Au collège Paul Éluard à Vénissieux, Jean-Marc Segoun, assistant d'éducation a créé ''le club des ambassadeurs de la paix''. Des collégiens de onze à seize ans sont ainsi devenus médiateurs auprès de leurs camarades. Aujourd'hui, le club recevait Bruno Wegelin, fondateur de Lyon Médiation pour un échange autour de ce thème.
C'est au lycée Paul Éluard à Vénissieux que quatorze élèves ''médiateurs'' se sont retrouvés à 12:30 pour rencontrer Bruno Wegelin président du collectif de médiateurs national TiersMedia et fondateur de Lyon Médiation. Cette heure d'échange est une idée de Jean-Marc Segoun à l'origine du projet des ambassadeurs de la paix. D'après lui, la médiation permet à ces collégiens d'être ''formés à la citoyenneté et aux valeurs républicaines''. Une rencontre offrant ainsi à ces élèves la possibilité de mieux comprendre la profession de médiateur où Bruno Wegelin a pu répondre aux interrogations de ces jeunes.
Un projet pour faire cesser la violence au sein du collège
Jean-Marc Segoun voulait avant tout un projet pour condamner les violences scolaires, ''J'ai débuté cette année au collège Paul Éluard. Je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup trop de violences verbales et physiques entre élèves et parfois avec des professeurs'', explique l'assistant d'éducation. Ce projet est donc né du constat qu'il fallait trouver un moyen de freiner ces agressivités au sein de l'établissement. Une idée auquel ont adhéré les élèves ‘’ils étaient une trentaine au début, et maintenant il reste vraiment les plus motivés’' soit une vingtaine précise le créateur du club. Ce projet semble réussir puisque les collégiens ambassadeurs de la paix ont su faire usage de leur responsabilité, et arrêter plusieurs altercations "les jeunes en conflit respectent les médiateurs’’, conclu Jean-Marc Segoun. D'après Bruno Wegelin, venu intervenir auprès des collégiens, cette initiative permet de former ''les adultes de demain''. Betty, 14 ans, fait partie de ces jeunes médiateurs. Selon elle, les ''ambassadeurs de la paix'' réussissent à calmer les conflits à l'école deux fois sur trois. Au sein du club, les collégiens sont divisés en deux groupes : Mandela et Malcolm X, ''C'est eux qui ont choisi le nom'', ajoute Jean-Marc Segoun.
Une démarche innovante pour ''une société plus humaine’'
Pour Bruno Wegelin venu échanger avec ces collégiens, la démarche est séduisante ''J'ai trouvé l'idée géniale. C'est innovant et humain. Ces jeunes sont l'avenir !'' D'après ce dernier, son intervention ne bousculera pas tout de suite les mentalités mais ''c'est toujours une petite graine de planter (…) si on veut une société plus humaine ça commence par l'école''. Face aux collégiens, il rappelle le rôle d'un médiateur, ''c'est un professionnel du relationnel'', ayant pour objectif de ''décrypter la relation et de résoudre le conflit''. Les élèves doivent à leur tour donner leur définition de cette profession, "c’est une personne qui aide’' pour certains, ''celui qui fait la paix'' pour d'autres et qui incarnerait même ''la liberté''. Suite à ces réponses, Bruno Wegelin évoque les clés d'une bonne médiation passant notamment par la neutralité et l’impartialité. Il précise également que les mots doivent être maitrisés et utilisés à bon escient par le médiateur. ''Vous pouvez calmer et apaiser une montagne de muscles avec les mots'', plaisante-t-il. Parmi les collégiens présents, beaucoup sont timides et n'osent pas prendre la parole. Au fond de la classe, un élève demande si les médiateurs sont payés, ce qui fait sourire Bruno Wegelin. Certains collégiens racontent leurs interventions en tant que médiateurs et l'un d'entre eux avoue se sentir ''bien'' après avoir réglé un conflit, un avis partagé par tous.
La médiation, un outil pour la paix
Face aux altercations, il faut savoir agir. Mais faut-il encore comprendre ce qu'est un conflit. D'après le médiateur ''La violence est bien souvent le dernier recours pour se faire entendre''. C'est notamment contre ces excès de colère que les élèves du collège Paul Éluard veulent agir. L'un après l'autre, ils donnent les raisons de leur engagement auprès des ambassadeurs de la paix ''Je ne voulais plus de bagarres'', ''simplement pour qu'il n'y ait pas de violences'', ''je voulais que les gens soient en paix'' répondent certains élèves. Pour l'une des médiatrices en herbe, l'échange est primordial, ''Je trouve que les gens ne connaissent pas la communication !'' Après une heure d'intervention, les élèves ont appris divers aspects de ce métier, beaucoup comme Betty retiennent qu'il faut avant tout ''être neutre''. Elle explique sa vision de la médiation suite à la venue de Bruno Wegelin ''C'est régler des conflits entre des personnes et trouver la meilleure issue possible''. Une définition bien retenue par ces médiateurs en herbe qui en feront peut-être un jour leur métier. En attendant, Jean-Marc Segoun souhaite proposer plus d'activités à ces ''ambassadeurs de la paix''. Ce dernier précise qu'il avait pour objectif d'emmener les élèves assister à un procès, ''malheureusement le plan Vigipirate ne permet pas ces sorties'', termine-t-il.