En 2022, à Lyon, 118 restaurants ont cessé leur activité contre 430 ouvertures, mais plus de la moitié en restauration rapide.
L’inflation n’épargne aucun secteur, encore moins celui de la restauration. Les professionnels souffrent depuis la crise du Covid-19, et cela s’accompagne désormais de l’inflation depuis un an. Entre les prix de l’énergie qui explosent et les remboursements du prêt garanti par l’État (PGE), le secteur est fragilisé et beaucoup craignent des fermetures en cascade.
Thierry Fontaine, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) du Rhône, tire la sonnette d’alarme. "Tous les prix ont bondi. Si rien ne change, on ne va pas s’en sortir." Depuis un an, le syndicat affirme avoir vu les dépôts de bilan doubler au niveau national, et la région lyonnaise suivrait cette même trajectoire.
Lire aussi : Le Monopoly des restaurants lyonnais
Pour autant, si l’on constate autant de restaurants à la vente actuellement, cela est surtout dû à la stagnation du marché de l’immobilier. Depuis le début de l’année, on observe "un rallongement des délais de vente, un soutien moindre des partenaires financiers, traduit par des taux d’intérêt en forte hausse et une demande d’apport et de garanties plus fournies de la part des porteurs de projets", analyse Pascal Idoux, spécialiste en transaction immobilière pour le cabinet lyonnais Hermès. Une situation compliquée pour les restaurateurs, mais qui ne se traduit donc pas par des fermetures consécutives, pour le moment.
A Lyon, une hausse du nombre de restaurants à la vente
Pascal Idoux, spécialiste en transaction immobilière pour le cabinet lyonnais Hermès
due à "un rallongement des délais de vente et un soutien moindre des partenaires financiers"
Une situation à relativiser ?
Dans ce climat d’inquiétude, Miahela Neaga conseillère CHR (cafés, hôtels et restaurants) à la chambre du commerce et de l’industrie (CCI) de Lyon tient à relativiser la situation. "Dans le secteur de la restauration, on a beaucoup de "turn-over’", cela n’a rien d’alarmant. C’est un secteur qui change beaucoup.". Les chiffres publiés en février affichent d’ailleurs un seuil positif pour l’année 2022 : 118 établissements ont cessé leur activité contre 430 ouvertures mais dont 248 ouvertures en restauration rapide. Mais certains restaurants restent plus impactés. Ainsi, les établissements présents dans le centre-ville pâtiraient moins de la situation que ceux dans les centres d’affaires. "Le télétravail a impacté le chiffre d’affaires de ces restaurants", poursuit la CCI.
"Ce qui m'inquiète, c'est que ce sont les restaurants traditionnels qui seront les plus impactés, pas la restauration rapide."
Thierry Fontaine, président de l'Umih du Rhône
C'est là que le bât blesse pour Thierry Fontaine. "Ce qui m'inquiète, explique Thierry Fontaine, c'est que ce sont les restaurants traditionnels qui seront les plus impactés, pas la restauration rapide." Et de poursuivre : "donc non, tout ne va pas bien contrairement à ce que 'avance la CCI".
Cela reste un constat en demi-teinte sur lequel il faut rester prudent. Thierry Gardon, président du tribunal de commerce de Lyon, se dit "inquiet" pour le secteur même si l’on ne "constate rien de significatif pour le moment".
Lire aussi : "Avec +42% de défaillances d'entreprises fin 2022 à Lyon, on retrouve le niveau d'avant-Covid" (Thierry Gardon)
Début 2023, la fermeture des commerces de bouche dans la Halle de l'Hôtel Dieu est symptomatique et percusseuse !
Début 2023, la fermeture des commerces de bouche dans la Halle de l'Hôtel Dieu est symptomatique.