Ce lundi 16 avril, plusieurs services d'urgence se sont réunis à Lyon pour se faire entendre. Habillés en blouse d'infirmiers, ils ont dénoncé leurs conditions de travail ainsi que celles de prise en charge des patients.
Dès 12h30, plus d'une centaine de personnes s'étaient déjà rassemblées place de la Comédie, surveillées par une dizaine de policiers, afin de défendre leurs conditions de travail. Vêtus de blouse d'infirmiers ou de chirurgiens, ils se sont tenus face à l'Hôtel de Ville pendant près d'une heure. "On accueille nos patients dans des conditions misérables, déplore une cinquantenaire infirmière de l'hôpital Édouard Herriot, présente au rassemblement. Je n'ai pas pour habitude de manifester, je fais partie du personnel hospitalier depuis des années. Mais là, je ne pouvais plus continuer comme ça." À quelques mètres de là, deux autres infirmières accrochent sur une camionnette un drap portant comme inscription : "Urgences en colère, pour la qualité des soins : plus de personnel, plus de matériel, plus de moyens".
Des patients installés sur des lits de camps
Une autre infirmière d'une vingtaine d'années, travaillant dans le même service, regrette également de nombreux problèmes : "On a dû aménager un placard pour pouvoir accueillir plus de patients. Actuellement, on utilise trois lits de camp pour les soigner. Ce n'est pas tout, les patients que l'on reçoit n'ont même pas de toilettes à proximité. S'ils veulent s'y rendre, ils doivent traverser plusieurs longs couloirs avant de les atteindre, et on ne trouve pas cela normal." Ainsi, ces services d'urgence réclament davantage de personnel afin de pouvoir prendre en charge les patients plus rapidement et plus efficacement : "Passer huit heures à attendre aux urgences, ce n'est pas acceptable", clame dans un mégaphone une femme en habit de chirurgien. Puis, tour à tour, chaque personne mobilisée a énuméré une revendication avant de simuler son décès en se couchant au milieu de la route. Par curiosité ou par soutien, une trentaine de personnes observaient la scène, tandis que d'autres applaudissaient ou distribuaient des tracts de mobilisation.
Une situation qui dure depuis quatre mois
Ce mouvement avait été lancé par le personnel des urgences de Lyon Sud en janvier dernier et s'est désormais étendu à toutes les urgences des hôpitaux lyonnais. Pourtant, selon une infirmière, tenant son bébé dans les bras, peu d'améliorations ont été constatées : "À Croix-Rousse la situation s'est dégradée depuis bientôt quatre mois. C'est pour ça qu'on organise ce rassemblement, pour tenter de se faire entendre. On veut faire savoir au public ce que nous vivons au quotidien, mais surtout en quoi cela les affecte également. Si demain votre mère faisait un infarctus, vous souhaiteriez qu'il y ait du personnel pour la soigner. Si votre fille faisait des études d'infirmière, vous souhaiteriez qu'elle puisse les réussir sans être rongée par le stress et la pression qu'on nous inflige."
Alerter le gouvernement
"Nous avons déjà référé de ces problèmes à la direction de nos établissements, mais rien n'a été fait. De toute évidence, il y a un réel dysfonctionnement dans le domaine de la santé, au niveau du pays tout entier." Cette fois, c'est donc le gouvernement qui est visé, et en particulier la ministre de la Santé Agnès Buzyn. En se mettant en grève, le personnel hospitalier souhaite alerter et faire réagir. Ils espèrent ainsi obtenir des moyens financiers pour travailler avec davantage de matériel, de personnel, de meilleurs salaires et surtout de meilleures conditions sanitaires.