Environ 110 policiers ont occupé la place Gabriel Péri et ses environs pendant près de deux heures ce mercredi 3 novembre, pour lutter contre la vente à la sauvette et les trafics dans ce secteur de la Guillotière. Une opération d’envergure pour "traiter tous les aspects de la délinquance" et "occuper le terrain" aux yeux des services de l’État, un énième coup de communication pour certains riverains. Reportage.
À la Guillotière, depuis des mois, voire des années, la place Gabriel Péri, aussi connue sous le nom de place du Pont, se retrouve sans cesse au coeur des débats sur l’insécurité dans le quartier. Mais, ces dernières semaines, la grogne des riverains et des commerçants s’est faite plus pressante alors qu’un certain nombre d’entre eux estiment que la situation a empiré depuis la crise sanitaire. Mi-octobre, les commerçants du quartier ont ainsi décidé de descendre dans la rue pour crier leur ras-le-bol aux pouvoirs publics, dans l’espoir d’être "enfin entendus", comme certains nous le confiaient alors.
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Si les réunions avec la municipalité, qui ont suivi cette première manifestation, n’ont pas rassuré les différents participants, les services de l’État, eux, ont décidé d’"occuper le terrain" en force et de montrer que les actions contre le marché de la misère et ses trafics en tout genre se poursuivent. Habitués aux interventions quotidiennes des équipages de la police municipale, les occupants de la place ont cette fois vu se déployer environ 110 membres des forces de l’ordre ce mercredi après-midi.
110 policiers mobilisés
Sur les coups de 15h15, sous un ciel menaçant, chargé de nuages qui laissent échapper quelques gouttes de pluie, CRS en tenues d’interventions, policiers municipaux, douaniers, DDSP et agents de la police aux frontières se déversent sur et autour de la place Gabriel Péri. Devant l’ampleur du dispositif policier, les petits vendeurs à la sauvette installés devant le McDonald’s ne tardent pas à prendre la poudre d’escampette, abandonnant sur place leurs marchandises composées de vêtements, chaussures, etc.
S’en suit alors, pendant plus d’une heure, un ballet d’agents de police, qui escortent, au milieu du trafic des voitures qui descendent le Cours Gambetta, des individus contrôlés sur la place du Pont. La plupart ont des traits jeunes et sont des étrangers en "situation irrégulière", nous confie un policier. Le dialogue entre les personnes contrôlées et les policiers n’est d’ailleurs pas toujours aisé. Difficile ainsi de s’assurer de leur âge, de leur nom, de leur nationalité, bref de leur identité.
Un certain nombre d’entre eux sont donc dirigés devant un véhicule dans lequel sont installés des agents de la police aux frontières qui procèdent aux vérifications d’usages. Selon les infractions, ils sont ensuite dirigés vers le service des douanes ou les officiers de la police judiciaire. La procédure semble bien rodée. Rien d'étonnant, puisque les différents services mobilisés n’en sont pas à leur première opération du genre sur la place.
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"Aujourd’hui on a mis le paquet"
"Évidemment que ce n’est pas comme ça tous les jours, aujourd’hui on a mis le paquet", commente le sous-préfet Julien Perroudon, en gardant un oeil sur l’opération en cours. Le représentant de l’État insiste toutefois sur le fait que derrière ces grandes opérations d’envergure, qui permettent de "traiter de tous les aspects de la délinquance rapidement", il y a des "opérations plus petites quotidiennement". D’ailleurs, ce déploiement de force suscite surprise et interrogations parmi les passants qui s’arrêtent pour commenter, filmer et interpeller les policiers et journalistes présents.
Un jeune cycliste qui traverse le quartier à vélo salue cette opération d’envergure, quand, un peu plus loin, deux hommes, la soixantaine passée, regardent la scène de manière désabusée. Habitants du quartier, ils sont loin d’être convaincus par une telle action puisque "dès qu’ils seront partis ça va recommencer". Ainsi, l’un d'eux regrette qu’il n’y ait pas "une présence policière constante sur la place", avant de regarder avec dégoût les détritus qui jonchent les abords de la bouche de métro et de lâcher dans un soupir un "c’est moche", chargé de tristesse.
116 contrôles, 20 interpellations
Julien Perroudon reconnaît d’ailleurs que "ce n’est pas ça [ces opérations, NDLR] qui va solutionner la situation. Mais on trouble, on gêne, on enraye les trafics, mais ça veut dire qu’il faut le faire manière régulière. Évidemment quand vous allez passer en journée sur la place Gabriel Péri vous allez trouver comme d’habitude un marché, avec des personnes qui vont vous vendre des cigarettes frelatées, des trafics de stupéfiants. Mais l’objectif c’est de combattre en pilonnant le terrain", même si, selon lui, "Il n’y a pas que le volet sécuritaire à prendre en compte".
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"On trouble, on gêne, on enraye les trafics, mais [...] Évidemment quand vous allez passer en journée sur la place Gabriel Péri vous allez trouver comme d’habitude un marché", Julien Perroudon sous-préfet
Néanmoins, depuis le début de l’année "près de 900 personnes ont été interpellées à la Guillotière", fait valoir le représentant de l’État et près de 4 000 personnes ont été controlées au cours de plus de 300 opérations, soit une opération d’envergure par jour. Il y a une quinzaine de jours, le préfet délégué à la sécurité, Ivan Bouchier, expliquait qu’actuellement "entre 400 et 500 personnes sont poursuivies".
