Le premier accusant le second d'avoir construit le bâtiment sans prendre en compte la pollution du sol.
Les employés et la plupart des clients du Lidl ne le savent pas : leur supermarché, ouvert en août 2007, est peut-être construit sur une ancienne décharge communale qui fonctionnait jusque dans les années 70. Si tel est le cas, il pourrait y avoir un risque pour la santé des employés de l'enseigne discount.
Le promoteur, à l'origine de l'opération immobilière, Farid Touati (dirigeant de la SCI Les Lônes) est affirmatif : il s'agit d'une ancienne décharge devenue un terrain municipal. Il a d'ailleurs porté plainte pour abus de confiance et escroquerie contre le maître d'ouvrage en charge de réaliser les travaux du supermarché, Givors Développement, une société d'économie mixte, présidée par le maire Martial Passi (PCF). Le promoteur estime en effet que le maître d'ouvrage a facturé des prestations non réalisées, au premier rang desquelles un vide sanitaire. Il reproche en effet à Givors Développement d'avoir supprimé ce vide sanitaire sans le prévenir alors qu'il avait pour finalité, selon Farid Touati, de "ventiler l'air vicié provenant du sol pollué" : "il est bien précisé dans le contrat qui me lie avec eux qu'il ne "pourra être apporté au projet de construction aucune modification d'exécution ou de détail sans l'accord du bailleur". Après coup, ils m'ont dit que c'était pour "réaliser des économies". J'ai depuis demandé les études qu'ils ont réalisées pour valider la suppression du vide sanitaire. Je les attends toujours". Le promoteur s'est trouvé mis devant le fait accompli : "cette société d'économie mixte est présidée par le maire. J'ai fait confiance", se justifie-t-il.
Givors Développement a réceptionné les travaux le 12 juillet, sans apporter aucune réserve, même si de nombreux travaux restent à réaliser. Le Lidl a donc pu être inauguré dans la foulée. "J'avais la pression des dirigeants de Lidl qui voulaient rapidement ouvrir. C'est pour cela que j'ai signé tous les papiers dont le bail à construction", poursuit Farid Touati.
Ce n'est qu'après avoir récupéré l'ensemble des pièces du dossier, en novembre 2007, qu'il a décidé de porter plainte.
Décharge ou remblais de décharge ?
Contacté, Givors Développement refuse de parler de décharge mais de remblais qui auraient servi à se protéger des inondations du Rhône voisin. Son directeur Frédéric Thénot dit que la SCI Les Lônes l'a mis tardivement au courant de l'existence d'un diagnostic environnemental. Précisément , en janvier 2008 alors qu'il a été commandé en 2003 par la mairie, propriétaire du terrain. Or dans un extrait de ce diagnostic, que nous avons pu consulter, il est précisé que "Les déchets observés sont assez anciens (...). La présence en composé volatile dans le sous-sol peut générer un risque pour les futurs utilisateurs de la zone, risque lié à la potentialité d'inhalation de ces composés par des individus dans un espace clos ou couvert".
"Le point de sondage le plus proche du centre commercial ne montre pas qu'il y a des matériaux polluants de manière très conséquente, explique Frédéric Thénot. Par ailleurs, les études sur lesquelles nous nous sommes fondés pour la construction n'ont pas démontré une pollution. Si cela avait été le cas, nous n'aurions pas réalisé le supermarché. L'étude de sol affirme notamment la nécessité de réaliser des fondations profondes mais à aucun moment elle ne parle d'un vide sanitaire. Et puisqu'il n'a pas été réalisé, il n'a bien entendu pas été facturé !". Le directeur de Givors Développement se veut rassurant : "les fondations que nous avons réalisées par pieux sont suffisamment profondes. Il n'y a aucun risque d'effondrement de la dalle".
Aujourd'hui, une expertise judiciaire est en cours. Elle devra donc déterminer si la pollution et les nombreuses fissures présentes sur le bâtiment font courir un risque pour les employés et les visiteurs du Lidl.
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