Le dispositif a été signé vendredi 21 octobre à la Maison des Projets, dans le 7e arrondissement. Crédit : Nolwenn Jaumouillé

À la Guillotière, les maraudes du dispositif Ligne 37 auprès des "jeunes en errance" ont débuté

Depuis une semaine, une équipe de professionnels a commencé à aller à la rencontre des jeunes de la Guillotière pour mieux les connaître et proposer un accompagnement social et médical. L'initiative, baptisée Ligne 37, a été officiellement lancée ce vendredi 21 octobre.

Le "volet social" de la lutte contre les nuisances et l'insécurité à la Guillotière a été formellement lancé ce vendredi 21 octobre, à la Maison des Projets du 7e arrondissement, lieu ouvert en juillet par la mairie de Lyon à quelques pas de la place Gabriel-Péri. Après avoir renforcé la présence policière dans le secteur au cours des derniers mois, les pouvoirs publics entendent désormais combiner à "l'approche répressive" une autre réponse, de temps long cette fois, qui vise à prendre à bras le corps les "problématiques sociales, économiques, psychologiques et psychiatriques" sous-jacentes aux problèmes que connaît le quartier, comme l'a expliqué le maire de Lyon Grégory Doucet. "Pour qu'un jour la présence renforcée de la police devienne moins utile", ajoute Vanina Nicoli, préfète à l'Égalité des Chances.

Le projet, baptisé "Ligne 37" – en référence au 3e et au 7e arrondissement à la jonction desquels se situe la Guillotière – consiste à faire tourner plusieurs binômes dans l'ensemble du secteur – au-delà de la seule place Gabriel-Péri – de 9h à 18h pour l'instant, puis jusqu'à 21h à partir du mois de novembre, qui vont à la rencontre des "jeunes en errance" de la Guillotière, afin d'essayer d'entrer en contact et éventuellement de mettre en place un accompagnement – sur l'addiction aux médicaments ou aux drogues, sur la santé en général, ou encore sur des aspects administratifs.

Les problématiques étant multidimensionnelles, l'équipe embauchée est volontairement pluridisciplinaire, composée d'un médecin, d'une psychologue, d'un éducateur de la PJJ, de deux travailleurs sociaux, d'une infirmière, d'un médiateur santé père et d'un coordinateur. Porté conjointement par la Ville, la Métropole et l'État, qui financent l'initiative "à hauteur de 390 000€ chacun", et pilotée par l'association Le Mas, avec l'aide de deux autres structures, Capso et Alynea. À terme, les professionnels espèrent accompagner "environ 150 jeunes", précise Anthony Plasse, responsable opérationnel de Ligne 37 et salarié de l'association Le Mas. "Sans limite très stricte en matière d'âge, la cible est 16-25 ans mais on ne s'interdit pas d'accompagner un mineur plus jeune ou d'orienter une personne au-delà de 25 ans vers d'autres dispositifs".

Après un temps de formation des professionnels, notamment avec l'association parisienne Hors la Rue, les premières maraudes "exploratoires" ont débuté, mais leur déploiement est progressif sur le territoire. "Pour le moment, on se présente aux personnes du quartier, on tente de prendre notre place, d'être identifiés et reconnus. On a dû abordé 30 ou 40 jeunes environ pour le moment. Il y a deux jours, par exemple, un jeune qui avait une douleur à l'épaule s'est adressé à nous".

Le but de ces premières semaines est aussi "d'établir une grille de lecture et des indicateurs pour l'évaluation qui sera faite au fur et à mesure du projet, afin de permettre de le réajuster si besoin", explique Vanina Nicoli.

Des jeunes que l'on connaît mal

L'idée de cette approche, "qui s'inspire dans le mode d'action de la prévention spécialisée", explique Lucie Vacher, vice-présidente de la métropole à l'enfance, la famille et la jeunesse, est partie du constat que "peu de personnes allaient voir ce public, en dehors des forces de l'ordre, et qu'ils étaient mal connus des travailleurs sociaux". En amont du dispositif, une étude menée par l'association Trajectoires a permis de mieux comprendre "la situation d'emprise, dans la drogue mais aussi dans la délinquance", donc beaucoup de ces jeunes, souvent migrants "font l'objet, et leur habitude de l'errance".

L'objectif des maraudes est donc aussi de mieux connaître et de mieux faire connaître aux pouvoirs publics ces jeunes, leur situation et les dynamiques à l'oeuvre. "Les conventions prévoient les modalités de partage de l'information, précise la préfète. Bien sûr, si l'on identifie des gens acteurs voire des décideurs on ne va pas les traiter de la même façon qu'un gamin sous emprise médicamenteuse ou sous la coupe de personnes qui l'utilisent". 

À partir de janvier 2023, l'équipe devrait d'ailleurs disposer d'un "lieu de répit" afin d'offrir aux jeunes qui le souhaiteraient un espace où venir pendant la journée pour se reposer et rencontrer les professionnels. La métropole cherche encore un local, qui sera situé dans le quartier mais "un peu à l'écart de la place, notamment pour qu'ils puissent s'y rendre sans que leurs pairs ne les voient", comme l'explique Anthony Plasse.

À lire aussi : À la Guillotière, la mairie soutient un nouveau dispositif pour les “jeunes en errance”

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