Le ministre de l'Intérieur a présidé, ce vendredi dans l'agglomération de Lyon, la cérémonie de sortie des promotions des commissaires et des officiers de police, dans un contexte d'hostilité envers les forces de l'ordre.
La pluie tombait ce matin dans la cour d'honneur de l'école nationale supérieure de la police, à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, comme en écho au climat de haine et de malveillance anti-flics qui règne dans le pays depuis quelques semaines. Sale temps pour la police.
Ce vendredi, se déroulait la cérémonie annuelle de sortie de promotion des commissaires et des officiers de police, en présence du ministre de l'Intérieur. Un déplacement particulièrement attendu après les manifestations "contre les violences policières" qui ont éclaté un peu partout en France et après que le "premier flic de France" se soit mis à dos une grande partie des policiers qui lui reprochent de les avoir lâchés, contre les accusations dont ils sont la cible.
Mots doux
Pouvant faire les frais du prochain remaniement ministériel, Christophe Castaner joue donc depuis quelques jours les équilibristes pour satisfaire à la fois les collectifs qui se mobilisent "contre les violences policières" et les syndicats de police en demande légitime de soutien et de protection. Ce vendredi, devant les 58 commissaires et 70 officiers de police de la promotion 2020, le "premier flic de France" a joué le bourreau des cœurs en à grands renforts de mots doux : "nous sommes là et nous serons là pour vous défendre. Nous serons là pour défendre votre honneur, à chaque fois qu’il sera attaqué. Nous serons là parce que les enjeux et les défis sont trop grands. Vous n’êtes pas seuls."
Comme la veille à Melun, à l'endroit des gendarmes, le ministre de l'Intérieur a insisté sur le "respect" qui était dû aux policiers. "Lorsqu’on vous résiste, lorsqu’on vous attaque, vous êtes fondés à utiliser la force."
Il les a exhorté à être "fiers quels que soient les obstacles et les procès d'intention", à l'aune des crises "dont tous les ennemis de la loi et de la République veulent faire leur lit". Dans ce contexte de défiance d'une petite partie de la population (selon une enquête menée par l’université Savoie Mont Blanc, entre 2018 et 2019, 84,9% des personnes interrogées ont une "image positive" des forces de sécurité (policiers et gendarmes » quand 82% jugent leur comportement "professionnel" lors de leurs interventions), Christophe Castaner a tancé vertement "les députés (qui s'autorisent) à traiter les policiers de «barbares»" et les "élus ceints de l’écharpe tricolore, inaugurent à Stains, une fresque de la honte."
"Images trompeuses jetées en pâture"
Christophe Castaner a utilisé les mêmes mots qu'il avait énoncés aux gendarmes, quelques heures plus tôt : "les amalgames sont rapides et les anathèmes vite jetés. Des repères autrefois clairs sont aujourd’hui brouillés." S'il a rappelé les "grandes exigences" du gouvernement envers les policiers - "nous vous demandons de faire vivre le sens de la déontologie, de l’éthique, de l’exemplarité" - Christophe Castaner a également assuré que "les propos sont tronqués, déformés. Les images, trompeuses jetées en pâture sur les réseaux sociaux" réaffirmant "la généralisation des caméras piéton" de manière à ce que "les images puissent être communiquées, transmises, montrées pour établir ou rétablir les faits." Après un hommage à Marcel Leclerc, dont la promotion 2020 des commissaires porte le nom, "grand flic puis grand préfet" (figure emblématique du "36" et ancien préfet de la région Rhône-Alpes), le ministre de l'Intérieur - non sans rappeler les propos de son prédécesseur Gérard Collomb, lors de sa sortie de la Place Beauvau : "Aujourd’hui, on vit côte à côte. Moi, je le dis toujours : je crains que demain on vive face à face" - a expliqué que la sécurité ne devait pas devenir un "archipel, où chaque acteur se regarde mais vit et agit en parallèle" car, a-t-il précisé, "les enjeux de demain, c’est une police de la confiance, car nous ne devons jamais courir le risque de voir le lien entre la police et les populations se distendre."
Et Gérard Collomb d'expliquer à Lyon Capitale, en forme d'auto-satisfecit et de bilan de l'actuel ministre de l'Intérieur : "Depuis mon départ, la situation ne s’améliore pas", insistant sur son "extrême inquiétude de la dégradation de l’état social de Lyon et du pays."
La pluie a cessé, les nuages ont passé. "Le ministre nous a soupçonné, insinué une présomption de culpabilité. Pas sûr que ses mots rétablissent la confiance rompu" nous glisse un officier.