vers le McDo. Certains ne veulent plus nous livrer parce que c'est inaccessible !". Il espère un geste : "on demande un effort sur les nuisances sonores, d'arrêter le chantier entre midi et 14h, ce n’est pas normal de travailler dans ces conditions". Lui observe dans son restaurant une baisse de 20% du chiffre d’affaires le soir. 

"On nous a parlé d’indemnisation au-delà de 10% de perte de notre chiffre d’affaires. On y est déjà, et d’ici la fin des travaux, on aura le temps de fermer ».
Guillaume Cegarra, gérant du restaurant "La cuisine de Moudéry – Les saveurs du Sénégal"
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Il finit par critiquer les mesures de compensation : "on nous a parlé d’indemnisation au-delà de 10% de perte de notre chiffre d’affaires. On y est déjà, et d’ici la fin des travaux, on aura le temps de fermer ». 

Les retours sur ce projet diffèrent. Après un échange avec la responsable du Carrefour City, situé à proximité des deux restaurants, cette dernière reconnaît ne pas être concernée par un perte d’affluence dans le magasin. Les inconvénients semblent davantage toucher les restaurateurs que les commerces de première nécessité. 

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