T'as le look coco ! Le mythique chocolatier fait peau neuve. Un palais en or.
D'aussi loin que Philippe Bernachon, le petit-fils du fondateur s'en souvienne, la boutique n'avait pas changé d'un iota depuis sa deuxième inauguration par le maire Raymond Barre.
On était fin des années 90. Le comité du patrimoine mondial de l’Unesco réuni à Kyoto le 5 décembre 1998 reconnaissait la "valeur universelle exceptionnelle" du site historique de Lyon, représentant 478 hectares. C’est à Raymond Barre que Lyon doit le label. Dans l'épais carnet d'adresses de l’ancien ministre du Commerce extérieur, ministre de l’Économie et des Finances et Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing fait le reste : le numéro direct de son ami Federico Mayor, alors directeur de l’Unesco. Ce dernier est intéressé que ce ne soit pas un gouvernement qui demande le classement mais une ville. Lyon est labellisé en dépit de la contestation des services parisiens de l’architecture et du patrimoine.
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Et parmi les valeurs universelles lyonnaises, il y a Bernachon, la plus prestigieuse adresse de chocolat de la ville, alors considéré comme le meilleur chocolatier de France (ce qui ne change pas aujourd'hui, les bons chocolatiers étant simplement plus nombreux). Raymond Barre ne s'était alors pas fait prier pour inaugurer la boutique du 42 cours Franklin Roosevelt, dans le chic 6e arrondissement. C'était, au final, une deuxième inauguration, la première ayant eu lieu, dans une petite indifférence lyonnaise, en 1953.
Bref. rien n'avait changé. Cela avait un petit côté régressif et rassurant qui seyait bien à la maison dont les recettes imaginées par Maurice Bernachon restaient les mêmes.
Le 22 octobre 2019, Bernachon, ouvrait sa première implantation parisienne, dans le (toujours) 6e arrondissement, mais de Paris, entre l'Hôtel Lutétia, emblématique 5 étoiles récemment rénové par Jean-Michel Wilmotte et Le Bon Marché, "la cathédrale du commerce moderne" écrivait en son temps Zola, et aujourd'hui considéré comme le plus chic des grands magasins parisiens.
Un budget de 2 millions d'euros
La sobriété et l’élégance du lieu qui reprend le doré de la maison et des déclinaisons sobres de beige et de marbre blanc trottent dans la tête de Philippe Bernachon et de ses soeurs Candice et Stéphanie.
"Ça a été un test, explique Philippe Bernachon. C'était décidé, on allait refaire la boutique de Lyon."
C'est l'agence Richard Bagur, architecte d'intérieur CFAI* qui est retenue, la même que pour la boutique parisienne.
* Le label CFAI (Conseil français des architectes d'intérieurs) rassemble des professionnels sélectionnés, non pas sur leurs diplômes, mais sur leurs compétences professionnelles et le respect des règles de la profession.
Couleurs, matériaux, lumières. Tout est repensé.
L'or est inspirée des "palets d'or", les chocolats mythiques de Bernachon. Verre laqué et tons chauds pour les habillages muraux. La lave émaillée, pour l'habillage de la vitrine, est le matériau historique de la maison. "On touche l'inconscient des Lyonnais pour faire le lien entre la boutique d'avant et celle d'aujourd'hui" décrit Richard Bagur. Les éclairages ont été pensés sur une trame verticale, dans un "esprit cathédrale" sur les plafonds à la française.
Une mappemonde à base de fèves cacao attire l'oeil dans la boutique, mettant en avant la matière première au chocolatier.
L'arrière boutique a, elle aussi, été refaite, comme les laboratoires de préparation des chocolats et le salon de thé-restaurant.
Bref. Bernachon, l'innovation dans la continuité.
"La maison Bernachon mérite d’être nommée l’Académie des sciences du chocolat et des beaux-arts de la gourmandise."
Le philosophe Michel Serres, grand ami de la famille
très très joli
mais pas pratique pour choisir
un souci de conception