L'annonce de sa mise en retrait "de toute expression publique" mercredi 6 novembre semble signer l'épilogue d'une rupture consommée entre Nathalie Perrin-Gilbert et la majorité municipale à Lyon, y compris au sein de son groupe.
"Ce qu'elle a fait sur Bellecour est très grave, elle a rompu la confidentialité des échanges". Déjà isolée au sein de la majorité, Nathalie Perrin-Gilbert en a peut-être été définitivement rayée lorsque, le 29 octobre, Lyon Capitale publiait les éléments d'un courrier que son groupe Lyon en commun - signé par le président David Souvestre - a adressé au maire de Lyon, Grégory Doucet, demandant un examen public du projet retenu pour la végétalisation de la place Bellecour.
NPG isolée au sein de son propre groupe ?
Si certains avaient trouvé opportun de faire fuiter le projet, lui aussi confidentiel par ailleurs mais sans en montrer les visuels bien sûr, dans les colonnes de nos confrères de Tribune de Lyon, le courrier du groupe révélait lui aussi et selon un membre de l'exécutif écologiste, des éléments de la Commission d'appel d'offre purement confidentiels. "C'est allé trop loin" confie un élu de la majorité. "Le problème ce n'est pas le courrier, c'est qu'il fuite dans la presse", assène-t-on dans les couloirs de l'Hôtel de Ville, convaincu que l'ex-adjointe est à l'origine de la fuite. "On a besoin de pouvoir travailler en confiance."
Résultat, dans un communiqué laconique diffusé à la presse mercredi 6 novembre, NPG annonce, "au regard des pressions exercées sur le groupe Lyon en Commun tant à la Ville qu'à la Métropole", se "mettre en retrait de toute réunion et expression publiques pour une durée indéterminée à ce jour". Contactée, l'ancienne adjointe à la culture n'a pas répondu à nos sollicitations. "Je prends cette décision en responsabilité dans le souci de préserver l'intégrité du groupe Lyon en commun et afin que nos 17 élus puissent poursuivre leur travail dans leurs arrondissements, dans la ville et la Métropole de Lyon", explique-t-elle.
"On a besoin de pouvoir travailler en confiance"
Si certains dans les travées de l'Hôtel de Ville évoquent "un coup de pression du maire", la majorité paraît quant à elle très sereine et évoque la possibilité d'une rupture de confiance au sein de Lyon en commun. "Son groupe n'était même pas au courant de sa décision de mise en retrait", glisse ainsi un conseiller de l'exécutif. "Nous n'avons aucun problème à travailler avec les membres de son groupe. On discute beaucoup avec eux. Est-ce qu'elle doit quitter Lyon en commun ? C'est un sujet interne, nous n'avons pas à leur dire quoi faire", assure également un élu du groupe écologiste. En sus de l'épisode Bellecour, dont le projet de végétalisation sera présenté mardi 12 novembre, les membres de la majorité reprochent également à Nathalie Perrin-Gilbert ses déclarations dans Lyon Capitale "torpillant la politique éducative et sociale des partenaires", glisse-t-on dans la majorité.
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Dans le numéro d'octobre, NPG s'interrogeait en ces termes : "Je ne suis pas sûre qu'ils (l'exécutif, Ndlr) aient réussi une réelle transformation en matière de politique sociale et éducative." L'élue évoquait également, au sujet bien spécifique de la Guillotière et non sur l'action politique globale de la mairie, "des élus qui réfléchissaient évènement et communication", quand elle, plaçait "la question de l'école au coeur de ce qu'on a à faire", et interrogeait "la politique publique de l'habitat". Contactée, la mairie indique de son côté ne pas avoir de commentaire à faire. "Je pense simplement qu'elle s'est isolée toute seule, y compris au sein de son groupe", conclut un membre de la majorité.
"Il faut toujours porter attention aux voix un peu libres qui s'élèvent parfois dans cet hémicyle"
La situation ne concerne d'ailleurs pas uniquement la mairie. Selon nos informations, l'attitude de NPG lors du conseil métropolitain du 30 septembre à propos de la baisse de subvention de fonctionnement pour 2024 au musée des Confluences a passablement agacé Bruno Bernard qui aurait rappelé à l'ordre l'élue.
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Enfin, si Nathalie Perrin-Gilbert dérange tant, c'est aussi parce qu'elle a depuis son éviction de l'exécutif municipal, endossé un rôle d'opposante sur le fond que son sens du verbe met en lumière, notamment dans les médias. Un rôle que personne jusqu'alors n'avait pris la responsabilité d'endosser à la Ville comme à la Métropole, et qu'elle devrait tenir jusqu'en 2026. "Je dirais qu’il faut toujours porter attention aux voix un peu libres, et surtout citoyennes, qui s’élèvent parfois dans cet hémicycle. Car elles vont rarement à l’encontre de notre intérêt commun", avait-elle lancé comme un mantra en septembre dernier alors qu'un rapport de la Chambre régionale des comptes confirmait des pratiques irrégulières de don d'électricité de la Ville à l'entreprise JCDecaux. Pratiques qu'elle avait été bien seule à dénoncer en novembre 2018.
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