Présente à Vaulx-en-Velin ce jeudi 9 janvier, la ministre de la Ville Juliette Méadel a tenté de faire le bilan de l'entretien des logements sociaux, aux côtés des habitants et bailleurs.
"Depuis que je suis ministre, j'entends parler d'ascenseur en panne, de problèmes de propreté, d'habitants qui restent sans réponse..." Ministre déléguée à la Ville depuis deux semaines, Juliette Méadel n'aura pas perdu de temps pour fixer ses priorités. L'une d'entre-elles : l'état des logements sociaux dans les quartiers politiques de la Ville (QPV). Pour s'imprégner de la réalité du terrain, la nouvelle ministre était présente à Vaulx-en-Velin, dans la métropole de Lyon, jeudi 9 janvier, où l'édile socialiste Hélène Geoffroy l'a accueillie, au sein du quartier Ecoin-Thibaude, en présence de bailleurs sociaux et d'habitants.
"Je suis contente de venir vous voir", lâchera subtilement Juliette Méadel, après la présentation un à un des bailleurs sociaux présents (Lyon Métropole Habitat, Alliade, GrandLyon Habitat...). Toujours est-il que cette visite ministérielle était surtout l'occasion de s'assurer que l'aide de 315 millions d'euros attribuée aux bailleurs sociaux pour l'entretien des logements soit justifiée. Le tout aux côtés de Renaud Payre, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l'Habitat, et de Vanina Nicoli, préfète secrétaire générale de la préfecture du Rhône.
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À l'écoute des doléances des habitants
Dans le quartier Ecoin-Thibaude à Vaulx-en-Velin, où les logements sociaux prédominent, plusieurs travaux de rénovation urbaine sont engagés. C'est le cas, par exemple, de façades d'immeubles rénovées par le bailleur Alliade Habitat depuis 2021. Mais l'aspect extérieur de plusieurs bâtiments cache-t-il un abandon des parties communes et de l'intérieur des logements ?
Quelques mètres plus loin, en effet, un habitant, vivant depuis 32 ans dans le quartier, interpelle la membre du gouvernement. "Des habitants ont des fuites d'eau. Pour avoir un technicien sur les lieux, c'est tout un problème, s'agace-t-il. Combien de temps il faut attendre ? Une semaine à dix jours. Un père de famille lave sa vaisselle dans les toilettes. Il a fini par faire ses travaux lui-même, personne n'est intervenu".
Plus loin, lors d'un temps dédié à l'échange avec les représentants des Comités de locataires, là aussi, la parole des habitants se libère. Sous les yeux des bailleurs sociaux. "Certaines résidences n'ont pas d'ascenseur, d'autres sont mal entretenues. Et quand les locataires ou associations font appel aux bailleurs, ils ne répondent pas", déplore Benedetto Sangrigoli, président de la Confédération générale du logement du Rhône. "On est toujours obligés de se battre pour se faire entendre", lâche un autre représentant de locataires.
"La seule chose que je demande, déjà, c'est de mettre en place un système qui répond"
Juliette Méadel, ministre déléguée à la Ville
Cette ignorance des responsables face aux doléances de leurs locataires restera sans réponse, ce jeudi. Mais la ministre l'assure, cela fait partie de ses priorités : "J'ai conscience que c'est compliqué. Même dans le parc privé, ça l'est. Mais la seule chose que je demande, déjà, c'est de mettre en place un système qui répond". Elle porte trois autres prérogatives : les moyens à disposition pour réhabiliter l'intérieur des logements, réduire le délai d'intervention des entreprises sous-traitées et répondre à l'augmentation des charges.
"Au-delà du prix des loyers, ce sont les charges qui sont très dynamiques. Notamment sur la question de l'énergie", convient Vincent Cristia, directeur général de Lyon Métropole Habitat. Et poursuit : "Concernant les réhabilitations, avant on était aux alentours de 35 000 euros par logement. Aujourd'hui, on est parfois à 70 ou 80 000 euros."
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"Il faut une impulsion nationale"
Un constat partagé par Hélène Geoffroy, pour qui le triptyque collectivités-bailleurs sociaux-habitants "a besoin d'aide de l'État. Il faut une impulsion nationale. Là, on est dans une forme d'impasse". De son côté, la ministre explique vouloir construire sa feuille de route pour ajuster ou non l'argent public dédié à l'entretien des logements sociaux.
Si elle ne reste pas muette devant les réclamations portées par les bailleurs - "l'État doit les aider, on n'est pas là pour leur mettre la tête sous l'eau" -, elle maintient surtout la pression sur l'efficacité de leurs actions dans les quartiers politiques de la ville auprès des habitants. "À la fin de mon mandat, je souhaite ne plus entendre ces témoignages de détresse", conclut-elle. La tâche n'est pas aisée et la situation financière du pays ne présage rien de bon.
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