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A Lyon, un refuge pour les jeunes homosexuels

REPORTAGE - Depuis le 18 janvier 2011, l'association "Le Refuge" offre, à Lyon, une écoute et un hébergement aux jeunes homosexuels rejetés par leurs familles. L'association dit avoir ouvert une antenne lyonnaise pour faire face à la demande croissante des jeunes homosexuels en rupture.

Il s'appelle Alexis, a 20 ans et vient de Basse-Normandie. Depuis deux semaines, il vit à Lyon, dans l'appartement mis à disposition par la toute jeune délégation locale de l'association "Le Refuge". Le jeune homme a été mis à la porte par sa mère. "Elle est au courant de mon homosexualité depuis mes 18 ans mais ne supportait plus de me voir sortir avec mes amis, car pour elle, c'était toujours pour faire des "choses pas catholiques". Elle m'a mis à la porte et je ne suis pas revenu. Je sentais sa réaction venir, la cohabitation devenait de plus en plus insupportable. Les conflits étaient permanents, elle me donnait souvent des claques et des coups de poing, sans raisons valables".

Alexis a été hébergé quelques jours par un ami dans sa région d'origine, avant de contacter la ligne d'urgence de l'association "Le Refuge" qui l'a orienté vers la délégation lyonnaise pour qu'il puisse bénéficier d'un hébergement temporaire. "Au-delà de l'hébergement, les bénévoles m'apportent une vraie aide psychologique, une écoute", affirme le jeune homme. "Ils m'aident également à chercher du travail, à remplir des documents administratifs. Je me sens mieux depuis que je suis arrivé ici, entouré, je peux évacuer, respirer. C'est un peu une nouvelle vie".

Le cas d'Alexis est loin d'être isolé. Aujourd'hui à Lyon, il est fréquent que des jeunes se retrouvent à la rue du jour au lendemain, rejetés par leur famille, qui n'accepte pas leur homosexualité.

Répondre à une demande croissante

Créé en 2003 à Montpellier, Le Refuge vient en aide aux mineurs ou aux jeunes majeurs victimes d'homophobie de la part de leur entourage familial. L'association leur propose un accompagnement d'un mois reconductible liant écoute, soutien social, psychologique et aide à l'insertion. Mais la vraie particularité de l'association, c'est l'hébergement d'urgence temporaire mis à disposition lorsque le jeune se retrouve en situation d'errance. 22 places d'hébergement sont ainsi disponibles sur le territoire national, réparties entre Montpellier, Paris, Marseille et depuis le 18 janvier, Lyon.

Fruit d'un groupe de travail né en avril 2010, créé pour relayer l'action du Refuge à Lyon et en Rhône-Alpes, la délégation lyonnaise recense 27 bénévoles, de tous âges. "Nous connaissions tous l'action du Refuge d'une manière ou d'une autre et nous savions aussi que l'association n'arrivait pas à satisfaire la demande des jeunes", explique Fabien Markowicz, le président de la délégation. "A l'heure actuelle, il y a à peu près 300 demandes reçues par an, mais seulement 10% peuvent être satisfaites. Il fallait absolument relayer cette action en Rhône-Alpes", poursuit le jeune président.

Pour l'heure, un seul appartement-relai accueille des jeunes à Lyon, mais la délégation espère pouvoir proposer huit places d'ici fin 2011. L'association est conventionnée avec la Direction départementale de la cohésion sociale (DDSC) qui lui verse une Allocation de Logement Temporaire, ce qui permet de couvrir le loyer et les charges de ce "refuge". Une aide conditionnée à l'occupation du logement par un jeune en détresse.

Un accompagnement psychologique et humain

Les profils des jeunes accueillis au Refuge à Lyon sont très variés car "le phénomène de rejet dû à l'homosexualité touche tous les milieux socio-professionnels", explique Fabien Markowicz. Leurs histoires le sont également. Ainsi, des collégiens et lycéens contactent l'association parce qu'ils s'interrogent sur leur orientation sexuelle ou souffrent d'homophobie dans leur environnement quotidien. Les jeunes majeurs, eux, présentent plutôt des problématiques de rejet familial. Et là encore, les cas sont multiples.
Certains doivent faire face à des réactions violentes de la part de leur entourage à la suite de leur coming-out. D'autres subissent des situations de pourrissement : l'enfant n'est pas rejeté suite à la découverte de son homosexualité par sa famille, mais les relations se dégradent progressivement jusqu'à un seuil intolérable, ce qui le pousse à partir. "Bien souvent, les familles ne savent pas comment se comporter par rapport à l'homosexualité de leur enfant. C'est souvent à partir de cela que la situation s'envenime et qu'il se retrouve forcé de quitter le foyer", précise Fabien Markowicz. "Dans d'autres situations, il est nécessaire de prendre des mesures d'éloignement car certaines menaces peuvent être très sérieuses. Des menaces de mort, par exemple".

Ecoute déculpabilisante, soutien psychologique, logement, mais pas seulement. Durant la période de suivi, les bénévoles tentent aussi une médiation familiale, afin de replacer le jeune sans hébergement dans son environnement familial. Quand cette tentative de dialogue échoue, la rupture est totale. La reconstruction du jeune devient alors fondamentale. "Quand ils arrivent, ils sont en situation de précarité avérée. Ils n'ont ni logement ni revenus. Généralement, la rupture familiale a entrainé une rupture générale", explique le président de l'antenne lyonnaise. "Nous évaluons leur situation dès leur arrivée puis nous étudions les possibilités de reprendre une formation ou de chercher un emploi qui leur permette, à terme, de s'autofinancer. Nous les accompagnons dans ces démarches là".

Pour contacter l'association : lyon@le-refuge.org ou 06-31-59-69-50

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