groupe de personnes devant un mur
Le mur symbolique démolli devant la futur maison de la diversité. Crédit : Nolwenn Jaumouillé

À la Croix-Rousse, lancement des travaux pour la maison de la diversité

Le chantier de la première maison en France dédiée aux seniors LGBTQI+ va débuter à Lyon. 16 mois de travaux pour une ouverture prévue à l'hiver 2024.

Devant l'entrée de la future maison de la diversité, ce vendredi matin, trônaient des drapeaux arc-en-ciel et un mur symbolique, que les futurs cohabitants ont démolli brique par brique. La vieille maison délabrée, bientôt détruit, laissera place dès l'automne 2024 à un nouvel édifice, que les premiers cohabitants et cohabitantes pourront investir dans la foulée. Filant la métaphore, l'adjointe au maire de Lyon Sandrine Runel, a salué "une façon de démollir aussi les préjugés qui gangrènent notre société" et "un projet pionnier fondé sur l'hospitalité qui s'inscrit dans la tradition lyonnaise de fraternité". Le président de la métropole de Lyon s'est de son côté félicité que la métropole, historiquement "terre d'innovation économique et technologique", soit devenu moteur "d'innovation sociale".

Au total, 15 logements composeront cet habitat inclusif, ainsi qu'une salle commune et une chambre d'amis. Des seniors "LGBTQI+, atteints du VIH ou hétéros alliés", a précisé la présidente des Audacieuses et des Audacieux, occuperont ces petits appartements indépendants (T1 ou T2). À l'initiative du projet, l'association est engagée en faveur du bien vieillir des personnes LGBT. L'un des logements sera également habité par un jeune, pour ajouter au projet une touche intergénérationnelle.

Ne pas retourner au placard

L'objectif d'une telle initiative est d'éviter aux personnes âgées LGBT de "retourner au placard" à l'heure de la retraite et leur permettre "d'être soi à tout âge". Un enjeu crucial, comme le souligne Christophe Dercamp, qui a pensé le projet avec Stéphane Sauvé, fondateur de l'association. "Quand on demande aux Ehpad s'ils ont des LGBT chez eux, ils nous disent toujours que non. Étonnant quand on sait que 10 à 12% de la population le sont", ironise-t-il. Pourtant, "il y a un million de seniors LGBT en France, 90% sans enfant, 65% qui vivent seuls et le taux de suicide est 2 à 7 fois plus élevé - 2 pour les femmes, 7 pour les hommes - que chez les seniors hétéros".

groupe de personnes qui chantent

Pour Louise, le projet est tombé à pic. Cette Croix-roussienne passait tous les jours depuis 18 ans devant cette maison, en espérant qu'y naisse un jour un habitat participatif. "Quand j'ai appris qu'un projet se dessinait, j'ai tout de suite contacté l'association". Chez elle, la crainte de vieillir seule n'a surgi que tardivement. "C'est en voyant mon père mourir en Ehpad à 101 ans que j'ai commencé à y penser. Mes frères et soeurs ont des enfants, ils sont dans d'autres rythmes de vie. Moi qui n'en ai pas, j'ai commencé à me poser cette question."

Recrutement des futurs cohabitants

À ce stade, une dizaine de cohabitants sont déjà pressentis comme elle pour rejoindre le projet. Le critère, qu'ils aient plus de 55 ans et soient "autonomes ou légèrement fragiles" précise Christophe Dercamp. "Et qu'ils aient envie d'entrer dans la dynamique des Audacieuses et des Audacieux". Par ailleurs, tous les candidats ne sont pas issus de la montagne au Gros caillou, "nous avons des personnes qui viennent de Dijon et de Normandie". Dans un premier temps, ces futurs "colocs" apprennent à se connaître et à passer du temps ensemble. "On a fait des weekends, on a une classe d'hiver prévue et on va à Berlin ensemble à la rentrée, c'est là qu'est née la toute première maison de la diversité".

Pour l'instant, "ça se passe bien", sourit Louise. "Ce n'est pas le monde des bisounours, on a nos caractères, mais nous avons tous les mêmes valeurs". Même si chacun aura son propre logement, cette grande indépendante habituée à vivre seule, a une seule crainte : perdre un peu de sa liberté. "C'est donc important que nous discutions bien de nos motivations communes et nos craintes, et qu'on soit chacun conscient de ce sur quoi on a à travailler pour que tout se passe au mieux".

À terme, les Audacieuses et les Audacieux ont pour objectif d'ouvrir 10 maisons de la diversité en 10 ans. Des projets avancent ainsi à Marseille, Saint-Denis ou Strasbourg.

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