Les chiffres de l’opération menée cette après-midi sont une nouvelle fois édifiants : 20 interpellations après 116 contrôles - dont cinq étrangers en situation irrégulière, qui ont été pris en charge par la police aux frontières - ou encore quatre personnes placées en garde à vue pour vente de cigarette à la sauvette et une autre pour le port d’une arme prohibée.
"Nous on veut une police de proximité, qui soit présente tous les jours et qui discute avec les commerçants et les habitants. Là, ils font venir les médias, la place est calme, c’est bien, mais parce qu’il y a 100 policiers", Michael, un membre de La Guillotière en Colère
"Ce sont des opérations de com'"
Pourtant, pour Michael, un riverain de la Guillotière en Colère, que nous avons croisé sur le terrain et qui vit au quotidien les différents problèmes du quartier, ce type d’opération "c’est toujours du one shot et ce n’est pas ce que l’on demande". Habitant du quartier depuis 5 ans, pour lui, "ce sont des opérations de com’. Nous on veut une police de proximité, qui soit présente tous les jours et qui discute avec les commerçants et les habitants comme on avait avant. Là, ils font venir les médias, la place est calme, c’est bien, mais parce qu’il y a 100 policiers", lâche-t-il amer.
"On ramasse entre 12 et 13 mètres cubes de déchets sur la place", un agent d'entretien employé par les services de la collectivité
Ce que confirme un agent d’entretien employé par les services de la collectivité, qui s’attelle à balayer et ramasser les déchets abandonnés sur la place du Pont par les vendeurs à la sauvette lors de leur fuite. Au milieu des policiers municipaux, il charge sans relâche des sacs de détritus dans une grande camionnette garée devant le McDonald’s, tout en commentant l’intervention : "c’est un jeu de cache-cache, la police vient, ils partent et laissent tout en plan et une demi-heure plus tard ils sont de retour", confie-t-il. Pendant ce temps, chaque après-midi, "entre 13 heures et 18 heures" il assure "on ramasse entre 12 et 13 mètres cubes de déchets sur la place", laissés par le marché de la misère.
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"12 et 13 mètres cubes de déchets sur la place"
"laissez par le marché de la misère" (z'aviez oublié ! 😉 )
Ainsi l'habitant "guillotière en colère" est bien un habitant "nouveau", qui a trouvé un appartement pas cher, ne s'est pas demandé pourquoi ce n'était pas cher, et maintenant veut que le quartier soit "nickel" pour... faire une belle plus-value ? J'ai bon ou je me trompe ? 🙂
"La société de la misère, soutenue pour tous ceux qui continuent à promouvoir l'usage de monnaie" !
Et oui. La misère est fabriquée par l'usage de monnaie.
- c'est un outil d'exclusion
- c'est un outil qui pousse à la raréfaction pour maintenir des prix rentable
- c'est un outil qui pousse à ne pas donner des connaissances à l'autre, parce que donner ses connaissances c'est en partie "donner son chiffre d'affaires", d'où les copyright et les brevets.
n'hésitez pas à copier coller tout ça la prochaine fois ! 😉
Extrait de quel livre, diatribe, pamphlet.. universitaire, politique, syndical ?
Merci pour la réponse !
Le mieux est que vous fassiez vos propres recherches pour trouver les sources vu que ce qui vient des autres est forcément "pas acceptable" 🙂
Janus et Abo sans doute issus du même sérail , un restant de collectivisation.
Galapiat, erreur sur la personne ! L'encart est extrait d'un post d' Abolition_de_la_monnaie.
Vous voulez vivre dans les ordures, le bruit, le deal, les embrouilles ? On va vous installer une tente sur la place, vous serez bien. Parfaitement conforme à ce genre de petit commentaire goguenard et gauchisant pitoyable.
Vous avez acheté combien et vous pensez revendre combien ? 😀
Combien la séance chez le psy ?
Vous devez mieux savoir que moi.
je parie que vous vous trompez
la place est assez connue , meme un nouvel arrivant ne commetrait pas cette erreur
par contre quelqu'un qui ne veur pas quitter un quartier qu'il aime je comprendrai cette réaction
Abo & associés bien à l’abri sans doute logement sociaux, au frais de la fédé.
@Jol :
la personne interviewée est là depuis 5 ans.
et ça fait environ 80 ans que le quartier est comme ça, même si la misère actuelle fait parler d'elle actuellement.
Donc à mon avis, derrière "la guille en colère", il n'y a pas que des habitants sincères mais aussi des intérêts financiers immobiliers. (voir l'immeuble en arc de cercle qui tombe en morceau depuis des décennies, et où personne ne veut réinvestir parce que la culbute ne sera pas assez importante (vu les immeubles derrières)).
Il suffirait de nettoyer trois ou quatre fois par jour la place au canon à eau, occupants compris, ce serait une mesure de simple hygiène parfaitement adaptée à cette période de pandémie.
Il faudra aussi "karchériser" les quartiers riches où les fraudeurs du fisc jouent avec des sommes largement plus grande et contribuent ainsi activement à la "pauvreté" de la France, non ?
😉