L'ensemble des évêques de France (CEF) s'est réuni à Lyon, ce 14 et 15 juin, lors d'une assemblée avec des laïcs afin de produire une synthèse des contributions récoltées dans toute la France depuis octobre 2021.
Lyon a été choisie par la Conférence des évêques de France pour être la ville où s'est clôturé le synode sur la "synodalité". Comprendre : une démarche mondiale, lancée par le pape François, afin de récolter les idées, les contributions et les demandes de changements des fidèles. L'idée est de faire remonter ces remarques depuis la base de l'Eglise vers le haut, soit les autorités du Saint-Siège - en passant au préalable par l'étape continentale - avant la fin 2023. Depuis octobre 2021, chaque diocèse a ainsi lancé des groupes de travail et collecté les informations. En tout, 150 000 personnes ont participé en France, à travers des réunions impliquant les paroisses, les mouvements, et les congrégations religieuses de l'Eglise.
120 évêques au travail à Lyon
Les 120 évêques de France se sont ensuite réunis à Lyon ce mardi et ce mercredi de juin, avec une centaine de laïcs , afin de produire une synthèse de 10 pages de ces contributions. Ce document sera ensuite envoyé à Rome, avec un autre texte voté par les évêques "afin de donner une qualification aux contributions des fidèles" explique Mgr de Moulins-Beaufort, président de la CEF, et ainsi apporter leur propre contribution.
Un texte relevant les espérances et les absences des contributions :
Dans les grandes lignes, les évêques soulignent ainsi plusieurs points, notamment "la souffrance et les attentes des femmes dans l'Eglise alors qu'elles sont nombreuses", et "l'apparent décalage entre ce qu'est le ministère de prêtre et ce qui est attendu concrètement d'eux". Ils pointent aussi, parmi les espérances, l'inspiration des "plus petits et des plus pauvres" pour l'Eglise, tout en déplorant la dévalorisation du célibat des prêtres, et le manque d'intérêt pour "l'écologie intégrale et la solidarité internationale". Enfin, les clercs regrettent l'absence de contribution des jeunes catholiques, peu impliqués dans la démarche.
Des sujets passés sous silence : les violences sexuelles...
Au cours d'une conférence de presse, les autorités de l'Eglise de France ont pu exprimer leurs impressions après ce temps de travail fermé à la presse. L'occasion, pour Mgr de Moulins-Beaufort, de relever l'étonnement des évêques quant à la faible place de la "mission"(NDLR : comprendre l'évangélisation) parmi les attentes des fidèles. Si tous ont développé sur le caractère historique de l'initiative et sur "la joie" d'effectuer cette démarche, plusieurs sujets n'ont pas été abordés par les clercs avant que les médias ne posent des questions. Parmi celles-ci, le thème des violences sexuelles dans l'Eglise, pourtant très médiatique depuis la succession de scandales qui ont frappé l'Eglise ainsi que le rapport Sauvé rendu en 2021, faisant état de plusieurs centaines de milliers de victimes. Ni la synthèse des contributions des fidèles, ni le texte des évêques ne les évoquent directement. Interrogé sur le sujet, Mgr Joly, l'évêque de Troyes et membre de l'équipe ayant rédigé la «collecte nationale», a répondu en insistant sur "la nécessité que nos églises soient sûres".
Et la suspension des ordinations dans le diocèse de Toulon :
Pareillement, peu de choses sur la suspension des ordinations des séminaristes du diocèse de Toulon-Fréjus, ordonnée par le Vatican début juin. Un événement tellement rare et violent - à trois semaines des ordinations - qu'il aurait pu faire varier les conclusions de la synthèse. "On ne sait encore rien sur cette suspension. Nous sommes restés concentrés sur la synthèse. Pourquoi parler si c'est pour raconter des impressions ?" demande Mgr Joly.
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