Entre 2019 et 2023, l’exécutif écologiste de la Métropole de Lyon évalue à près de 10% la baisse du trafic automobile dans l’agglomération. Une évolution, a priori, sans réelle incidence sur les bouchons.
Deux jours après avoir fait voter en conseil de la Métropole de Lyon un plan vélo de 500 millions d’euros, dans la continuité du plan piéton adopté en juin 2022, Bruno Bernard, le président de la collectivité, s’est attaché mercredi 31 janvier à dresser un tableau de l’évolution des mobilités dans l’agglomération. À un peu plus de deux ans des prochaines élections métropolitaines, celui-ci apparaît plutôt positif pour l’exécutif écologiste qui avance à marche forcée depuis le début de son mandat pour réduire la place de la voiture en ville.
Baisse de 17,5% du trafic automobile en hypercentre
En s’appuyant sur les données relevées sur 1167 dispositifs de comptages routiers répartis à travers le territoire de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard annonce une "baisse soutenue" du trafic automobile depuis 2019. Entre 2019 et 2023, celui-ci aurait baissé en moyenne de 10%, avec des disparités parfois fortes entre l’hypercentre et la périphérie. "La diminution est beaucoup plus forte en centralité et un peu moins forte à l’extérieur de la Métropole", précise Fabien Bagnon, le vice-président de la Métropole de Lyon en charge des mobilités.
"Chaque fois que l’on prend de la place à la voiture individuelle, l’objectif c’est de développer une alternative, c’est aussi pour cela que la congestion n’augmente pas plus"
Fabien Bagnon, vice-président de la Métropole de Lyon en charge des mobilités
Concrètement, en comparaison avec l’année 2019, le trafic automobile a baissé de 3,9% sur les voies rapides (M6, M7, périphérique, l’A43), de 9,5% sur le périphérique seul, de 13,3% à l’intérieur de la ZFE et très significativement de 17,5% dans l’hypercentre de l’agglomération. En se basant sur la dernière enquête de déplacement des ménages réalisée dans la Métropole de Lyon en 2015, qui faisait état de 1 700 000 voyages par jour en voiture dans l’agglomération, le nombre de voyages en voiture aurait ainsi été réduit de 170 000 par jour. Huit ans après sa réalisation, cette enquête sur laquelle se base la collectivité apparaît toutefois un peu datée. D’autant plus que la population de la Métropole de Lyon a augmenté ces dernières années, passant de 1 370 678 en 2015 à 1 424 069 en 2021, selon les recensements de l’Insee. Indicateur clé qui permet d’identifier les besoins de déplacement au niveau du territoire et de voir se dessiner les tendances sur les modes de transport, cette étude devrait d’ailleurs être actualisée d’ici à trois ans par la Métropole de Lyon.
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"Penser aux 60% qui se déplacent autrement qu’en voiture"
L’évolution n’en reste pas moins positive pour Bruno Bernard et ses équipes, surtout que sur la période 2019-2023 les bouchons seraient restés stables. "On a des temps de parcours qui sont relativement les mêmes", assure le président de la Métropole de Lyon. Prenant en exemple sept trajets types réalisés en heure de pointe (de 7 à 9 heures) entre la mairie de Tassin et l’hôtel de ville de Lyon, la mairie d’Oullins et Lyon Part-Dieu ou encore la mairie de Neuville-sur-Saône et Périca, l’élu écologiste soutient que les temps de parcours en 2023 "retrouvent les niveaux de ceux observés en 2018/2019", soit avant la crise sanitaire.
Certains pourraient arguer que ne pas réussir à faire baisser les bouchons est plutôt négatif, mais pour Bruno Bernard il s’agit bien là d’un point positif alors que la collectivité tend à réduire le nombre de voies de circulation automobile pour faire de la place aux vélos, aux piétons et aux transports en commun. "Notre objectif il est clair, c’est de faire diminuer la place de la voiture individuelle, mais ce n’est pas de faire en sorte que quand on prend sa voiture on mette deux fois plus de temps. Il faut que l’on trouve un équilibre, mais aussi se souvenir que dans l’étude des ménages de 2015 la voiture occupait 40% des déplacements sur la métropole, donc il faut penser aux 60% qui se déplacent autrement qu’en voiture", fait valoir le président de la Métropole de Lyon.
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Explosion de la pratique du vélo de +50%
Pour autant, difficile de savoir si la seule réduction de voirie au profit d’autres mobilités est responsable en grande partie de cette baisse du trafic automobile. Du côté de la Métropole de Lyon, on reconnaît que les nombreux travaux en cours sur la voirie lyonnaise, qui vont d’ailleurs s’accélérer en 2024, sont aussi en partie responsables, tout comme le télétravail dont l’impact, bien que là aussi difficilement quantifiable, pourrait être très important.
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Si l’on s’intéresse à l’évolution des différents modes de transport entre 2019 et 2023, on constate déjà quelques effets notables. Alors que l’utilisation de la voiture a diminué de 10% et que la fréquentation des transports en commun n’a baissé que de 1,8%, revenant donc quasiment à son niveau d’avant Covid-19 après avoir chuté de 35% en 2020, en parallèle la pratique du vélo (et trottinettes) a explosé, augmentant de plus de 53%. De quoi conforter la collectivité dans le déploiement de son réseau cyclable, qui devrait, à terme, s’étendre sur 2 000 km.
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Donc une ville apaisée !