Plusieurs bâtiments doivent être détruits. (Photo Amaury Perrin)

À Lyon, la transformation de la route de Genas inquiète les riverains

Le futur bus à haut niveau de service devant relier la Part-Dieu et les Sept-Chemins inquiète les riverains de la route de Genas. Le projet implique un élargissement de la voie publique. Les commerçants et habitants du quartier ont formé un collectif pour porter ensemble leurs revendications. 

La Métropole et le Sytral ont décidé de créer un bus à haut niveau de service (BHNS) pour relier la Part-Dieu et les Sept-Chemins en 25 minutes. Ce “superbus”, dont la vitesse sera au moins équivalente à celle d’un tramway, “circulera en continu de 4h30 à 0h30”, d’après le Sytral, autorité organisatrice des transports en commun lyonnais. Le projet est toutefois loin de faire l’unanimité chez les riverains de la route de Genas où plusieurs bâtiments qui empiètent sur le tracé doivent être détruits. 

Un projet aux conséquences “désastreuses

Comme annoncé dans le projet, la route de Genas sera divisée entre une voie centrale surélevée pour les BHNS, deux voies à sens unique pour les voitures, une voie cyclable à double sens, ainsi que des trottoirs piétons. Le tout doit ainsi s’étendre sur 24,50 mètres. Ce qui n’est “pas adapté à la vie du quartier”, selon Sandrine Claudin, porte-parole du collectif route de Genas. Cette dernière estime que “si demain un camion de livraison s’arrête pour faire son travail, tout sera bloqué et ça bouchonnera jusqu’au périph”. 

La route de Genas sera divisée entre une voie centrale surélevée pour les BHNS, deux voies à sens unique pour les voitures, une voie cyclable à double sens, ainsi que des trottoirs piétons.

D’après le collectif, le projet fera perdre la moitié de son parking à la boulangerie Panéo, alors que cet espace de stationnement est “laissé en libre service par les propriétaires” et “bénéficie à tous les commerces avoisinants”. Une partie de la boulangerie devra également être rasée, tout comme le commerce Tony pièces auto, un local commercial et une maison où vit une famille depuis 60 ans. 

Un premier aménagement léger avait déjà été entrepris il y a deux ans par la métropole pour installer des barrières entre le trottoir et la route. La titulaire de la pharmacie du coin, en activité depuis 15 ans, n’avait pas vu d’un bon œil cette première installation, tout comme elle ne valide pas le projet de BHNS. “On a été désagréablement surpris, on ne nous a pas prévenus et on est mis devant le fait accompli”, déplore Valérie Molle qui, depuis, dit subir une perte d’activité. 

“C’est le brouillard total”

À l’origine, le plan local d’urbanisme de 2019 ne prévoyait que l’installation du BHNS, mais une voie lyonnaise est venue par la suite s’ajouter au projet, l’étendant de trois mètres supplémentaires. “Cela ne passe plus, il n’y a pas la place pour des trottoirs, des arbres, une route, un bus et une piste cyclable”, estime la porte-parole du collectif. 

Finalement on ne sait pas où on va, c’est le brouillard total. Et on n’a pas plus de détails parce qu’on ne veut pas nous en donner"

Abdelkader Harbaoui, le co-propriétaire de la boulangerie Panéo

Pour les riverains, le manque de transparence et de réponse de la part de la Métropole et du Sytral ajoute au désarroi des commerçants et habitants, qui avaient cru pouvoir obtenir quelques places de stationnement pour personne à mobilité réduite et des espaces de livraisons. “Finalement on ne sait pas où on va, c’est le brouillard total. Et on n’a pas plus de détails parce qu’on ne veut pas nous en donner”, affirme Abdelkader Harbaoui, le co-propriétaire de la boulangerie Panéo. À les entendre, les riverains auraient pour seule source d’informations les concertations de Sytral mises en ligne. 

Le collectif et la ville de Bron disent ainsi avoir écrit aux auteurs du projet et n’avoir reçu aucune une réponse, un “mail envoyé à tout le monde” leur fournissant “un numéro à appeler”. “C’est comme ça qu’on a été informés des expropriations. On nous a demandé de ne rien dire”, assure-le collectif. 

Affaire à suivre

Ayant contacté la métropole de Lyon, le collectif soutient n’avoir obtenu qu’une réponse de l’opposition. “On a écrit aux élus de Villeurbanne, Vaulx-en-Velin et Bron et seuls ces derniers nous ont répondu”. Les commerçants et habitants du quartier expliquent vouloir participer au projet qu’ils ne considèrent pas “illogique”. "On ne conteste pas le bien-fondé de l’écologie et des transports doux, mais il y a l’art et la manière”, explique le co-propriétaire de la boulangerie. 

Pour la métropole et le Sytral, cet aménagement serait bénéfique à la route de Genas qui est souvent congestionnée. Des réunions publiques devraient ainsi être organisées, mais “pour informer et répondre aux questions”, selon Vincent Monot, vice-président du Sytral, et non pour “revenir sur les aspects structurants du projet”. Les riverains, eux,  attendent “de la discussion” et veulent “rattraper le temps perdu”. Mais pour l’instant, “la vie continue, il fait beau, les clients sont là et on a une grosse charge de travail”, indique Abdelkader Harbaoui malgré la menace d’une fin d’activité pour la boulangerie qu’il tient avec son frère. “Heureusement on est unis, l’union fait la force”, dit-il.

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