À Lyon, le mur de la colère des étudiants dentistes

En grève depuis janvier, les étudiants en chirurgie dentaire de Lyon manifestent contre l’assurance maladie et la ministre de la Santé, qui veulent imposer des tarifs qu’ils considèrent "insuffisants" pour l’exercice de la fonction de dentiste. Ils ont monté un mur de briques devant le service de consultation et de traitement dentaire des Hospices civils de Lyon (HCL), ce mardi, en guise de protestation.

Les étudiants en chirurgie dentaire de Lyon ne décolèrent pas. En grève hospitalière depuis janvier, ils n’assurent plus leur service d’internat dans les centres de soin des HCL. Ils protestent contre la décision, du ministère de la Santé, d’imposer des tarifs qu’ils jugent insuffisants pour des soins dentaires. Le mouvement de grève est national, il a été lancé par l’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD).

"Un saupoudrage de quelques euros"

Les conditions d’exercice de la profession de dentiste sont régies par une convention, négociée tous les cinq ans, entre les syndicats représentatifs de la profession et les caisses de remboursement des soins.

Les négociations, commencées en septembre dernier, ont abouti à une proposition de l’assurance maladie : plafonner les tarifs des prothèses dentaires et revaloriser les tarifs des soins "basiques", dits opposables. Malgré les 806 millions d’euros proposés par l’assurance maladie, la revalorisation des soins opposables n’est pas suffisante pour les syndicats et les organisations étudiantes. "C’est un saupoudrage de quelques euros sur quelques soins choisis au hasard", se plaint Matthieu Moreno, président de l’association des étudiants en chirurgie dentaire de Lyon (AECDL), à Lyon Capitale.

Cette proposition suit la ligne de conduite de la ministre de la santé, Marisol Touraine, qui veut rendre les soins dentaires, connus pour être onéreux, accessibles à tous. Suite au refus de la proposition initiale par les syndicats, Marisol Touraine a chargé un arbitre, Bertrand Fragonard, magistrat à la Cour des comptes, d’écrire la nouvelle convention pour les cinq ans à venir. Un dispositif qui "s’apparente à un 49.3", s’insurge l’union des étudiants dans un communiqué.

"Un combat pour les patients"

A Lyon, les étudiants en chirurgie dentaire veulent un retour aux négociations, ce qui permettrait d’aboutir à un accord "plus juste". L’association souhaite une revalorisation importante des soins de base par souci de prévention et de qualité. "C’est un combat pour que les patients soient soignés correctement. Il faut se focaliser sur les soins de base et faire de la prévention pour justement éviter de poser des prothèses", a déclaré Guillaume Laroche, étudiant en chirurgie dentaire de Lyon 1, à Lyon Capitale.

"Les tarifs n’ont pas été revalorisés depuis 30 ans et ils ne nous permettent pas d’appliquer les techniques de pointe qu’on apprend à l’université", explique Matthieu Moreno. "Les soins de base sont donc réalisés à perte par les dentistes. Nous préférons qu’ils soient mieux pris en charge, quitte à supprimer le remboursement des prothèses", ajoute-t-il. Étant donné que les dépassements d’honoraires sont interdits, la revalorisation financière des soins de base profiterait aux dentistes, qui seraient ainsi mieux payés à la fin du mois.

D’un autre côté, l’AECDL pointe du doigt les centres de soin low-cost, que la proposition de l’assurance maladie "favorise"selon elle. Des tarifs trop bas ne permettraient pas aux dentistes de prodiguer des soins de qualité. "C’est un danger pour la santé publique", dénonce Matthieu Moreno. On se rappelle de l’affaire Dentexia où "des patients ont été mutilés et on les soigne aujourd’hui dans les hôpitaux aux frais du contribuable", blâme Guillaume Laroche qui s’est occupé d’une vingtaine de patients victimes de Dentexia.

Les associations étudiantes sont donc dans l’attente de découvrir la convention rédigée par Bertrand Fragonard, rendue ce mardi à la ministre de la Santé. Pendant ce temps et à l'image du mur de briques monté devant le service de consultation et de traitement dentaire des Hospices civils de Lyon (HCL), les étudiants lyonnais comptent faire "une action par jour cette semaine", a déclaré Matthieu Moreno, afin d"imager leur combat".

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