A quoi va ressembler le Campus du numérique à Lyon Charbonnières ?

Il l'avait promis, Laurent Wauquiez vient de présenter le projet du Campus Région du numérique à Charbonnières-les-Bains. Construit par Bouygues, ce Campus ouvrira dès 2020 sur le site de l'ancien hôtel de région.

"Promesse tenue !", les mots s'affichent sur l'écran à l'intérieur de l'ancien hôtel de région à Charbonnières-les-Bains, juste avant que les visuels du futur Campus du numérique soient dévoilés. Sur scène Laurent Wauquiez sourit, ce campus dédié aux formations dans le métier du numérique, mais aussi à la recherche et au prototypage, était l'une de ses promesses de campagne. L'enjeu est de taille, entre 6 000 et 7 000 postes sont à pourvoir dans la filière sur la région. La transformation numérique pourrait également frapper de plein fouet certaines entreprises qui n'y sont pas encore préparées. Enfin ce campus est aussi le "vaisseau amiral", qui devra tirer d'autres pôles de formation en Auvergne-Rhône-Alpes, s'inscrivant dans un écosystème dont la finalité reste l'emploi. Beaucoup ne croyaient pas à sa réalisation, n'y voyant qu'un effet d'annonce. Certains étaient sceptiques à cause de l'emplacement à 10 km du centre-ville de Lyon. Devant le bâtiment, des rangées de voitures rappellent qu'un autre chantier couve, celui de la desserte en transport en commun. La salle qui autrefois faisait partie de l'hôtel de région avant son déménagement à Confluence est bondée. Au milieu des officiels et entreprises, on retrouve les étudiants du 101, l'école de code du campus numérique, actuellement à Confluence (et qui devrait rejoindre le campus à Charbonnières). Des élèves de terminal S du lycée de Charbonnières ont également été invités. Exceptionnellement, ils n'ont pas cours pour venir assister à la présentation.

Un beau projet architectural pour améliorer l'existant

Les images apparaissent, le projet est beau, imaginé par l'architecte Jean-Michel Wilmotte. Comme nous l'annoncions début septembre, c'est Bouygues qui s'occupera de la construction ou plutôt de la reconversion de l'existant (lire ici). Le projet s'étale sur 10 000 m², entièrement modulables. Lors de sa campagne, Laurent Wauquiez avait évoqué un budget de 10 millions d'euros, après négociation, l'offre de Bouygues s'est établie à 27 960 000 euros. L'enveloppe totale de l'opération sera de 60 millions, dont 30 pour le soutien des projets.

Au cœur du campus, on retrouve l'Agora, un grand cube vitré qui devra assurer la liaison avec les autres bâtiments, et accueillera également la cafétéria, espace de coworking et les "locaux de rencontres connectées en réseau".

La Canopée digitale, est surmontée de panneaux solaires photovoltaïques et abritera un parc de stationnement de 200 places de vélos et points de charge pour voitures électriques. L'intérieur modulable accueillera salles de cours, espace de travail ouvert, plateaux de co-working, mais aussi un FabLab pour permettre le prototypage et l'expérimentation.

Enfin, l'Amphitryon se compose de deux grands plateaux modulaires qui pourront évoluer en fonction des usages. Les travaux débuteront début 2019. Bouygues immobilier promet une livraison durant l'été 2020, pour au moins 1 000 étudiants. Laurent Wauquiez prévient : "Il y aura des pénalités massives s'ils n'atteignent pas leurs objectifs". Sur le papier, c'est donc un beau campus à l'américaine, éloigné du centre-ville. Laurent Wauquiez cite les exemples de Facebook et LinkedIn, mais les usages de la voiture et des transports en commun ne sont pas comparables entre la France et les États-Unis où le prix du carburant est moins cher d'un euro. La culture automobile règne toujours même à San Francisco à 60 km de la Silicon Valley. À Charbonnières, en matière de desserte, il y a encore des efforts à faire.

Des questions d'usages encore en suspens

Ces questions d'usages ont été au cœur de la présentation de ce lundi. En voiture, il faut 20 minutes depuis le centre-ville de Lyon, sans bouchon, à vélo, une quarantaine de minutes, en transport en commun, une heure. Entre la gare Saint-Paul et celle de Charbonnières, il suffit de 16 minutes de train, mais ensuite une vingtaine de minutes de marche, petit dénivelé compris. Laurent Wauquiez promet un travail sur les transports en commun. Durant l'ensemble de la présentation du projet, il n'a cessé de louer l'importance de la métropole. Les usages pour le lieu lissent les ruptures politiques, Wauquiez n'a pas le choix, David Kimelfeld doit faire voter une modification du PLU pour que les travaux débutent, le Sytral peut lui faciliter la tâche sur la question de la desserte. Interrogée sur cette problématique, l'autorité régulatrice en matière de transport en commun rappelle "c'est la région qui pilote ce projet, une première réunion a eu lieu en septembre. On a formulé nos besoins pour étudier un éventuel renfort de desserte. On attend le retour de la région désormais, ce qui n'est pas anormal, nous avons encore le temps".

Deux autres questions sur l'ampleur des ambitions de la région demeurent : les formations parviendront-elles à évoluer suffisamment rapidement dans un monde qui ne freinent jamais et où pour réellement s'imposer il faut savoir jouer le coup d'après et non celui d'aujourd'hui, et surtout quelle place pour les femmes dans ce campus ? Ce lundi matin, la vice-présidente en charge du numérique Juliette Jarry s'est adressée à une assemblée à 95 % masculine insistant sur l'importance des femmes dans le monde du numérique. Une volonté de changer les esprits et les habitudes, un chantier peut-être encore plus colossal que celui d'assurer une desserte forte en transport en commun pour Charbonnières-les-Bains.

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