En avance d'un jour sur la mobilisation contre la loi Bachelot, 150 personnes ont empêché, lundi, la tenue du conseil d'administration des Hospices Civiles de Lyon (HCL). A l'appel d'une large intersyndicale (CGT, CFDT, FO, SUD), les hospitaliers se sont invités dans la salle du conseil, à l'Hôtel-Dieu. Le président des HCL, le sénateur-maire (PS) de Lyon Gérard Collomb a échangé avec les représentants syndicaux avant de constater que le conseil d'administration ne pouvait se dérouler normalement et de donner un nouveau rendez-vous aux administrateurs. Mais cette fois-ci en préfecture.
"Cet encadrement policier est bien le symbole que l'hôpital va mal. On n'avait jamais vu ça", explique le docteur Nicole Smolski, vice-présidente du SNPHAR, le principal syndicat des médecins.
Les personnels mobilisés reprochent à Gérard Collomb de voter un budget qui prévoit 200 suppression d'emplois en 2009, dans le cadre d'un plan d'économie de 25 millions d'euros. Pour le maire de Lyon, il est nécessaire de voter ce budget 2009, même s'il est déjà prévu un déficit de 84 millions. Ne pas voter serait, selon lui, pratiquer la "politique du pire" alors que la ministre de la santé a accordé une rallonge de 25 millions d'euros aux hôpitaux lyonnais en échange d'un plan d'économie d'un montant équivalent. "Je ne partage pas la politique du gouvernement, a-t-il expliqué aux personnels. Je me suis élevé contre une dotation en réduction par rapport aux années passées. A partir de là, soit je démissionne de toutes fonctions et je laisse l'hôpital géré par la préfecture, soit je fais avec. C'est ce que j'essaye de faire même si je suis en désaccord avec la loi Bachelot".
Mais pour les syndicats, le meilleur signe à donner de son opposition à la loi serait de refuser le budget.
"En votant le budget, vous anticipez la loi Bachelot", a interpellé le représentant de la CFDT, Jean-François Aillard. "On refuse le bradage de l'hôpital public prévu par cette loi, poursuit son collègue de la CGT, Geoffroy Bertholle. Or vous avez déclaré que vous ne seriez pas le président des suppressions d'emplois".
Forte mobilisation contre l'"hôpital-entreprise"
Le lendemain de ce conseil d'administration avorté, c'était le jour de la mobilisation nationale contre la loi Bachelot. La direction des HCL annonçaient 35% de grévistes parmi les médecins contre la loi Bachelot. Et près de 400 sur plus de 1000 médecins titulaires ont signé une motion demandant le retrait de la loi.
"A Lyon, nous souffrons d'un déficit énorme suite à de nombreux investissements immobiliers (Hôpital Femme Mère Enfants, Hôpital Croix-Rousse,...). Et on nous demande d'éponger ce déficit sur la santé des patients en supprimant des postes, précise le docteur Nicole Smolski, la vice-présidente du SNPHAR. Avec la loi Bachelot, on continue l'étranglement organisé de l'accès au soin, qui a commencé avec la tarification à l'acte".
Ce soir, Au vue de la composition du conseil d'administration, le budget devrait quand même être voté.
Photo : Fle-ur
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