@Antoine Merlet

A Lyon, Grégory Doucet se donne du temps pour la Guillotiere

A l'occasion d'une visite de deux commissariats de la Guillotière, le maire de Lyon est revenu sur la situation critique et polémique de la place Gabriel Péri.

Quatre jours après des tirs de mortier au beau milieu de la place Gabriel Péri, noire de monde, coté MacDonald's, le maire de Lyon et le préfet du Rhône et de la région Auvergne-Rhône-Alpes, représentant local de l'Etat, étaient en visite de terrain dans le commissariat des 3e/6e arrondissements (place Bahadourian) et dans le nouveau poste de police de proximité du 7e arrondissement, au coeur du quartier de la Guillotière. "L'idée est d'aller à la rencontre de ceux qui font la tranquilité publique et de traduire concrètement les réunions avec le préfet sur ces questions" a déclaré Grégory Doucet.

https://twitter.com/Guill_encolere/status/1349301686532243456?s=20

Le choix des deux commissariats n'est pas anodin, la Guillotière étant au coeur des débats depuis le printemps dernier avec une flambée de rixes, d'échauffourées, de passages à tabac, de coups de couteaux et de coups de feu.

Lire : La Guillotière à Lyon : de l’autre côté du pont, les échauffourées

"Je ne sais pas si on peut parler d'un point noir, a poursuivi Pascal Mailhos, c'est en tous cas un des poins d'attention." 

Priorité du mandat

Un "point d'attention" dont le maire de Lyon, notamment sous la pression grandissante des habitants et des collectifs locaux, veut faire l'une des priorités de son mandat.

Car aucun endroit de Lyon (qui plus est juste en face de la place Bellecour) ne semble accumuler autant d'attributs négatifs. Stups, prostitution, trafics en tous genres, incivilités, désordres, rébellion, etc., la place Gabriel-Péri est une zone d'interconnexion, de chalandise où l'offre et la demande s'entrecroisent. Une terre d'asile historique devenue, au fil des années, une terre brûlée. En particulier un 'pentagone', côté 7e, entre la sortie de métro, la station de tram et les commerces, à peine plus grand qu'un terrain de basket qui concentre marché sauvage et divers trafics (cigarettes de contrebande, drogues, portables).

C'est d’ailleurs ici qu'en mars dernier Grégory Doucet, alors simple candidat, s'était fait prendre à partie et chasser, quasi manu militari, aux côtés de sa tête de liste Fanny Dubot (aujourd’hui maire du 7e arrondissement) par un groupe d'une quinzaine de personnes, la plupart du collectif 'La Guillotière n’est pas à vendre", proche de la mouvance anarcho-libertaire. Premiers pas, premiers couacs.

Concertation citoyenne

Pas sûr que les seconds pas à la Guillotière du - dorénavant -  maire de Lyon soient plus appréciés, les habitants estimant que le temps du diagnostic est terminé et celui des solutions concrètes arrivé.

Un rapport leur donne d'ailleurs raison. En octobre 2019, le cabinet Sur&tis, spécialisé en prévention et management des risques (fondé par l'ancien directeur de la supervision globale de la Ville de Lyon et un commissaire divisionnaire honoraire de la police nationale), a remis, sur commande de la ville, une "Étude relative à la place Gabriel-Péri en matière de sécurité et de tranquillité publiques", avec des pages entières de diagnostics en tous genres faits par les services de l'Etat, de la ville, les habitants, les associations, les commerçants, etc., et des solutions sous forme de plan d'action précis.

Lire : Guillotière : le défi symbolique de Grégory Doucet

Mais pour le maire de Lyon, tout commence en réalité. "On a besoin d'aller bien plus loin dans la concertation pour que les solutions soient apportées par différentes acteurs. Chacun doit apporter sa part de travail. Se mettre autour de la table n'est pas fuir le problème."

Sauf que dans les faits, cela fait des années que tout le monde se met à table.

Grégory Doucet a donc annoncé le début d'une concertation citoyenne à la fin du mois. "La première échéance du processus de concertation avec les habitants débutera mardi 26 janvier." Requalification et réaménagement de l'espace public, programme pour le futur "pavillon" pour des activités de lien social (côté 7e est), transfert de la station de tram à 150 m au nord côté cours de la Liberté (3e), création d'une liaison urbaine entre la place Gabriel Péri et la rue de Marseille en restructurant celle-ci, en faisant circuler le tram en plateforme centrale et en aménageant de part et d’autre des espaces partagés et des circulations douces, fonction urbaine et d'agrément à la place Gabriel-Péri côté 3e, démolition du Clip, double bâtiment vitré et déliquescent emblématique de la place Gabriel Péri (soutenue par la plupart des acteurs mais aujourd'hui remise en cause pour des raisons de coût), etc., les habitants sont invités à donner leur avis sur tout... jusqu'à la faisabilité d'un aménagement de toilettes publiques.

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