A Lyon, le consulat américain lance une association en faveur des minorités

EXCLUSIF - Jeudi 2 décembre, le consul américain de Lyon a lancé l’association "Confluence pour le Respect et la Diversité". Une structure qui s’inscrit dans la politique offensive des Etats-Unis en faveur des minorités et particulièrement de la "minorité musulmane". Une première en France.

C’est dans les salons chics de la Maison Borie, dans le quartier d’affaires de Gerland, que le lancement de l’association "Confluence pour le Respect et la Diversité" a eu lieu, le 2 décembre. Au centre d’une quarantaine d’invités, le nouveau consul des Etats-Unis, Mark Schapiro, arrivé en septembre dernier, a logiquement soutenu le projet "Confluence", en gestation depuis deux ans. Une association qui ambitionne, selon la plaquette de présentation, "la création, l’animation et la gestion, à Lyon, d’un Centre dédié à la diversité et à la lutte contre les discriminations". "On a rêvé à la Villa Médicis", précise la présidente Martine Ledro Salmaso. Rien de moins.

Une première associative

Ce projet est le fruit, toujours selon la présentation officielle, d’un "partenariat entre la Région Rhône-Alpes et le Département d’Etat américain". Surtout le Département d’Etat, l’équivalent du ministère des affaires étrangères français. On savait les Etats-Unis très impliqués, en France, concernant la question de la diversité. Mais pour la première fois, un consulat est à l’initiative de la création d’une association sur cette thématique et siège au sein de son conseil d’administration, à travers son attaché culturel, Victor Vitelli. Cette action s’inscrit dans la politique américaine de promotion des minorités et particulièrement des élites issus de la "minorité musulmane", pour reprendre les termes du Département d’Etat, dans une optique de prévention du terrorisme et d’amélioration de l’image des Etats-Unis, suite à la "croisade" post-11 septembre lancée par George Bush (lire ici notre article paru dans le mensuel Lyon Capitale d'octobre 2010).

Echange d’expériences ou ingérence ?

En s’intéressant aux "respects des minorités", les Etats-Unis se mêlent-ils de ce qui ne les regardent pas ? Interrogé sur le sujet, le consul Mark Schapiro reste très prudent : "La France et les Etats-Unis ont les mêmes défis à relever mais ont des approches différentes. On peut apprendre l’un de l’autre. Nous ne sommes pas là en professeur. C’est un partenariat en toute amitié". Pourtant, la veille du lancement de l’association "Confluence", le journal Le Monde révélait, grâce à Wikileaks, le point de vue de l’ambassade américaine à travers quelques télégrammes au ton beaucoup moins diplomatique : "Le vrai problème est l’échec de la France blanche et chrétienne à considérer ses compatriotes à la peau sombre et musulmans comme des citoyens à part entière", écrivait l’ancien ambassadeur Craig Stapleton, le 9 novembre 2005. "Nous estimons que si la France, sur une longue période, ne réussit pas à améliorer les perspectives de ses minorités et à leur offrir une véritable représentation politique, elle pourrait s’affaiblir, être plus divisée, peut-être encline à des crises et repliée sur elle-même – en conséquence, être un allié moins efficace", précisait Charles Rivkin, l’actuel ambassadeur, le 19 janvier 2010. Dans le même télégramme, ce dernier demandait, à ses supérieurs du Département d’Etat, le renforcement des programmes américains en faveur des minorités.

"Pas une officine"

Dans l’orbite des Etats-Unis, les dirigeants de "Confluence" refusent d’être considérés comme une "officine" de l’Oncle Sam. "Ce n’est ni l’officine des Etats-Unis, ni d’un parti politique. Il s’agit d’un espace de rencontre et de réflexion non partisan", répète Abdelaziz Dahhassi, le directeur de l’association. Le jour du lancement, la forte présence du corps consulaire (les consuls de Turquie et de Tunisie ainsi que le vice-consul du Maroc accompagné de deux représentants de la AttijariWafa Bank) montre également la volonté affichée des Etats-Unis de "partager" cette question de la diversité. D’où la première manifestation qu’organisera l’association au premier semestre 2011 : une conférence qui va réunir les consuls présents à Lyon pour débattre de "la vision des pays d’origine des communautés dont est issue la diversité", explique Abdelaziz Dahhassi. D’ici là, l’association "Confluence" va partir à la recherche de fonds publics et privés. Car, pour le moment, les Etats-Unis n’apportent qu’un soutien symbolique. Mais les symboles sont forts.

Légende photo 1 : Le consul américain Mark Schapiro, avec à sa gauche, la présidente de l'association "Confluence", Martine Ledro Salmaso, et à sa droite, les deux représentants de la AttijariWafa Bank, le vice-consul du Maroc et le consul de Turquie.

Légende photo 2 : Le consul Mark Schapiro

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